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Zoom Afrique du 22 octobre 2022

Zoom Afrique du 22 octobre 2022

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Principaux titres de la rédaction :

  • Côte d’Ivoire et Ghana boycotteront la réunion de la World Cocoa Foundation la semaine prochaine
  • Kenya : mise au « vert » en perspective des transports en commun

  • Le Gabon va se doter d’une plateforme digitale pour présenter les opportunités offertes par le marché aux investisseurs

  • Signature de deux accords de coopération entre le Burundi et le Maroc

 

Analyse de la rédaction :

1. Tchad : Paris fait son coup d’État ? 

Un second coup d’État au Tchad ? Deux ans après l’assassinat du colonel Deby pour cause de son opposition radicale à ce que l’armée tchadienne, l’une des plus puissantes de l’Afrique continue à servir de bouclier humain aux forces françaises, une vision qui l’avait d’ailleurs poussé à retirer son armée du G5 Sahel, quitte à en provoquer littéralement l’effondrement, le mot de coup d’État réapparaît dans le discours des médias mainstream, via cette manifestation qui s’est déroulée jeudi et qui aurait été réprimée dans le sang par la « garde présidentielle tchadienne ».

RFI écrit :

 « … Main tendue à l’opposition, agrément du parti des Transformateurs de Succès Masra ou encore du mouvement Wakit Tama, droit de manifester accordé à l’opposition, et dernièrement, organisation d’un dialogue national inclusif et souverain, Mahamat Déby avait fait un quasi-sans-faute jusqu’ici, de l’avis de nombreux observateurs. La communauté internationale, à commencer par l’UA, lui avait même manifesté une certaine compréhension en évitant les sanctions. Et certains opposants lui avaient reconnu une certaine “sagesse” dans la gestion de la transition, malgré quelques interventions musclées des forces de l’ordre lors de manifestations organisées par l’opposition. »

Et d’ajouter : « Mais jeudi, les forces de l’ordre et de sécurité, dont les hommes de la DGSEE, l’équivalent de la garde présidentielle au Tchad, ont réprimé dans le sang à Ndjamena et dans d’autres villes du pays des manifestations contre le maintien à la tête de la transition du président Mahamat Idriss Déby Itno. Une commission sera mise en place par le gouvernement. Les responsabilités doivent être situées, l’autorité de l’État doit être restaurée. (...) Le Tchad n’a pas besoin de déstabilisation, le Tchad a besoin de dialogue et de paix. La suite, nous nous en remettons à ce que le gouvernement est en train de vouloir faire. Le bilan est très lourd, une cinquantaine de morts, et quelque 300 blessés selon le nouveau chef du gouvernement, Saleh Kebzabo, qui a dénoncé “une tentative de coup d’État”, en justifiant l’usage de balles réelles contre “une insurrection populaire en vue de s’emparer du pouvoir par la force”.

 

Mais la DGSEE que RFI décrit comme étant la garde présidentielle tchadienne, l’est-elle réellement ? Juste avant que la manif de ce jeudi ne soit réprimée dans le sang, des sources proches du renseignement français titraient : “Faute de pouvoir se fournir en Israël, le Tchadien Abdellatif Ramadan, qui assiste les services de renseignement de son pays dans leur montée en puissance, tente de se rapprocher de sociétés françaises du secteur.”

Ou ce qui revient au même, le renseignement tchadien ou ce à quoi RFI donne le nom de garde présidentielle, et ce dans le strict objectif d’entacher l’image de l’armée et la présenter comme une force qui au lieu de protéger le peuple malien le persécute, est truffé d’agents français et israélien. Dès lors, la répression de ce jeudi apparaît moins comme étant une bourde commise par le jeune Deby qui depuis son parachutage au sommet du pouvoir n’a jamais été autre chose qu’un pantin franco-américain, mais plutôt comme une tentative ciblant l’armée tchadienne. N’est-ce pas que le dialogue inclusif de Doha d’où la France est sortie la vraie gagnante puisque ce dialogue a débouché sur le maintien au pouvoir de Déby soit la poursuite de la transition et partant la mercenarisation rampante de l’armée tchadienne sans même que la CEDEAO si intensément inquiète de la transition au Mali, en Guinée ou au Burkina ne lève le petit doigt, n’est-ce pas que ce dialogue a éludé une question aussi fondamentale que celle de la réforme de l’armée ? On sait que cette réforme veut entre autres choses donner aux missions de celle-ci un aspect national ou autrement dit supprimer cette clause qui fait de l’armée tchadienne une milice au service de la France.

Or, le maintien en état de la transition, avec Déby en tête, cela veut dire que les soldats tchadiens continueront encore pour longtemps à servir de bouclier de protection aux basses œuvres de l’armée française. Mais ce n’est pas tout, car ce scénario de répression menée par les agents à la solde de la DGSE française et du Mossad israélien pour entacher l’image de l’armée tchadienne a aussi un autre aspect, celui-ci latent, et que l’observateur averti tendrait à appeler “ivoirisation du Tchad”. Car qui est ce Monsieur Succès Masra, si ce n’est un ex banquier reconverti en politique comme, cela fut le cas en 2010 pour Alassan Ouatta, cet ex-directeur du FMI qui a transformé la Côte d’Ivoire en l’une des bases avancées de l’atlantisme en Afrique de l’Ouest ? Certes, M. Succès a rejeté le dialogue inclusif, il a même appelé son parti “Transformateurs du Tchad” et s’en est même allé rendre visite à Gbagbo et à son parti, n’empêche que les médias mainstream sont trop tendres à son égard pour que l’on ne pense pas qu’il est, incarné en personne, le plan B de la puissance coloniale française qui a bousillé la Libye pour pouvoir bousiller le Tchad et continuer son pillage au lac Tchad et qui dans un Sahel où les États-nations commencent l’un après l’autre à se débarrasser d’elle elle a été plutôt menée à jouer sur deux tableaux à la fois pour et contre Deby, pour qu’au cas où le peuple tchadien rejetterait le président de la transition, le Tchad n’échappe pas à son emprise. Ce genre de double piège le colonel Deby y est tombé en dépit de sa fine intelligente. Et les Tchadiens en paient le prix. Qu’ils prennent garde cette fois. 

2. Mali/Burkina : France, le dos au mur ? 

C’est faux de dire que le passe d’armes France/Mali, mardi dernier, à l’ONU au cours duquel le ministre malien des AE a littéralement menacé la France de mettre en avant des preuves propres à prouver le soutien militaire direct de Barkhane aux terroristes d’Aqmi ne sortirait pas de l’enceinte onusienne et que puisque la France est membre permanent du Conseil de sécurité qu’elle dirige en ce moment, elle réussit à faire arrêter la saignée anti Barkhane qui est sur le point de gagner tout le Sahel.

À peine quatre jours après cette séance historique, une première répercussion tombe au Burkina où le président de la Transition vient de choisir un avocat et géopoliticien à la tête du gouvernement. Pourquoi un avocat ? Plus d’un analyste dirait que c’est là un premier pas franchi dans le sens d’une pénalisation de la France au Burkina aussi. Et que fera alors la France si le Mali et le Burkina se mettent à deux pour présenter des preuves irréfutables en soutien à l’hypothèse d’une implication directe de l’armée française dans les violences terroristes sur la région de trois frontières où Paris continue à nourrir les terroristes dans le strict objectif de déstabiliser le Mali et le Burkina ?

Déjà que le capitaine Traoré n’a guère apprécié l’ingérence de l’armée française et sa tentative de sauver Damiba le 30 septembre. Une armée française accusée d’avoir offert un refuge à Damiba sur une base militaire pour préparer une contre-offensive, mais y avait renoncé “suite à la ferme volonté des Burkinabés d’aller vers d’autres partenaires prêts à les aider dans leur lutte contre le terrorisme”. Juste avant cette nomination, Traoré a lancé un appel à recrutement massif pour que 3000 hommes réintègrent les rangs de l’armée ce qui veut dire au clair que les forces populaires créées sous Kaboré et qui avaient réussi à faire capoter systématiquement toutes les tentatives d’infiltration des agents terroristes des services secrets occidentaux seraient de retour, rien que pour inverser la tendance marquée depuis le coup d’État de l’an dernier par des tueries massives de la population des effectifs du corps armé. Mais viendrait ensuite une seconde étape celle d’emboîter le pas au Mali et diversifier de partenaires ou ce qui revient au même de se retourner vers la Russie, l’Algérie voire l’Iran. En attendant un PM avocat servira évidemment le pays à collecter toutes les preuves nécessaires à ce que l’armée d’occupation française soit accusée. Après tout, cette réunion que M Diop a demandée en août au Conseil de sécurité et que la France refuse craintive, pourrait être réclamée par l’axe Mali-Burkina. Et deux fois une cela fera deux voix.

3. Qui veut compromettre les élections en Guinée équatoriale ? 

En Guinée équatoriale, deux candidats affronteront le 20 novembre le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, qui brigue un 6e mandat après plus de 43 ans à la tête du pays. 

Pourquoi tente-t-on de semer le trouble dans ces élections ? Qu’est-ce qui dérange l’axe occidental ?

Décryptages avec Luc Michel, géopoliticien.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV