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Eco Afrique du 27 octobre

Eco Afrique du 27 octobre

Les analyses de la rédaction

1- Le pied de nez gazier du Sénégal à l’Occident ! 

Au moment où l’Europe s’empêtre dans la crise énergétique, c’est significatif que de voir le Sénégal rejoindre une OPEP du gaz. Cela veut dire que les compagnies pétrolières occidentales qui ont eu jusqu’ici le dernier mot dans ce secteur, auront désormais du mal à trouver de la noire à Dakar et à chercher à contrer son action énergétique qui inquiète depuis longtemps les Occidentaux, depuis l’époque où un documentaire de la BBC a provoqué un mouvement de colère contre le président Sall et son frère, alors ministre de l’Énergie, et tout cela parce que le BP convoitait le grand gisement gazier sénégalais dit « Grand Tortue ». Depuis, l’exploitation continue à être reportée et les Occidentaux qui sentent parfaitement que le Sénégal, une fois le gaz découvert, n’ira pas jouer leur jeu, cumulent les prétextes et mettent les bâtons dans les roues des projets d’investissement qu’ils ont arraché à coup de complot et qu’ils ne veulent pas relâcher. Ainsi le magazine français Le Point écrit que le Sénégal avait récemment découvert des ressources pétrolières et gazières et nourrissait grâce à elles l’espoir de richesse et d’industrialisation. Dakar ne veut en aucun cas y renoncer, malgré la pression des pays occidentaux et l’arrêt par ces derniers du financement des projets d’exploitation des énergies fossiles à l’étranger au nom de la lutte contre le réchauffement climatique.

Et d’ajouter : « Le président sénégalais Macky Sall dénonce régulièrement une injustice et déploie une diplomatie active pour justifier le début de l’exploitation à partir de 2023. N’étant pas les plus grands pollueurs puisque n’étant pas industrialisé, il serait injuste dans la recherche de solution au réchauffement qu’on veuille interdire à l'Afrique d’utiliser les ressources naturelles qui sont dans son sous-sol ».

Il est clair que le Sénégal est parfaitement conscient de l’ampleur de l’enjeu et que son choix de faire partie d’une organisation qui pourrait d’ici quelque temps et surtout à la lumière de la guerre en Ukraine devenir un véritable régulateur du marché de gaz se veut géopolitique. Ce choix est d’autant plus géopolitique que l’Europe est désormais dans l’obligation de revoir sa copie de coopération gazière avec Dakar et donc desserrer l’étau si elle veut avoir la primeur de l’exploitation gazière au Sénégal. Au fait, comme le dit Le Point, bien inquiet, « L’Allemagne ou encore la Pologne ont d’ores et déjà exprimé leur intérêt pour le gaz sénégalais. Cependant, il faudra certainement renégocier, car les premières livraisons de gaz sénégalais sont réservées pour le marché asiatique. » N’est-ce pas une propension vers l’est qui se confirme avec le choix de devenir l’observateur de l’OPEP du gaz ? En effet, le Gas Exporting Countries Forum (GECF) compte 11 pays membres : 5 en Afrique (Algérie, Égypte, Guinée équatoriale, Libye, Nigeria), 2 au Moyen-Orient (Iran, Qatar), 3 en Amérique du Sud (Bolivie, Trinité-et-Tobago, Venezuela) plus la Russie. Ces pays détiennent ensemble 72 % des réserves mondiales confirmées de gaz naturel, 43 % de la production commercialisée, 55 % des exportations par gazoduc et 50 % des exportations de gaz naturel liquéfié (GNL).

Par ailleurs, 8 pays ont actuellement un statut d’observateur : l’Angola, le Mozambique, la République d’Azerbaïdjan, les Émirats arabes unis, l’Irak, la Malaisie, la Norvège et le Pérou.

Le Sénégal devrait rejoindre dès 2023 le club des puissances gazières mondiales, grâce notamment au projet Grande Tortue Ahmeyim (GTA). Ce gisement découvert à 60 kilomètres des côtes sénégalo-mauritaniennes recèle quelque 1400 milliards de mètres cubes de gaz.   

2- Quand l’Afrique boycotte l’Europe ! 

Eh oui, ce n’est pas toujours l’Occident qui boycotte, qui sanctionne et qui punit ! Après des sanctions russes contre l’Europe liées à la guerre en Ukraine ou encore celles que l’Iran vient d’imposer aux Européens qui lui reprochent son choix souverain de vouloir commercer avec la Russie, voici le Ghana et la Côte d’Ivoire qui sanctionnent à leur manière l’Occident. Le Ghana et la Côte d’Ivoire ont boycotté le sommet qui s’est tenu, mercredi 26 octobre 2022, à Bruxelles sur le cacao. Les deux géants africains du cacao sont contre le fait que les multinationales du secteur refusent toujours d’augmenter une prime versée aux producteurs de cacao, expliquent nos confrères de RFI. La rencontre des partenaires de la fondation mondiale du cacao à Bruxelles s’est fait, mercredi 26 octobre 2022, sans le Ghana et la Côte d’Ivoire. Les deux plus grands pays producteurs de cacao au monde ont boycotté ce sommet, expliquant leur décision par le refus des multinationales de ce secteur d’intégrer une prime permettant d’augmenter le prix d’achat aux planteurs. Une position saluée par les ONG qui luttent pour une amélioration du revenu des agriculteurs. Le directeur exécutif de l’ONG, IDEF (Initiatives pour le développement communautaire et la conservation de la forêt), Bakary Traoré, membre de la Plateforme ivoirienne pour le cacao durable a approuvé, au micro de RFI, cette décision des autorités ghanéennes et ivoiriennes.

Il a déclaré : « Quand vous regardez la production du chocolat, vous avez du lait, du cacao et du sucre. Le prix du sucre a augmenté, le prix du lait a augmenté, mais le prix du cacao ne fait que baisser. Et pourquoi ? Parce que le sucre et le lait sont produits dans les pays du Nord et qu’il faut aider les agriculteurs du Nord. Mais ceux du Sud, donc de la Côte d’Ivoire et du Ghana, on s’en fout, ce n’est pas notre problème. Non ! Il faut que cela puisse changer. Non seulement c’est injuste, mais en plus c’est à la limite de l’immoralité. »

Le Ghana et la Côte d’Ivoire représentent à eux seuls 60 % de la production mondiale de cacao. Sur l’échelle continentale, l’Afrique produit environ 71 % du cacao consommé dans le monde, mais n’en transforme que 4 %, selon le directeur exécutif de l’Organisation internationale du cacao (Icco), Jean Marc Anga. Un contraste dans l’industrie du cacao que des économistes jugent comme un handicap pour l’essor économique des pays producteurs.

3- La révolution agricole du Nigeria

Le 24 octobre, le Nigeria, en partenariat avec la Banque africaine de développement (BAD), a officiellement lancé un programme de zones spéciales de transformation agro-industrielle (SAPZ). Situées dans des zones rurales de huit États et entièrement soutenues par des infrastructures numérique et logistique, les SAPZ visent à permettre aux entreprises agroalimentaires et agro-industrielles de s’y implanter, afin de développer des chaînes de valeur pour certaines cultures jugées stratégiques : maïs, manioc, riz, soja, cacao, volaille et produits de l’élevage. Ces SAZP sont conjointement financées par la BAD à hauteur de 210 millions de dollars, la Banque islamique de développement (BID), le Fonds international pour le développement agricole (FIDA) – ces deux derniers fournissent ensemble 310 millions de dollars –, ainsi que le gouvernement nigérian qui y injecte 18,05 millions de dollars. Le président de la BAD, Akinwumi Adesina, explique que ce projet « placera les entreprises à proximité des agriculteurs dans les bassins de production, soutiendra la transformation et la création de valeur ajoutée, réduira les pertes alimentaires, permettra l’élargissement de l’espace budgétaire et l’émergence de chaînes de valeur alimentaires et agricoles hautement compétitives. »  Et comme précisé par le communiqué de l’institution panafricaine, tout cela devrait créer des millions d’emplois « de qualité », notamment pour les jeunes et les femmes.

À noter que, selon le Bureau national des statistiques, le Nigeria abrite plus de 70 millions de jeunes en âge de travailler, dont plus de 54 % sont au chômage. D’ailleurs, selon les données de la Banque mondiale, l’agriculture, qui représente 25 % du PIB du pays, est le principal employeur avec 35 % de la population active qui s’y consacre. Pourtant, il s’agit jusqu’à présent d’une agriculture dite « de subsistance », avec 90 % des produits agricoles qui sont exportés à l’état brut. Alors que la balance commerciale du pays est déficitaire (‑24 167,7 M€ en 2021 selon la Banque mondiale) et que l’insécurité alimentaire y est persistante, la transformation agricole semble être la voie du développement la plus pérenne. De plus, et comme a tenu à le souligner le président de la BID, Muhammad al-Jasser, le programme SAPZ permettra entre autres « de réduire l’inflation importée du prix des denrées alimentaires ». Pour rappel, en 2022, d’après le bureau national des statistiques, la hausse générale des prix des aliments au Nigeria était de 23,34 %. Son plus haut niveau depuis dix-sept ans.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV