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Zoom Afrique du 3 janvier 2023

Les titres de la rédaction 

  • L’Afrique du Sud à la tête de la présidence tournante des BRICS
  • Le Mozambique entre au Conseil de sécurité de l’ONU

  •  Le Sénégal finance avec succès sa transition énergétique

  • Côte d’Ivoire : suspension de trois directeurs de la télévision nationale après un incident

Les analyses de la rédaction

1. Burkina Faso : la France prise de court  

Depuis le coup d’État du 30 septembre dernier, les relations diplomatiques entre le Burkina Faso et la France, déjà affectées par la montée d’un sentiment anticolonialiste dans tout le Sahel, ne cessent de se détériorer, et en étaient la preuve plusieurs « incidents » qui ont émaillé les relations diplomatiques réciproques.

Début octobre, les emprises diplomatiques françaises avaient même été prises pour cible par des manifestants, ce qui a poussé la France à les fermer. Le 3 décembre, le gouvernement burkinabè a décidé, la suspension immédiate jusqu’à nouvel ordre, de la diffusion des programmes de Radio France Internationale (RFI) sur toute l’étendue du territoire national à cause « des manquements » constatés dans le travail du média français, selon un communiqué officiel.

Dans la nuit du 17 au 18 décembre 2022, deux espions français ont été interpellés pour activités d’espionnage, et expulsés du territoire burkinabè, a annoncé mercredi soir, l’Agence d’information du Burkina (AIB) citant des sources bien informées. Mais cette série noire pour la France vient de culminer avec une information qui est tombée cette nuit et que les médias français tentent de faire passer au second plan même si elle a parfaitement l’air d’une préannonce non seulement du retrait des forces Sabre, qui ne font rien si ce n’est ce que Barkhane faisait au Mali à savoir appuyer en sous-main les terroristes pour qu’ils déstabilisent davantage le pays, mais encore d’une rupture des liens diplomatiques de part et d’autre.

Signe de cette perspective à venir, des volontaires pour la défense de la patrie (VDP) ont mené, ce dimanche 1er janvier 2023, une opération contre des bases de groupes terroristes dans la région du Sahel (nord), une offensive qui a visé les sanctuaires terroristes installés dans les localités de Tambondi, Wantarangou et Nabaningou dans la province du Yagha.

C’est dire que cette tendance à réduire la marge de manœuvre de la France au profit des forces nationales commence à porter ses fruits et d’ores et déjà Sabre a perdu son sens. Même si l’ambassadeur français Luc Hallade dont Ouagadougou réclame le départ, ne veut pas y croire et que cherchant surtout à emboîter le pas à la coordinatrice de l’ONU, il se la joue les maîtres des lieux en ordonnant par missive interposée et sans demander le feu vert de l’État burkinabè aux ressortissants français de se relocaliser comme si le Faso était une colonie sans loi ni intégrité territoriale et que la France en était le maître.

Mais il a eu tort de n’avoir pas pris les avertissements au sérieux. Car le coup de Traoré est un coup de maître : si la France l’accepte cela signifie qu’elle a reconnu la junte et partant le souhait du peuple burkinabè de rompre avec des années de Sabre, si elle refuse, elle en ouvrira par la même occasion la voie à la rupture nette des liens, ce que souhaite du fond du cœur à la fois la « junte » et avec elle tout le peuple burkinabè.

2. RDC : le silence de l’Occident pèse 

Les rapports de l’ONU et surtout les témoignages des Congolais se multiplient. Kigali est mal, mais continue d’être protégé par ses alliés occidentaux. Par contre, le silence hypocrite de l’Occident va vraiment durer encore longtemps ? 

Il est clair qu’en Afrique, l’Occident n’a plus du tout de crédibilité, au point où les manifestations appelant à la rupture des liens avec les Occidentaux se multiplient.  

Concernant la RDC, le silence hypocrite de la Communauté internationale a prouvé aux Congolais et au monde qu’elle est complice des nombreux massacres dans l’est de la RDC. D’ailleurs, ils ont tenté de pointer du doigt un seul massacre commis par les rebelles, alors qu’il y en a tant d’autres. 

Selon les enquêteurs du Bureau conjoint des Nations unies pour les droits de l’Homme et de la mission de l’ONU en RDC, 131 civils ont été tués par le M23 à Kishishe et Bambo. Ce drame a provoqué une salve d’indignations à travers le monde, dont les dirigeants occidentaux en ont profité en pointant du doigt ce massacre.

Mais qu’en est-il des autres ? Car bien avant cet évènement, le groupe d’experts des Nations unies a établi que des tueries collectives ont eu lieu dans les localités de Ruvumu et de Ruseke, respectivement les 21 juin et 1er juillet 2022, dans lesquelles au moins 21 civils, dont des femmes et des enfants, ont été exécutés sommairement ou abattus par le M23 alors qu’ils tentaient de s’échapper.  

« Les survivants ont indiqué que les rebelles portaient des tenues militaires, décrites par certains comme neuves et différentes des uniformes des FARDC, ainsi que des casques et des gilets pare-balles, et que tous étaient armés et parlaient le kinyarwanda. Une personne ayant survécu au massacre de Ruseke a décrit avoir vu le drapeau rwandais sur les épaulettes de certains soldats en uniforme auteurs des tueries », expliquent dans leur rapport des experts des Nations unies. 

Selon ce document examiné par le conseil de sécurité en décembre dernier, les pillages, les vols, les extorsions, les enlèvements, les tortures, les viols et les meurtres ont été fréquents dans le territoire de Rutshuru, en particulier dans les zones occupées par le M23 qui « a souvent exercé des représailles contre des civils déplacés qui se rendaient dans leurs champs situés dans les zones qu’il contrôlait, les accusant de collaboration avec les FARDC ou d’espionnage. Ces civils ont souvent été emprisonnés dans divers camps du M23 et battus, parfois à mort ». 

Plusieurs sources, citées par les experts de l’ONU, ont rapporté que des rebelles habillés avec un uniforme de soldat avaient violé des femmes qui se rendaient à pied dans leurs champs dans des zones contrôlées par le M23.  

« Le M23 a pillé des centres médicaux dans les zones qu’il contrôlait, à la recherche de fournitures médicales. Les éléments rebelles ont aussi systématiquement pillé les récoltes sur pied et les ont transportées dans leurs camps, notamment à Tshanzu. Ils ont forcé des civils, y compris des femmes et des enfants, à travailler dans les champs ou à effectuer des corvées », relatent les experts de l’ONU. 

L’histoire nous montre pourtant que les pays occidentaux, autoproclamés défenseurs des droits de l’homme, se sont sévèrement mobilisés pour beaucoup moins que cela à travers le monde. Alors pourquoi un tel silence concernant le M23 et le Rwanda ? Que se passe-t-il ?  

Tout le monde a bien compris que les ressources naturelles stratégiques de l’est de la RDC intéressent les États occidentaux et qu’une instabilité ou plutôt une guerre, arrangent fortement ces États hypocrites, car ils peuvent non seulement avoir une main sur ces ressources quasi gratuitement, mais surtout, ils peuvent empêcher d’autres puissances comme la Chine ou la Russie d’obtenir des contrats avec Kinshasa. Mais en attendant, ce sont les Congolais qui payent le prix fort au péril de leur vie. 

3. Somalie : les USA motivés à détruire le pays 

Les États-Unis ont décidé de redéployer 500 soldats en Somalie pour, selon le Pentagone, aider le pays à lutter contre le terrorisme. Des justifications qui sonnent pourtant faux, surtout que certains médias ont même essayé de montrer des liens entre le nouveau président somalien Hassan Sheikh Mohamud et Washington. Pourtant, les choses n’ont pas l’air de se passer comme cela. 

Alors que l’ancienne administration américaine sous Donald Trump avait ordonné le retrait des troupes américaines en décembre 2020 après des années de relations tendues avec le pays, alors que les troupes d’occupation américaines n’étaient absolument pas les bienvenues. Joe Biden a récemment ordonné un redéploiement de troupe en Somalie, pays stratégique où les États-Unis peuvent installer leur base militaire et manœuvrer dans le reste de l’Afrique de l’Est. 

La Somalie a intensifié sa lutte contre le groupe terroriste al-Shebab ces derniers mois, fragilisant le groupe et reprenant certaines villes occupées par les terroristes. L’annonce de ce que l’US Africa Command (Africom) décrit comme une « petite présence militaire américaine persistante » vient un peu comme un cheveu dans la soupe.  

En effet, ces derniers temps, l’armée somalienne affiche des avancées remarquables dans sa lutte contre le groupe terroriste al-Shebab. 

L’armée somalienne a repris le contrôle d’une ville stratégique du centre du pays qui était sous l’emprise du mouvement terroriste al-Shebab, rapportent des sources militaires. 

Un officier de l’armée a affirmé que « dimanche, l’armée a pu récupérer la ville stratégique de Mesgway, dans la région de Jaldud au centre du pays, de l’emprise des terroristes ». 

« La reprise de la ville est intervenue après de violents affrontements entre des unités de l’armée et des éléments d’al-Shebab, qui ont duré environ une heure », a-t-il ajouté. 
« Les terroristes se sont retirés de la ville, tandis que l’armée poursuit ses opérations de ratissage à l’intérieur pour tenter de contrôler la sécurité », selon la même source. 

Depuis juillet dernier, l’armée mène des opérations contre le mouvement, et les autorités ont annoncé la restauration du contrôle de nombreuses zones et l’élimination de centaines de terroristes. 

Le gouvernement somalien a également annoncé, vendredi, la mort de dix terroristes du mouvement al-Shebab, lors d’une offensive menée par les forces armées dans le sud du pays. 

Selon la télévision d’État, des unités de l’armée ont mené une opération militaire dans la ville de Haji Moussa, dans la région du Jubbada-Hoose. 

« L’opération menée par l’armée contre un rassemblement d’éléments d’al-Shebab a permis de tuer dix terroristes », a déclaré le commandant des forces spéciales au Jubaland, le général de brigade Ismail Sahardid, sans donner plus de détails. 

Mais ce qui a l’air de déranger Washington, c’est aussi le fait que le gouvernement somalien commence à mettre des bâtons dans ses roues. En 2021, Genel Energy avait signé un accord d’amodiation avec le véhicule d’investissements OSC, basé à Taïwan, dans le cadre de l’exploitation du bloc SL10B13 situé au Somaliland. 

En Somalie, le gouvernement a rejeté, le 28 décembre, les droits pétroliers de Genel Energy au Somaliland, une zone du nord de l’État et dans laquelle la compagnie américaine opère le bloc SL10B13 avec 51 % de parts. 

« Le gouvernement fédéral de Somalie rejette catégoriquement la prétention de Genel Energy à posséder des droits pétroliers dans les régions du nord de la Somalie », indique le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles dans un communiqué publié sur son site. 

La nouvelle est en lien avec le contexte géopolitique tendu de la région de la corne de l’Afrique. En effet, Mogadiscio revendique son droit à exercer son autorité sur le Somaliland. Les autorités somaliennes considèrent donc comme une violation de la souveraineté du pays et en conséquence illégale de ce fait, tout accord conclu avec les dirigeants du territoire. 

Une position confortée par l’absence de reconnaissance internationale du Somaliland. Le gouvernement somalien a indiqué qu’il exercera « toutes les voies légales, dans le cadre de son mandat constitutionnel de protection de l’intégrité territoriale de la Somalie ». 

Une mesure qui ne plaît évidemment pas à Washington qui pourrait attiser les tensions dans le pays, mais également dans la région de la Corne de l’Afrique. D’ailleurs, des troubles commencent à apparaître dans le Somaliland.  

Au moins 20 personnes ont été tuées dans la région du Somaliland lors d’affrontements entre manifestants anti-gouvernementaux et forces de sécurité, selon les sources médicales. 

Depuis plus d’une semaine, la police et l’armée se battent contre les manifestants à Laascaanood (Las Anod), une ville de l’est du Somaliland qui est disputée entre le Somaliland et le Puntland voisin, l’une des régions semi-autonomes de la Somalie. 

La situation a dégénéré dès mardi matin dernier, au lendemain de l’assassinat d’un politicien local nommé Abdifatah Abdallahi « Hadrawi ». Il a été abattu par balles, lundi soir, par des hommes cagoulés. Il était l’un des leaders du « parti de l’unité » opposé à l’indépendance du Somaliland. 

Ancien territoire britannique, situé dans la corne de l’Afrique, le Somaliland a déclaré son indépendance de la Somalie en 1991. Son indépendance autoproclamée n’est pas reconnue par la Somalie et la communauté internationale. Pourtant Washington continue de se comporter comme si le Somaliland était indépendant.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV