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Les femmes en Occident traitées comme des marchandises sans réelle liberté (Experte)

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

Par Hiba Morad

Le magazine français controversé Charlie Hebdo a de nouveau fait la une des journaux la semaine dernière après avoir publié des caricatures désobligeantes censées défendre les femmes iraniennes tout en se moquant des mêmes femmes.

Le passé islamophobe du magazine Charlie Hebdo n’est plus à faire, les caricatures n'ont donc rien de surprenant, car elles continuent de promouvoir de manière agressive les stéréotypes contre les musulmans du monde entier.

Les caricatures profondément offensantes ont été publiées au nom de la soi-disant « liberté de parole et d'expression », avec un pur mépris pour les limitations à cette liberté.

Même les défenseurs de la liberté d'expression conviennent que la campagne hideuse de Charlie Hebdo est tout sauf satirique et cherche à diaboliser l'islam et les valeurs humaines.

Zohreh Kharazmi, professeur à l'Université de Téhéran et spécialiste des affaires féminines, estime que les caricatures de Charlie Hebdo font partie d'une « campagne de fausse réalité » visant à attaquer d'autres cultures, en particulier l'islam.

Dans une interview accordée au site Internet Press TV, Kharazmi a déclaré que le magazine français visait à attaquer les valeurs islamiques et à empêcher les non-musulmans de comprendre la religion.

« Le fait est que les médias, la littérature et différents autres genres ont aidé l'Occident à construire une image déformée des autres cultures, en particulier de la culture islamique », a-t-elle déclaré.

Soulignant l'objectivation des femmes en Occident, Zohreh Kharazmi a déclaré que pendant des siècles, les femmes en Grande-Bretagne et dans d'autres pays européens étaient considérées comme « animales », tandis que l'islam et le Prophète Mohammad « appréciaient et reconnaissaient la position exaltée des femmes ».

Charlie Hebdo, comme d'autres publications islamophobes, tente de pousser les récits anti-musulmans et d'empêcher les autres de connaître le statut des femmes dans l'islam.

« Comme Leila Abu-Loghud l'a écrit en 2013 dans son livre “Do Muslim Women Need Saving?”, c’est une fausse idée que l'Occident a presque réussi à déformer les femmes musulmanes et la relation de l'islam avec elles au moyen de ses soi-disant médias », c’est ce qu’a déclaré Kharazmi lors de l’interview avec Press TV.

Selon l’enseignante de l’université, les caricatures de Charlie Hebdo sont une autre manifestation non seulement de l'islamophobie, mais aussi des valeurs humaines du capitalisme occidental et d'une vision du monde qui arrache les droits des femmes et détruit les sociétés.

Les femmes en Occident : un objet de commerce

L'Occident a intégré les femmes au marché capitaliste, a déclaré Zohreh Kharazmi, soulignant la dégradation des droits des femmes dans les pays occidentaux.

« Je ne nierais pas que l'Occident a fait des progrès, par exemple en termes d'égalité dans l'éducation, dans la promotion de la santé, en donnant plus de chances d'emploi et de postes de décision aux femmes », a-t-elle déclaré, ajoutant que cela ne signifie pas nécessairement que tout va bien. 

« Les femmes sont considérées comme faisant partie du marché de travail. Les sociologues américains et européens disent déjà que les femmes sont préparées et formées pour être une chaîne de l'ensemble du marché, femmes et hommes confondus ; juste apprendre à travailler et à consommer », a expliqué le professeur d’université, qualifiant cela de « cercle vicieux » dans lequel « les femmes et les hommes sont piégés ».

Le concept 50-50 entre hommes et femmes, comme elle l'appelle, que les Nations unies tentent de concrétiser ne peut créer un monde idéal pour les femmes.

« Les femmes aimeraient probablement être dans un monde à moitié divisé avec des droits et des opportunités. Mais en fin de compte, je ne sais pas à quel point cette pression et ce fardeau sur les épaules des femmes sont utiles dans la mesure où ils leur imposent certaines normes de manière à ce qu'elles s'engagent au maximum dans le marché de travail et les activités économiques », a-t-elle souligné.

Un tel « style de vie 50-50 » où les femmes doivent préparer de la nourriture [à la maison] et assumer des responsabilités économiques et travailler à l'extérieur de la maison représente « une hyper-pression pour les femmes, les poussant à rivaliser dans cette vie basée sur le marché ».

« Leurs émotions féminines, la nature qu'elles ont, leurs sentiments et leur affection maternels, de nombreux sentiments et besoins liés à l'instinct sont sacrifiés pour avoir simplement une expérience de vie semblable à celle d'un homme », précise Kharazmi, ajoutant que toute l’existence et la nature féminine sont oubliées pendant ce temps.

Environnement précaire pour les femmes en Occident

L'experte en affaires féminines a également souligné les différentes formes de violence verbale et physique subies par les femmes dans les pays occidentaux.

« Ils parlent toujours de la nécessité de sécuriser l’environnement de travail des femmes. Vous voyez beaucoup de viols, beaucoup d'abus et en fait différents cas de violences contre les femmes dans leur environnement de travail », a indiqué Kharazmi.

« Même à l'intérieur de leur famille, elles ne sont pas aussi fortes qu'elles essaient de le montrer. Par exemple, quand on parle des États-Unis, on voit que 10 % des femmes enceintes sont référées à l'hôpital non pas pour accoucher, mais parce qu'elles sont maltraitées physiquement et sont abandonnées et n'ont pas d'autre endroit où aller que l'hôpital ».

Elle a souligné l'importance de comprendre que cet « individualisme » en Occident est bouleversant pour les femmes et les isole d'une manière qu'elles continuent à penser à se promouvoir, à rivaliser avec les hommes et à devenir des gestionnaires, des leaders, des présidentes et des dirigeantes politiques.

« Mais c'est un fait que leurs attentes en tant que femmes dans une vie confortable qui leur permet de réfléchir plus profondément, d'élever correctement leurs enfants ne sont pas satisfaites. Elles font partie d'une vie industrielle et capitaliste mécanique », a poursuivi l’experte des affaires des femmes.

Même quand on parle de la place de la femme, par exemple dans le cinéma occidental, selon Kharazmi, on voit bien que la femme est devenue une marchandise.

« Par exemple, c'est toujours que les femmes au cinéma sont filmées avec la caméra concentrée sur la femme et l'homme qui la regarde. Une image qui ne correspond pas à la réalité, on dirait toujours qu'elle est une marchandise muette pour le plaisir des autres, en particulier des hommes, et c'est quelque chose que les sociologues occidentaux ont dit ».

Les valeurs occidentales corrompent les sociétés humaines

Dans la plupart des sociétés, la famille est considérée comme une institution qui ouvre la voie à la paix et à la sérénité. Cependant, les familles occidentales continuent d'être menacées par l'évolution des valeurs et des normes sociales.

« La famille est une institution qui a été brisée en Occident. L'Occident ne peut pas nier que la famille a subi de graves dommages. Par exemple, regardez le concept d'homosexualité alors que l'Occident pousse le monde à aller au-delà de la nature des êtres humains en tant qu'aspect bisexuel », a noté le professeur.

En termes d'homosexualité, par exemple, elle a déclaré que les États-Unis et de nombreux pays européens promeuvent des lois pour faciliter l'adoption d'enfants par des familles homosexuelles.

« Il est très cruel que vous mettiez des enfants innocents dans ce dilemme de vivre avec deux hommes ou deux femmes moralement corrompus et dont beaucoup ont de graves problèmes psychologiques, mais cela est naturalisé par l'Occident pour indiquer qu'une telle famille est un normal », a-t-elle noté.

Un autre exemple de familles brisées et de valeurs sociales dégradantes en Occident, en particulier aux États-Unis, est le taux élevé de divorce et les familles monoparentales où la femme est responsable du ménage avec peu de soutien. 

« La naturalisation des familles monoparentales est un autre exemple de corruption de la société humaine », a-t-elle expliqué.

Une invasion séculaire

L'Occident, avec les États-Unis en tête de liste, promeut ces valeurs corrompues par le biais d'ONG, de commissions et autres depuis des siècles, a déclaré l’enseignante à l’université de Téhéran.

« C'est une tradition très orientaliste datant des siècles, peut-être un septième siècle, que l'Occident envahit d'autres cultures et attaque les valeurs culturelles des autres tels que les musulmans ou les cultures orientales comme celles qui oppriment et répriment les femmes », a-t-elle affirmé.

« En décrivant cette maltraitance des femmes, ils tentent de suggérer que les sociétés orientales sont primitives, arriérées et sous-développées, tandis que l'Occident est civilisé et développé et sauve les autres, en particulier les femmes musulmanes. »

Cependant, il semble qu'ils aient été les plus touchés par ces idées culturellement dévastatrices, s'est-elle empressée d'ajouter.

« Les différents types de violences faites aux femmes, la traiter comme une marchandise commerciale, la détérioration des valeurs familiales et sociales, le concept du 50-50 qui alourdit la charge des femmes qui ont déjà beaucoup à faire, nous poussent à penser que l'Occident est dans une position où il devrait reconsidérer ses normes de genre », a conclu Kharazmi.

 

Hiba Morad est une universitaire et analyste politique basée à Téhéran, qui poursuit actuellement un doctorat en linguistique à l'Université de Téhéran.

(Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l'auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV.)

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SOURCE: FRENCH PRESS TV