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Zoom Afrique du 13 décembre

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Les titres de la rédaction 

  • Burkina Faso : le voyage discret du Premier ministre à Moscou
  • Ouganda : le gouvernement annonce d’importantes réformes dans le secteur de l’énergie

  • Mali : 2 millions de tonnes de riz produites en 2021

  • Cameroun : les recettes d’hydrocarbures ont atteint 614,2 milliards FCFA à fin octobre 2022, en hausse de 91%

Les analyses de la rédaction

1. L’axe Bamako-Ouagadougou fait peur! 

Ce mardi 13 décembre, alors que les États-Unis d’Amérique ouvrent leur sommet US/Afrique de trois jours en présence de 49 chefs d’État et de gouvernement africains pour primo déclarer le « switch-power » sur le continent avec d’anciennes puissances colonialistes que sont la France ou encore la Belgique, secundo pour dicter aux Africains ce qu’ils exigent d’eux en termes «  de sécurité, d’économie, de santé ou de changement climatique »  puisque l’Amérique qui se croit maître du monde, ne fait par principe qu’exiger sans en avoir jamais à rendre des comptes, deux informations-chocs sont tombées sur le télex, l’une plus révélatrices des tendances actuelles que l’autre :

Au Tchad, et après un retard de quelques jours par rapport aux médias tchadiens, RFI a fini par faire état d’une tentative de coup d’État et  partant de l’arrestation d’une dizaine de militaires, dont des officiers d’élite :

 « Depuis trois jours, dit le média, plusieurs soldats, dont des officiers d’un corps d’élite, ont été arrêtés par la Direction générale des renseignements militaires du Tchad. Alors que toutes sortes de rumeurs courent sur les raisons de ces interpellations à Ndjamena, les médias tchadiens évoquent « un complot » ou encore des rumeurs de coups d’État, mais les officiels, eux, gardent le silence. Au total, entre quatre et une dizaine de soldats ont été arrêtés par la Direction générale des renseignements militaires depuis vendredi 9 décembre, selon les sources. Parmi eux, un officier supérieur du rang de colonel, des officiers subalternes, ainsi que des hommes de troupe.

Et RFI d’ajouter : « Les arrestations se poursuivaient jusqu’à dimanche, selon l’une de ces sources. Tous appartiennent jusqu’ici au Pan Sahel Initiative (PSI), un groupement spécial antiterroriste de l’armée tchadienne formé par les Américains. À part les militaires, seulement un civil a été arrêté : Baradine Berdei, un activiste des droits de l’Homme très critique envers le pouvoir et qui a déjà été emprisonné à l’époque d’Idriss Déby père. Des proches assurent qu’il a été arrêté à son domicile à Ndjamena dans la nuit de samedi 10 décembre à dimanche 11 décembre, puis emmené lui aussi aux bureaux de la Direction générale des renseignements militaires, où il est détenu. » (fin de citation)

Voici pour ce qui est de la première information qui loin d’être une surprise, annonce dans les faits de quel bois est fait la politique « africaine » des Yankees, soit du même bois que celle des Français et des Belges hostiles à la moindre tentative d’exercice par les États-nations africains de leur droit à la souveraineté, car si Deby est ciblé par un putsch militaire où sont impliqués vraisemblablement des pions US qui ont infiltré jusqu’à sa garde présidentielle, et ce, alors que la France continue à faire pluie et beau temps à N’Djamena, c’est qu’il a osé se rapprocher en catimini des Russes. D’ailleurs, ce coup de force raté est loin d’être le premier avertissement à son encontre. La tuerie du 20 octobre à Ndjamena montée de toute pièce par les services secrets occidentaux français et américains entre autres, en a été un autre et même si le gouvernement tchadien fait comme si de rien n’était, en envoyant ce mardi, son représentant au sommet Afrique/US, rien ne dit qu’il n’y en aurait pas d’autres coups similaires à l’avenir vu que Mahamad Deby hésite encore à exercer le droit tchadien à la souveraineté et à l’indépendance.  

Mais quelle est la seconde information qui devrait attirer à tout prix l’attention des observateurs ? Autre média colonialiste Jeune Afrique écrit : «  le Premier Ministre du Burkina Faso, Apollinaire Kyélem de Tambela s’était envolé pour la Russie le 7 décembre. Un déplacement à l’abri des regards, source d’interrogations. C’est un vol de l’armée de l’air malienne qui est venu chercher le 1er ministre Apollinaire Kyélem de Tambela à Ouagadougou. La délégation burkinabée, forte de onze personnes, a mis le cap sur Bamako avant de rejoindre la Russie.Très peu d’informations ont filtré sur le déplacement d'Apollinaire Kyélem de Tambela. Pour sa part, Jeune Afrique affirme que le Premier ministre burkinabé devrait entamer des négociations dans l’optique d’acquérir du matériel militaire. D’autres sources stipulent qu’il est fort probable que le chef du gouvernement rencontre des responsables de la société paramilitaire Wagner. » (Fin de citation) 

Mis à part des spéculations propres aux médias mainstream ce qui frappe l’observateur, c’est la crainte que suscite désormais l’Afrique ou disons-le, certains pays africains à l’Occident comme le Mali ou le Burkina. Non pas parce que le Mali ou le Burkina se rapprochent de la Russie, mais parce que ce rapprochement, ils l’assument haut et fort et le revendiquent, et cette autorité ils l’exercent sans que les puissances occidentales n’osent broncher ou puissent lever le petit doigt. Bref, du côté du Sahel il y a une nouvelle ère d’indépendance qui s’ouvre et à cette ère que le capitaine Traoré faisait allusion il y a deux jours lors de son allocution pour l’indépendance. Les États-nations se trouvent à un tournant : soit se soumettre aux diktats USA/OTAN et boucher pour la décennie à venir leur horizon, soit rallier le modèle souverainiste malien et burkinabé. L’Afrique qui fait peur et qui inquiète l’Occident est la deuxième et non pas la première.

2.Afrique-USA: tout un continent pour voir un seul pays! 

Du 13 au 15 décembre prochain, se tient à Washington aux États-Unis, un sommet entre le locataire de la Maison-Blanche, Joe Biden, et des dirigeants africains. Un sommet Afrique-États-Unis qui est loin d’être le premier du genre, mais dont sont nommément exclus quatre pays africains, en l’occurrence le Mali, le Burkina Faso, la Guinée et le Soudan. Ils ont été jugés par l’hôte du sommet comme étant en délicatesse avec les règles de la démocratie et indigne de figurer à la table de « l’Oncle Sam». Une mise à l’écart qui sonne comme une piqûre de rappel des fatwas prononcées à l’encontre de ces pays invités à revoir leur copie, comme, par exemple, l’exclusion de l’AGOA ou encore la suspension de certains programmes américains en direction de ces pays. C’est le cas du Burkina Faso dont le 2e Millenium Challenge a été suspendu en février dernier pour cause de coup d’État. Si l’idée de telles sanctions ciblées est d’exercer une forme de pression sur les pouvoirs militaires de ces pays pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel, leur opportunité est plutôt sujette à caution d’autant plus que, moins que les hommes en treillis qui ont interrompu les processus démocratiques dans ces pays, ceux qui en pâtissent le plus, ce sont les populations pour lesquelles ces programmes ont été initiés. 

Comment peut-on prétendre négocier d’égal à égal quand c’est tout un continent qui va à la rencontre d’un seul pays ? 

Cela dit, l’absence de ces « élèves recalés » ne devrait pas empêcher de nombreux dirigeants africains de répondre à l’invitation de l’hôte américain. Il est même heureux que de tels cadres de renforcement de la coopération multilatérale puissent se multiplier avec des puissances qui marquent de plus en plus d’intérêt pour un partenariat privilégié avec le continent noir, et parmi lesquels se comptent des pays comme la France, la Chine, le Japon, l’Inde, la Turquie, qui n’en sont pas à un sommet près avec l’Afrique. Seulement, les sommets se suivent, mais l’Afrique n’avance pas. Si fait que plus de soixante ans après les indépendances, on en est encore à tendre la sébile pour un développement qui se fait encore attendre. Mais comment peut-on prétendre négocier d’égal à égal quand c’est tout un continent qui va à la rencontre d’un seul pays ? Si ce n’est pas une infantilisation des Africains, cela paraît pour le moins un appel à une fédération pour compter dans le concert des nations. Et le malaise est d’autant plus grand que c’est à peine si les dirigeants africains ne donnent pas l’impression de se bousculer au portillon de telles rencontres comme des sujets de Sa Majesté, pour des retombées en faveur du continent noir, qui peine véritablement à être observables.  Que vont faire alors nos dirigeants à de telles rencontres au sommet ? Que fait vraiment l’Afrique pour tirer des dividendes de ces grandes rencontres internationales ? Autant de questions qui appellent à un changement de paradigme de la part des dirigeants africains qui devraient aussi apprendre à se regarder dans la glace. Il n’y a donc point de pierre à jeter à autrui.  

L’Afrique doit impérativement sortir de la logique de l’aide pour s’inscrire dans une dynamique de partenariat gagnant-gagnant. 

Car, si les dirigeants des grandes puissances prouvent chaque jour un peu plus qu’ils savent agir dans l’intérêt de leurs peuples, pourquoi en irait-il autrement pour les chefs d’État africains ? En tous les cas, il ne fait pas l’ombre d’un doute que c’est moins par philanthropisme que pour les intérêts qu’ils en tirent, que les grandes puissances organisent de tels sommets qui sont loin de se tenir pour les seuls beaux yeux de l’Afrique.  Il appartient donc au continent noir de savoir se hisser à la hauteur de ses partenaires internationaux. Autrement, tant qu’il semblera se complaire dans sa posture d’éternel assisté, il lui sera difficile de sortir du paradoxe du continent riche, mais aux populations pauvres, qui se laisse imposer les règles du jeu dans les relations internationales. En tout état de cause, on ne gagne pas le respect des autres en inspirant la pitié. C’est pourquoi l’Afrique doit impérativement sortir de la logique de l’aide pour s’inscrire dans une dynamique de partenariat gagnant-gagnant. Car, ce continent qui est le berceau de l’humanité, ne manque pas de ressources. Bien au contraire. Et ce n’est pas pour rien qu’elle fait l’objet de tant d’attentions et de convoitises. À elle d’en prendre conscience.

3. Afrique: l’UE marchand de migrants africains ?

Deux ONG, Human Rights Watch et Border Forensics, accusent l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes Frontex de renseigner les garde-côtes libyens lorsque des navires de migrants et de réfugiés sont en détresse en Méditerranée. 

Les garde-côtes libyens sont, chaque jour, sur les dents : ils n’hésitent pas à intercepter des bateaux de migrants qui sont ensuite renvoyés de force en Libye, où ils subissent généralement des abus. Selon les ONG Human Rights Watch et Border Forensics, qui viennent de publier un dossier intitulé « Airborne Complicity : Frontex Aerial Surveillance Enables Abuse » — comprenez : « Complicité dans le ciel : la surveillance aérienne par Frontex facilite les abus » —, l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex) joue un rôle important, grâce à ses avions et un de ses drones, dans les alertes envoyées aux garde-côtes libyens. 

Risques de traitements inhumains ? 

Globalement, c’est l’utilisation de la surveillance aérienne par Frontex qui interpelle les deux ONG. L’agence européenne utilise des appareils dont les flux vidéo sont transmis à un centre de coordination dans son siège de Varsovie. Dès lors, Frontex décide ou non d’alerter sur la situation des embarcations de migrants détectées. Mais qui est alerté ? C’est bien là que le bât blesse. Alors que Frontex affirme haut et fort qu’elle sauve des vies, Human Rights Watch et Border Forensics assurent que ses informations servent en réalité les autorités libyennes. 

« En alertant les autorités libyennes sur des embarcations transportant des migrants, sachant que ces migrants seront renvoyés vers des traitements atroces, et malgré d’autres options, Frontex se rend complice de ces abus », résume tout simplement Judith Sunderland, la directrice adjointe de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch. Et les beaux discours de Frontex resteront « tragiquement vides de sens, tant que cette agence n’utilisera pas la technologie et les informations à sa disposition pour s’assurer que les personnes soient secourues rapidement et puissent débarquer dans des ports sûrs ». 

Une histoire de droite maritime ? 

L’objectif de Frontex est donc d’empêcher les migrants d’atteindre la zone UE plutôt que de sauver des vies. Les ONG s’appuient, pour affirmer cela, sur les statistiques : selon elles, les garde-côtes libyens interceptent davantage d’embarcations lorsque la surveillance de Frontex est plus importante. 

Des accusations graves. Qui pourrait avoir des conséquences pour Frontex et pour l’Europe. Il y a deux semaines, le Centre européen pour les droits constitutionnels et humains (ECCHR) a en effet déposé une plainte devant la Cour pénale internationale (CPI) pour « crimes contre l’humanité » commis contre les migrants et les réfugiés en Libye, par les autorités européennes. 

Human Rights Watch et Border Forensics déplorent « le manque de transparence de Frontex » qui, selon elles, « rend difficile la vérification des faits et entrave la responsabilité » de l’agence européenne. Les ONG accusent cette dernière d’avoir expurgé les documents qu’elles ont pu consulter. Frontex se défend en assurant qu’elle est obligée, en vertu du droit maritime, d’alerter les autorités côtières compétentes en cas de situations de détresse en mer. Mais, concluent les ONG, les droits de l’homme doivent être eux aussi considérés. Et force est de constater que les risques de torture ou de traitements cruels, inhumains et dégradants en Libye auraient dû pousser l’agence à outrepasser le droit maritime. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV