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Zoom Afrique du 1er novembre 2022

Zoom Afrique du 1er novembre 2022

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Actualité en Afrique :

— Pétrole et gaz : les revenus du Sénégal pourraient atteindre 20 000 milliards CFA en 30 ans

— Intégration : inauguration ce jeudi 03 novembre 2022 du pont sur la Cross — River, reliant le Nigeria au Cameroun

— Lancement de la construction du Lycée Technologique de Diffa : Promotion de l’éducation et la formation professionnelle au Niger

— Nigeria : 100 bus et 50 taxis mis en circulation dans l’État de Kano pour promouvoir le transport en commun

Analyses de la rédaction :

1. Alliance Mali/Iran : qui en a peur ?

Cette phrase de M. Diop qu’il a prononcée il y a à peine quelques jours et qui a très ouvertement conditionné toute reprise de relations avec la France l’axe Israël-Maghreb-OTAN, à tout intérêt à s’en souvenir s’il souhaite vraiment ne pas connaître le même sort qu’a connu Barkhane au Sahel. Qu’avait-il dit ? Pour toute reprise il faut que la France respecte primo la souveraineté malienne, secundo ses choix stratégiques. Le message n’est-ce pas suffisamment clair pour que le clan occidental en fasse une leçon ? Depuis quelques heures les médias mainstream largement inquiets de la tournure que prennent les relations militaires Russie-Mali relations qui à en juger la toute récente visite du ministre malien des Finances à Moscou, tend à couvrir l’économie au point qu’on parle désormais de la possibilité d’un « Grain deal » Russie-Sahel en lieu et place du Grain deal que l’OTAN vient de rompre en attaquant la flotte de la mer Noire russe. Ces médias évoquent de supposées tensions entre Alger d’une part et l’axe Arabie-Émirats de l’autre autour d’une prétendue présence iranienne au Mali que l’Algérie aurait facilitée ! Évidemment cette prétention renvoie d’une part à la crainte de voir Alger jouer le même rôle qu’il a joué dans le rapprochement Bamako-Moscou, mais cette fois vis-à-vis de Téhéran et de l’autre à celle d’un Mali qui s’oriente radicalement vers un affranchissement du poids et de l’emprise occidentale quitte à choisir lui-même ses partenaires. Les sources marocaines intimement liées aux Occidentaux écrivent :

« Le renforcement du lobby iranien Afrique du Nord et notamment dans le Sahel tout particulièrement au Mali est l’une des plus grosses pommes de discorde qui alimentent les malentendus et tensions opposant Alger à Riyad et Abu Dhabi. Selon diverses sources sécuritaires et diplomatiques algériennes contactées par nos soins, Alger n’a pas du tout apprécié les récentes réactions de l’Arabie saoudite et des Émirats Arabes unis à la suite des échanges sécuritaires et diplomatiques concernant les activités de l’Iran dans la région notamment au Mali.

Il semble que l’Algérie a voulu se montrer rassurante en communiquant des informations très précises sur le Sahel qui démentent toute implication grandissante d’un quelconque lobbying iranien auprès de la junte malienne. Les informations communiquées par Alger à Riyad et Abu Dhabi affirmaient que l’Iran veut juste s’emparer de nouvelles parts de marchés au Mali profitant du retrait de la France et des mauvaises relations de la junte malienne au pouvoir depuis 2022 avec plusieurs de ses voisins membres de la CEDEAO.

Et cette même source de prétendre : « Il s’avère que ces explications n’ont pas du tout convaincu les interlocuteurs émiratis et saoudiens de l’Algérie qui ont fait un forcing au niveau de la Ligue arabe pour exiger à ce qu’une enquête soit officiellement diligentée pour identifier les menaces éventuelles contre le monde arabe émanant des activités iraniennes au Mali. »

Laissons de côté l’aspect maghrébin de ce rapport qui tente par tous les moyens possibles et imaginables de faire du tout prochain sommet de la Ligue arabe à Alger un échec.  De là la première question qui se pose est la suivante : pourquoi le Mali État éminemment souverain n’aurait pas le droit d’approfondir ses liens avec l’Iran ? Depuis le début de l’année, les MAE iranien et malien se sont respectivement rendus à Téhéran et à Bamako dans l’objectif publiquement revendiqué d’étendre leurs liens, et ce, sans qu’Alger y joue un rôle. C’est le Mali qui le veut, le souhaite et y agit en conséquence un point barre.

Alors au nom de quoi l’Occident qui a peu d’un rapprochement axe de la Résistance-Sahel y met le nez ? Au fait il a peur primo d’une reconduction au Sahel du modèle de lutte anti-Daech de la Résistance qui a réussi à mettre aux pas les tireurs de ficelles occidentaux de Daech au Moyen-Orient, secundo il craint qu’une alliance Résistance-Afrique à laquelle prennent part l’Algérie et la Russie ne secoue et ne détruise réversiblement les socles des siècles de colonialisme et d’impérialisme non seulement au Sahel, mais à travers tout le continent.

2. Les étudiants africains discriminés au Canada ! 

Décidément, en ce 21è siècle, beaucoup de pays dans le monde occidental continuent leur politique de discrimination envers les Africains. Le monde entier a été témoin de la discrimination intolérable des Africains au début du conflit qui a éclaté en Ukraine. Maintenant, on constate que les Africains sont confrontés à la discrimination au Canada. 

Immigration Canada discrimine les étudiants en provenance des pays d’Afrique francophones, nuisant ainsi au développement des institutions universitaires du Québec.  

La campagne électorale québécoise s’est terminée sur un verdict sans appel. La Coalition Avenir Québec (CAQ) a été reportée au pouvoir face à une opposition divisée et en retrait. 

Il a beaucoup été question d’immigration durant cette campagne. Rarement en des termes qui élevaient le débat, malheureusement. Le Premier ministre François Legault a amalgamé l’immigration à des mœurs violentes pouvant heurter les « valeurs » des Québécois. L’ancien ministre de l’Immigration, Jean Boulet a démontré sa méconnaissance des chiffres de son propre ministère lors d’une sortie gênante. Pour rectifier le tir, le Premier ministre en a rajouté en qualifiant une hausse des seuils d’immigration au-delà de 50 000 immigrants par année de « suicidaire ». 

Le développement de la francophonie canadienne et des institutions francophones au Québec devra passer, entre autres choses, par une immigration en provenance des pays d’Afrique francophones et par une plus grande ouverture à l’égard de celle-ci. 

En lien avec ce premier enjeu, un deuxième doit être abordé et dénoncé de façon beaucoup plus frontale par l’Assemblée nationale du Québec, soit celui des obstacles posés par le gouvernement fédéral, par Immigration Canada, pour être précis, aux étudiants de la francophonie africains qui cherchent à étudier dans une institution francophone au Québec. 

Ces étudiants subissent un taux de refus nettement supérieur aux étudiants appliquant dans les institutions anglophones : ce taux se situe autour de 60 % au Québec, 45 % en Ontario et 37 % en Colombie-Britannique. Les étudiants d’Afrique francophone sont surreprésentés parmi ces refus. En 2021, le gouvernement canadien a rejeté 72 % des candidatures provenant de pays africains ayant une forte population francophone, contre 35 % pour l’ensemble des autres régions du monde. 

Cette situation est documentée et connue à Immigration Canada. Mais combattre cette forme de discrimination ne semble pas être la priorité du ministère et non plus du Parti libéral du Canada, en dépit de sa profession de foi antiraciste dans bien d’autres dossiers. Cette situation cause un préjudice d’abord aux étudiants en question, puis aux établissements d’enseignement supérieur au Québec. C’est pour cette raison que l’Assemblée nationale doit s’en saisir vigoureusement. 

Durant les premiers mois où cette situation a été révélée, deux arguments ont été mis de l’avant par le fédéral pour la justifier : un problème algorithmique ; puis, la crainte que ces étudiants ne retournent pas dans leur pays. 

Cette deuxième affirmation avait le mérite d’être claire. Pire, lorsqu’il s’agit de la francophonie noire africaine, le traitement discriminatoire des demandes va au-delà des seuls étudiants. C’est l’ensemble des dossiers qui semble faire l’objet de délais déraisonnables. De nombreux chercheurs africains devant participer à des congrès, comme celui sur le sida, qui se tenait cet été à Montréal, ont vu leur demande de visas refusée ou ne l’ont pas reçu à temps, une situation dénoncée par les organisateurs. 

Encore là, le gouvernement libéral a l’indignation à géométrie variable. Dernièrement, Immigration Canada a confessé du bout des lèvres qu’il y avait du racisme, jumelé à de la francophobie, à son ministère. Cela survient près d’un an après que ces pratiques aient été dénoncées par les institutions d’enseignement supérieur francophones. 

L’Assemblée nationale du Québec doit dénoncer à l’unanimité cette discrimination. Qu’en pensent les pays occidentaux défenseurs des droits humains ? 

3. RDC-Rwanda : un cycle sans fin !

Plus rien ne va entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. En effet, presque chaque jour qui passe apporte son lot d’escalade entre les deux pays voisins qui s’accusent mutuellement de tentative de déstabilisation. Alors que Kinshasa accuse Kigali de soutenir les rebelles du M-23, le Rwanda tente de se défendre en soupçonnant son géant voisin de servir de base arrière aux FDLR.

Malgré les tentatives de médiation du président angolais, la méfiance reste la chose la mieux partagée entre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame qui continuent de se regarder en chiens de faïence. Preuve de cette tension toujours palpable, la RDC a décidé d’expulser l’ambassadeur du Rwanda à Kinshasa. Vincent Karega, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a été sommé de quitter le pays dans un bref délai. Les autorités congolaises disent détenir des rapports émanant de drones qui démontreraient l’arrivée massive de troupes rwandaises sur leur sol en vue de soutenir les rebelles du M23 qui, faut-il le rappeler, gagnent du terrain avec l’aide notamment de la Monusco. Pas plus tard que le week-end dernier, ils ont conquis la ville de Rutshuru centre et celle de Kiwanja, provoquant à nouveau des milliers de déplacés.

Jusqu’où ira l’escalade entre les deux voisins ? C’est la question que plus d’un observateur se pose. Toujours est-il qu’il ne saurait y avoir de solution durable en dehors de la voie diplomatique qui, à travers un renforcement de la coopération et une mutualisation des efforts, pourrait permettre de porter l’estocade à ces groupes rebelles qui se jouent des frontières entre les deux pays.

C’est le lieu d’en appeler à l’implication de la communauté internationale, avec l’Union africaine (UA) en tête, qui doit mettre les bouchées doubles pour rabibocher les deux voisins qui, chaque jour qui passe, font un pas de plus vers l’affrontement. Il ne faudra donc pas attendre que le pire arrive pour vouloir jouer les pompiers. Pour cela, il faudra commencer par dire la vérité au président Kagame qui, s’il est vrai qu’il a le droit de se défendre, donne parfois l’impression de ne pas jouer franc-jeu. Tant et si bien qu’il est en froid avec la plupart de ses voisins. Évidemment, Kagamé est considéré comme étant le cheval de Troie des Occidentaux dans la région. C’est la raison pour laquelle, les voisins du Rwanda ne sont pas très à l’aise. 

Ce qui revient à dire également que d’autres options doivent également être prises en compte en dehors de la solution diplomatique, notamment l’arrêt des ingérences étrangères dans les deux pays. Ne perdons pas de vu que l’exploitation des ressources naturelles d’un pays africain dans un climat de guerre est considérée comme un paradis pour les multinationales étrangères qui prennent donc les ressources pour une bouchée de pain.  

Et qu’en pense-t-il le peuple congolais ? Plusieurs milliers de personnes en colère ont manifesté lundi à Goma contre le Rwanda, accusé par les autorités de la République démocratique du Congo de soutenir les rebelles du M23 qui ont gagné du terrain ces derniers jours dans l’est du pays.

Les manifestants, dont des centaines de motards, certains armés de bâtons et de pierres, ont envahi les rues de la ville de plus d’un million d’habitants, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Ils se sont ensuite dirigés vers la « grande barrière », un poste-frontière entre la RDC et le Rwanda, avant d’être dispersés par la police congolaise à coups de gaz lacrymogène.

« FARDC (Forces armées de la RDC), donnez-nous des armes », scandaient ces manifestants, en plus de slogans hostiles contre le Rwanda et l’Ouganda. « Nous sommes fatigués. Aujourd’hui nous allons entrer au Rwanda ! », a lancé un manifestant.

« Nous dénonçons l’hypocrisie de la communauté internationale face à l’agression du Rwanda. Nous souffrons à cause du Rwanda, c’est assez. Nous voulons passer un message au président rwandais Paul Kagame », déclarait au milieu de la foule, Mambo Kawaya, un représentant de la société civile.

Dimanche déjà, des milliers de jeunes avaient manifesté et brûlé un drapeau rwandais à Goma. Après plusieurs semaines d’accalmie, le M23 progresse depuis le 20 octobre à l’intérieur du territoire de Rutshuru, au nord de Goma, où les combats ont provoqué le déplacement de dizaines de milliers de personnes.

En novembre-décembre 2012, le M23 avait occupé Goma pendant une dizaine de jours, avant d’être vaincu l’année suivante par les forces armées congolaises, après 18 mois de guérilla. Est-ce donc un cycle sans fin ?

Cette guerre prendra fin le jour où la RDC et le Rwanda décideront enfin de se baser sur un règlement des problèmes africains avec des solutions africaines et non avec des ingérences étrangères qui amplifient les conflits.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV