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Zoom Afrique du 6 décembre 2022

Zoom Afrique du 6 décembre 2022

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Les titres de la rédaction 

  • Accord de coopération défensive entre le Nigeria et le Viêtnam 
  • Tchad : l’état d’urgence levé dans les villes de N’Djamena, Moundou, Doba et Koumra
  • Afrique du Sud : l’ANC votera contre une procédure de destitution du président Cyril Ramaphosa
  • Cameroun : près de 219 millions de dollars en 2023 pour la politique d’import-substitution

 

Les analyses de la rédaction

1. Burkina : RFI suspendue !

Encore un pays qui suspend le média de propagande français RFI et toujours pour les mêmes raisons. La radio RFI a été suspendue par les autorités du Burkina Faso qui l’accusent d’avoir diffusé notamment des informations mensongères et susceptibles de déstabiliser le pays. 

Radio France Internationale, plus connue sous le nom de RFI, n’émettra plus au Burkina Faso. Samedi dernier, le pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré a annoncé « la suspension immédiate et jusqu’à nouvel ordre » de la radio. Le Burkina Faso suit le Mali. En mars dernier, le ministre malien de l’Intérieur Abdoulaye Maïga avait en effet annoncé que les suspensions de deux médias français, France 24 et RFI, suite à de « fausses allégations ». Cette fois, ce sont deux interventions qui posent problème. Le gouvernement burkinabè estime que RFI n’avait pas à relayer le « message d’intimidation » d’un « chef terroriste ». Plus précisément, c’est la diffusion d’extraits d’une vidéo d’un des chefs du GSIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans) qui menaçait de s’attaquer à des villages défendus par des Volontaires de la défense de la patrie. La radio, explique le porte-parole du gouvernement, « contribue ainsi à une manœuvre désespérée des groupes terroristes en vue de dissuader les milliers de Burkinabè mobilisés pour la défense de la Patrie ». 

Autre reproche fait à RFI : avoir relayé « une information mensongère, indiquant que le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, assure qu’une tentative de coup d’État a visé son pouvoir ». L’article est toujours en ligne. Cela a déplu au pouvoir qui indique, toujours dans son communiqué, que « le 3 novembre dernier, le gouvernement avait déjà exprimé son indignation face à l’attitude tendancieuse des journalistes de ce média (RFI) et leur propension à jeter un discrédit sur la lutte dans laquelle le peuple burkinabè est engagé pour plus de liberté et de dignité ». De son côté, la direction de RFI « déplore vivement cette décision et s’élève contre les accusations totalement infondées mettant en cause le professionnalisme de ses antennes ». Elle prévoit des recours juridiques pour être à nouveau écoutée par « plus de 40 % de la population et plus de 70 % des leaders d’opinion » du Burkina Faso. Le gouvernement indique tenir « à réaffirmer à l’opinion nationale et internationale son attachement à la liberté de presse et d’opinion » et « au droit du public à l’information ». Il demande cependant le « respect des règles et principes édictés en la matière dans notre pays ». Est-ce pour autant une menace pour la liberté de propagande des pays occidentaux ? Ce n’est pas la première fois que les médias propagandistes comme RFI ou France 24 se voient suspendus sur le continent africain et toujours pour les mêmes raisons, les fausses allégations, porte-voix des groupes terroristes ou des groupes rebelles armés qui prône ouvertement vouloir envahir le pays cible.  La population en Afrique a très bien compris que ce genre de média était un poison et qu’il faut absolument que ces médias soient chassés du continent africain. 

2. Le Mali menacé par la CEDEAO ?

La CEDEAO passerait-elle aux menaces armées maintenant ? Après le coup des sanctions à l’américaine, l’instance régionale ouest-africaine voudrait prendre les armes contre les pays de la région, mais au nom de qui ? Le 62e sommet des chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a refermé ses portes le 4 décembre dernier à Abuja au Nigeria, sur d’importantes décisions. Au nombre de ces conclusions, la création d’« une force d’intervention contre le terrorisme et les changements anticonstitutionnels dans la sous-région ». Mais avant, un huis clos avait réuni les têtes couronnées de l’espace régional, qui ont décidé de lancer un ultimatum au Mali pour la libération, au plus tard le 1er janvier 2023, de la quarantaine de militaires ivoiriens détenus à Bamako depuis quatre mois, sous peine de sanctions. Le moins que l’on puisse dire, c’est que dans le dossier des militaires ivoiriens détenus dans la capitale malienne et qui pourrit l’atmosphère entre Bamako et Abidjan, la CEDEAO marche sur des œufs. Mais en décidant de bander les muscles sur fond de menaces contre Bamako, on se demande si la CEDEAO a adopté la meilleure stratégie. En tout cas, on attend de voir si cela va faire bouger les lignes dans le sens d’un élargissement des détenus que Bamako qualifie de mercenaires à la solde d’une puissance déstabilisatrice. 

La question est d’autant plus fondée qu’au-delà des sanctions économiques qui ont déjà fait l’impopularité de l’institution sous-régionale aux yeux d’une large partie de l’opinion africaine, l’on se demande de quels moyens de coercition dispose la CEDEAO pour obliger Bamako à libérer les soldats ivoiriens dans un dossier qui est pendant devant la Justice malienne, pour autant qu’une telle décision repose sur des fondements juridiques. Ira-t-on jusqu’à envisager une option militaire pour faire plier Bamako ? On attend de voir. Mais dans le même temps, on ne peut s’empêcher de se demander si cette façon, pour la CEDEAO, de vouloir user de la force dans un dossier aussi sensible, ne va pas créer un précédent dangereux surtout si cela devait se faire au préjudice du droit. En attendant d’être davantage édifié sur le sujet, on peut déjà saluer la décision prise de créer une force antiterroriste. On peut même regretter le fait qu’une telle force ait tardé à voir le jour, au moment où le ver terroriste s’est incrusté dans le fruit au point de menacer la stabilité de certains États. Il s’agit maintenant de voir quel contenu y sera mis et si cette force saura tirer leçon des difficultés du G5 Sahel pour mobiliser les fonds nécessaires à l’accomplissement de sa mission. Et cela, de façon à réduire considérablement la voilure des forces du mal et à rétablir la sécurité dans la sous-région.  C’est le véritable défi de l’heure que la CEDEAO devrait s’atteler à relever.  Et c’est aussi à ce prix qu’elle pourra rétablir la confiance entre elle et cette partie de l’opinion aux yeux de laquelle elle passe pour un syndicat de chefs d’État beaucoup plus enclins à défendre leurs propres intérêts ou celui des Occidentaux que ceux de leurs propres peuples. Mais si la création d’une telle force d’intervention contre le terrorisme peut paraître opportune, on ne peut pas en dire de même pour ce qui est de la mise en place d’une force pour lutter contre les coups d’État.  

Car, à moins de changer elle-même de paradigme, on ne voit pas comment la CEDEAO pourrait lutter efficacement contre les coups d’État en continuant de fermer les yeux sur les tripatouillages constitutionnels aux fins de confiscation du pouvoir, qui sont devenus le jeu favori de certains dirigeants. Alors, à quand la force anti-putschs constitutionnels ? La question est d’autant plus fondée que l’on se demande si la création d’une telle force contre les changements anticonstitutionnels dans la sous-région prendra en compte les aspirations des peuples concernés. Car, si le but recherché, pour les chefs d’État de la CEDEAO, est de se protéger des coups d’État, il faudrait qu’ils commencent par faire leur propre autocritique à l’effet de cesser de ruser avec les textes et de bannir à jamais de leurs pratiques, la tentation des troisièmes mandats. Autrement, on ne voit pas ce que pourra la CEDEAO face à des peuples décidés à se débarrasser de leur dictateur qui se plient aux diktats des Occidentaux. C’est dire si moins que par la force des armes, la consolidation de la démocratie sous nos tropiques passe par le respect des textes par les élites dirigeantes. Autant dire que la volonté de mettre sur pied une telle force anti-coups d’État, sonne comme un échec de la CEDEAO. Une CEDEAO qui, de meilleur élève de la démocratie qui ne comptait en son sein que deux petits cancres il n’y a pas longtemps, en l’occurrence le Togo et la Gambie pour ne pas les nommer, se retrouve, en l’espace de quelques années, à compter les régimes d’exception qui le disputent aujourd’hui aux régimes élus. Preuve, si besoin en est, d’un grand recul démocratique dont les raisons sont à rechercher principalement dans le mal gouvernance et la boulimie du pouvoir de certains dirigeants très souvent mal élus. C’est dire si par rapport à cette force anti-coups d’État, la CEDEAO doit revoir sa copie. Et cela, sous peine de voir le fossé de la confiance se creuser davantage entre elle et des populations de son espace géographique bien décidées à jouer leur rôle de vigie et à ne plus se laisser imposer n’importe quel imposteur. 

3.RDC : quand les Sukhoi sortiront des limbes 

Cela commence à bien faire ces appels téléphoniques que donnent les Yankees au Rwandais Kagamé pour lui demander gentiment de « ne pas soutenir les rebelles de M23 » qui tel le « Daech » de 2014 au Moyen-Orient, ne cesse d’être alimenté en armes et en munition par les pays occidentaux qu’on sait être retranchés derrière le Rwanda interposé !

Hier soir, ce fut au tour du secrétaire d’État US Blinken de communiquer via un tweet comment il s’était payé le luxe de se foutre de la gueule des Congolais en demandant lors d’« une conversation téléphonique » à Kagamé de cesser de semer la guerre dans le nord Kivu, alors même qu’à Nairobi, le facilitateur africain Kenyatta, devait tout bonnement mettre un terme précoce aux pourparlers de paix entre RDC/rebelles par manque de logistique, ce qui ne montre que cette autre face de l’hypocrisie occidentale qui fait tout pour donner des Africains l’image de gens éternellement immatures à la fois en temps de paix comme en temps de guerre, des gens toujours dépendants de « gentils et bienveillants Occidentaux ».  Qu’a dit Blinken ? « J’ai eu une conversation productive avec le président rwandais Paul Kagame pour souligner le besoin de paix et de sécurité dans l’est de la RDC. Les États-Unis exhortent le Rwanda à honorer les engagements pris à Luanda, notamment en mettant fin au soutien du Rwanda au M23 ». (Fin de citation)

Mais à quoi renvoie le mot « productive » que le MAE américain place dans son discours ? Très exactement à cet autre rapport publié à peine quelques heures avant cette conversation téléphonique et qui annonçait, sous les yeux indignés des millions de Congolais, « l’aide financière de 20 millions de dollars que l’UE a accordée à l’armée rwandaise alors même qu’elle agresse la RDC ». Évidemment, la nouvelle de l’appui financier qu’accorde l’UE à l’armée rwandaise a révolté les Congolais sans pour autant que Kinshasa le dénonce. Et pourtant c’est dans une pareille situation où la sauvagerie des M23 vient de s’illustrer par un terrifiant massacre à Kishishe près de Goma, massacre où près de 300 Congolais dont des enfants ont perdu la vie qu’il convient que le président Tchisekedi s’exprime et qu’arguant de ces dizaines d’accords de défense que la RDC a déjà signés avec l’Europe, et les États-Unis il se mette à réclamer son dû ! Eh oui, son « dû », car ces accords de défense signés en échange du droit d’exploitation d’infinies richesses minières congolaises et qui contiennent tous et sans exception une « clause sur la sécurité » engage les Occidentaux à apporter un appui militaire direct à la RDC et non pas via la Monusco et autres machin-choses du genre. Mais Tchisekedi se tait ou mieux dire attend son heure. Car à travers ce silence dont abusent les Américains et les Européens pour se moquer de l’État-nation congolais on entend très clairement d’abord les échos de cet appel à la mobilisation générale antiterroriste largement suivi par la population puis les échos de cette hausse sans précédent des dépenses militaires en RDC. En novembre, le parlement de la République démocratique du Congo a examiné puis entériné un projet de loi de finances qui prévoit jusqu’à 1 milliard de dollars pour l’armée en 2023. Le projet prévoit un budget global équivalent à 14,6 milliards de dollars américains, en hausse de 32 % par rapport au budget de l’année en cours évalué à 11 milliards.

« Le gouvernement a alloué 10,4 % du budget global au secteur de la défense et de la sécurité ce qui représente un accroissement de plus de 300 % comparé au budget précédent », avait souligné à l’époque le compte-rendu de la réunion du conseil des ministres tenu le week-end sous la présidence du chef de l’État Félix Tshisekedi. Et pourquoi cette hausse ?

Ce budget devrait permettre « la mise en œuvre de la loi de programmation militaire en vue de la montée en puissance des forces armées ainsi que de la redynamisation de l’industrie militaire ».Mais ce n’est pas tout, car outre la redynamisation de l’armée cette loi devra « déterminer les séquences et le rythme des opérations ou des achats à effectuer pour atteindre les objectifs précis des Forces armées » ou ce qui revient à dire, ce budget prévoit l’acquisition des armes et munitions de guerre, des moyens logistiques, la réhabilitation des infrastructures militaires, la formation et le recrutement. Surtout, une rubrique prévoit le renforcement de l’armée de l’air. À la porte de qui la RDC compte donc frapper ? Ni l’Europe ni les USA, mais la Russie. Fin octobre, l’ambassade de Russie a confirmé la livraison de 7 hélicoptères à l’armée congolaise, mais tout comme Kinshasa, il a préféré la discrétion. C’est qu’il s’agit de prendre de court l’adversaire suivant le principe de surprise dans toute guerre qui se gagne. Aussi le rictus moqueur de Blinken pourrait ne pas trop durer, car on le sait les hélicoptères russes vont toujours de pair avec les Sukhoi. D’ailleurs les Sukhoi congolais, on en a déjà vu une démonstration de force anti-Kagamé. C’était le 7 novembre et l’appareil s’était déployé dans l’est du pays avant de poser brièvement à Rubavu du côté rwandaise de la frontière. Avec des milliers de volontaires et une armée boostée à hauteur d’un milliard de dollars, il ne devrait pas être trop difficile pour la RDC de refaire le coup et de le refaire de façon plus étendue pour par exemple débarquer au Rwanda voisin et aller chercher dans leurs trous, « les vrais tireurs de ficelles des terroristes de M23 ». C’est la première leçon de toute guerre antiterroriste digne de ce nom. Coupez la racine, les tentacules tombent d’eux-même.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV