Par Mohammad-Mahdi Abbasi
Les élections de mi-mandat de 2022 tant attendues aux États-Unis sont enfin arrivées à leur terme, alors que contrairement à toutes les prédictions, les résultats étaient tout sauf un "tsunami rouge".
Les républicains n'avaient cessé de promettre un tsunami rouge ces derniers mois, et les démocrates étaient hantés par ce cauchemar depuis de si longs jours.
Même si les résultats définitifs des élections au Congrès ne sont pas encore connus et que les démocrates ont encore une chance de conserver leur majorité au Sénat, une victoire républicaine dans les deux chambres - même si elle se produit - serait très minime et donc fragile. En effet, les républicains n'ont pas obtenu de résultats satisfaisants même lors des élections du 3 novembre aux postes de gouverneurs, en particulier dans des États compétitifs clés tels que la Pennsylvanie et le Michigan, où ils ont perdu face aux démocrates.
Les élections de 2022, quels qu’en soient les résultats, seront enregistrées dans les annales en tant que l’une des élections de mi-mandat les plus importantes jamais aux États-Unis. Ces élections marqueront un tournant dans de nombreux développements à travers les États-Unis et auront des conséquences importantes pour des personnalités de premier plan et divers courants politiques. Les lignes qui suivent mettent en lumière 7 importants messages qu’on pourrait retirer des récentes élections de mi-mandat américaines.
1- Le premier et principal message de l'élection de 2022 sera la fin de la course politique de l'ancien président américain Donald Trump, qui devait annoncer sa candidature à la présidentielle de 2024 la semaine prochaine, mais qui est désormais dissuadé de le faire par ses proches conseillers, dont Kayleigh McEnany. En effet, de nombreux candidats soutenus par Trump, dont Mehmet Oz, Blake Masters et Don Bolduc, ont perdu dans leurs élections sénatoriales d'État respectives. En outre, le candidat républicain controversé au poste de gouverneur de l'Arizona, Kari Lake, qui a été soutenu par Trump et considéré par beaucoup comme le colistier de Trump pour l'élection de 2024, est maintenant en avance sur le candidat démocrate. Lors des élections à la Chambre des représentants, de nombreux candidats qui ont nié la victoire de Joe Biden en 2020 et qui avaient le soutien de l'ancien président américain ont subi une défaite. L'un des cas les plus marquants est celui de John Gibbs, le candidat républicain du 3e district du Congrès du Michigan, qui a perdu face à son adversaire démocrate Hillary Scholten. Bon nombre d'experts politiques américains affirment que Trump est devenu le plus grand perdant de l'élection de 2022 et qu'il est le principal responsable de la non-matérialisation du tsunami rouge.
2- À mesure que Trump et certains de ses candidats approuvés ont mal performé aux élections, le gouverneur conservateur de Floride, Ron DeSantis, a su y briller. DeSantis a été réélu gouverneur avec une marge d’environ 20%, faisant de la Floride l’un des bastions républicains les plus sérieux pour l’avenir. La victoire a également aidé DeSantis à être désigné comme un favori potentiel du GOP (Grand Old Party, Grand Vieux Parti qui veut dire Parti républicain) aux élections présidentielles de 2024.
3- Les élections ont injecté de nouvelles lueurs d’espoir dans le camp démocrate. Les principales personnalités de ce parti étaient bien conscientes de la situation économique désastreuse du peuple américain et de la faible cote d’approbation de Joe Biden. Ils avaient prédit d’avoir à en payer cher aux élections de mi-mandat. Mais les choses ont avancé autrement, et voici qu’ils ont aujourd’hui bon espoir pour la prochaine élection présidentielle. Cet espoir serait plus sérieux particulièrement en parlant d’une personnalité comme Gretchen Whitmer, qui a réussi à se faire réélire gouverneur du Michigan et, et qui a une bonne chance de pouvoir se porter candidat aux élections de 2024.
4- L’un des principaux facteurs du succès des démocrates lors de ces élections a été la forte présence des jeunes, y compris de la génération Z, aux isoloirs. Une première estimation a montré qu’environ 30% des jeunes Américains âgés de 18 à 29 ans se sont rendus aux urnes dans des États à forte rivalité tels que la Pennsylvanie et le Michigan, où la plupart de leurs votes sont allés à des candidats démocrates, marquant le deuxième taux de participation le plus élevé parmi les électeurs de moins de 30 ans en au moins les trois dernières décennies.
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5 - Les élections de 2022 ont montré qu’aucun parti ou mouvement ne devrait sous-estimer la question de l’avortement. De nombreux experts estiment que la question de l’avortement et l’annulation par la Cour suprême de Roe v. Wade ont été la principale raison de la victoire des démocrates dans de nombreux États concurrents. Le grand succès des démocrates au Michigan et dans d’autres États du Midwest des États-Unis prouve cette affirmation.
6- Les progressistes américains dirigés par Bernie Sanders ont bien performé lors de cette élection. Tous les candidats progressistes, dont Ilhan Omar, Rashida Tlaib, Jamaal Bowman, Alexandria Ocasio-Cortez, Ayanna Pressley et Cori Bush, ont réussi à regagner leurs sièges au Congrès américain. De plus, trois nouveaux et jeunes membres ont été ajoutés à ce bloc. Gregorio Casar, Summer Lee et Maxwell Frost sont les nouveaux visages progressistes du Congrès qui ont traversé un chemin difficile vers la victoire, car les lobbies pro-israéliens tels que l’AIPAC avaient dépensé beaucoup d’argent pour les vaincre, et maintenant l’establishment politique américain se trouve face à une réalité qu’est la popularité croissante des pensées socialistes dans le pays.
7- Le dernier message de cette élection est pour Joe Biden. Le taux d’inflation de 8%, le prix de l’essence à 4 dollars, le retrait scandaleux d’Afghanistan et la gestion relativement médiocre des tensions entre la Russie et l’Ukraine sont les lacunes les plus critiques du bilan du président américain jusqu’à présent. Ces lacunes, associées à une défaite complète des démocrates aux élections, auraient pu coûter cher à Biden. Mais Biden sait très bien que s’il n'y avait pas le taux de participation élevé des jeunes, le soutien de Trump à l’extrême droite et des problèmes tels que l’avortement, il serait le plus grand perdant des élections américaines de 2022 aujourd’hui, à cause de sa mauvaise performance dans les deux dernières années. Néanmoins, il a désormais une voie plus difficile à suivre pour surmonter ces crises, car en tant que président des États-Unis, il ne pourra plus faire facilement approuver ses plans et programmes économiques dans une Chambre des représentants où les républicains seraient majoritaires, bien qu’il s’agisse d’une majorité fragile.
Mohammad-Mahdi Abbasi est un chercheur iranien spécialisé dans les affaires américaines.
(Le présent article a été initialement rédigé en persan et traduit en anglais et en français par l'équipe de Press TV. Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV).
