Par Syed Zafar Mehdi
En 1960, un magazine satirique français controversé « Hara-Kiri » est lancé par Georges Bernier et François Cavanna, sous-titré « journal bête et méchant ». Ce n'était clairement pas une hyperbole.
Le magazine mensuel, qui s'appuyait sur une satire insensée, était si incroyablement extravagant qu'il a été interdit par le gouvernement français en 1970.
Pour contourner l'interdiction, le magazine a ensuite été reconditionné et relancé sous le nom d'hebdomadaire radical Charlie Hebdo, conservant la méchanceté et l'impudence de son prédécesseur mal connu.
Alors que Hara-Kiri était plutôt ouvert et sans vergogne sur le grotesque et le mal, conformément aux normes françaises par excellence, Charlie Hebdo prétendait être un magazine de satire en roue libre. Et de nombreuses élites pseudo-libérales en Occident sont tombées dans le piège.
Au fil des ans, l'hebdomadaire est resté dans l'actualité pour toutes les mauvaises raisons, principalement en raison de ses attaques sans merci contre l'islam et les valeurs sacrés islamiques au nom de la liberté d'expression.
La semaine dernière, la publication notoire basée à Paris était de nouveau à l'œuvre – publiant une série de caricatures désagréables représentant la principale personnalité religieuse et politique de la République islamique d'Iran, que les autorités iraniennes ont à juste titre dénoncée comme « insultante » et « inculte ».
En réponse, l'Iran a annoncé la décision de revoir les activités culturelles de la France dans le pays et de fermer un institut de recherche français dans un premier temps. Il n'y a aucune possibilité de coopération culturelle avec un pays qui fait preuve d'un mépris total pour les autres cultures, les autres religions et les autres croyances.
Cependant, ce n'est pas la première fois que Charlie Hebdo a recours à un tel aventurisme téméraire, violant la proverbiale ligne rouge de la décence et de la civilité et se moquant de la liberté d'expression et des valeurs sacrées humaines.
Le magazine qui se nourrit de haine et d'hostilité s'est fait connaître après avoir publié en 2006 des caricatures sacrilèges du Prophète Maohammad, initialement publiées dans un journal danois, Jyllands-Posten.
Si cela ne suffisait pas, il a republié les caricatures en 2020, cinq ans après qu'une violente attaque contre le bureau du magazine a fait 12 morts. Assez audacieusement, les autorités françaises, dont le président Emmanuel Macron, ont défendu cet acte sacrilège qui a blessé les sentiments de millions de musulmans à travers le monde.
L'absence d'action contre Jyllands-Posten et Charlie Hebdo était en violation totale de la Convention européenne, du Code pénal danois et de la loi française de 1881 sur la liberté de la presse, qui a mis à nu la duplicité des autorités françaises en matière de liberté d'expression.
Ces transgressions répétées du magazine controversé et l'inaction délibérée des autorités françaises soulèvent des questions pertinentes : la liberté d'expression et la liberté des médias sont-elles des valeurs absolues ? Devrait-il y avoir des restrictions sur eux par la loi ? Les dessins animés de Charlie Hebdo défendent-ils la liberté d'expression ou en abusent-ils ?
Même les défenseurs les plus virulents de la liberté d'expression s'accordent à dire que le droit à la liberté d'expression n'est pas absolu mais comporte certaines limites, en particulier lorsqu'il tend à inciter à la haine, à offenser les déclarations religieuses ou à se moquer de tragédies humaines monumentales.
Charlie Hebdo a ridiculisé le tout-petit syrien Aylan Kurdi lorsqu'il s'est tragiquement noyé dans la mer Méditerranée en septembre 2015 alors qu'il fuyait la guerre dévastatrice que la France avait contribué à créer.
« Promo ! Deux repas pour le prix d'un », lit-on dans la légende, ajoutant que « les chrétiens marchent sur l'eau tandis que les musulmans coulent ».
Le magazine a également fait du tremblement de terre catastrophique de 2016 en Italie un sujet de sa satire grossière et dégradée, décrivant plus de 230 victimes du séisme de magnitude 6,2 comme des « lasagnes ». « Les Italiens... ce n'est pas Charlie Hebdo qui a construit vos maisons, c'est la mafia », lit-on dans la légende.
Il s'est même moqué de l'accident d'avion russe en Égypte en novembre 2016, qui a tué 224 personnes, principalement des touristes russes. « ISIS: L'armée de l'air russe intensifie ses bombardements", lit-on dans la légende. « J'aurais dû prendre Air Cocaïne ». Le Kremlin l'a dénoncé comme un « sacrilège ».
Ce ne sont là que quelques exemples de la façon dont Charlie Hebdo, sous le patronage hideux des autorités françaises, a abusé de la liberté d'expression avec des œuvres vulgaires pour attaquer, vilipender, ridiculiser et provoquer les autres.
Il a brouillé la frontière entre la liberté d'expression et le discours de haine, ciblant les faibles et les vulnérables à travers le monde, les musulmans étant les cibles préférées.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, dans un tweet la semaine dernière, a déclaré que Paris avait choisi « la mauvaise voie » en autorisant la publication de caricatures désobligeantes du Leader de la Révolution islamique, et a mis en garde les responsables français contre le fait d'aller « au-delà de toutes les limites ».
« L'acte injurieux et indécent d'une publication française en publiant des caricatures contre l'autorité religieuse et politique n'ira pas sans une réponse décisive et efficace », a souligné le chef de la diplomatie iranienne.
Il est temps que les autorités françaises se ressaisissent et comprennent la différence fondamentale entre la liberté d'expression et le discours de haine et cessent d'alimenter le feu déjà déchaîné de l'islamophobie et du fascisme anti-musulman en Occident.
Syed Zafar Mehdi est un journaliste, commentateur politique et auteur basé à Téhéran. Il a réalisé des reportages pendant plus de 12 ans sur l'Inde, l'Afghanistan, le Pakistan, le Cachemire et le Moyen-Orient pour des publications de premier plan dans le monde entier.
(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV.)