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Zoom Afrique du 13 septembre 2022

Zoom Afrique du 13 septembre 2022

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Actualité en Afrique :

-Le ministre du pétrole au Mali porteur d’un message du président Ghazouani

- Côte d'Ivoire :   En visite à Abidjan, le DG du groupe ENI à propos du projet Baleine : « C'est quelque chose de géant pas seulement pour le pays mais pour l'Afrique »

- L’annulation par la Chine de 23 prêts accordés à 17 pays africains porte sur 610 millions $ (Boston University)

- Burundi : nomination d’un nouveau Premier ministre après des accusations de coup d’Etat

Analyses de la rédaction :

1. RDC: les USA veulent le lithium! 

En RDC, le gouvernement se concentre sur une force régionale pour instaurer la sécurité dans l’Est du pays, plutôt que de laisser les occidentaux occuper cette partie du pays. 

Christophe Lutundula Apala, vice-premier ministre, ministre des Affaires étrangères, a donné quelques détails sur la portée de l’accord sur le statut de la force régionale à déployer dans l’Est de la RDC. Cet accord a été signé en présence de Félix Tshisekedi par les experts de la commission économique de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est en séjour de travail à Kinshasa. 

« L'accord portant statut de force régionale de la Communauté d'Afrique de l'Est, que j’ai signée jeudi 8 septembre 2022 avec le secrétaire général de cette Communauté, est un acte historique important dans la mesure où il fixe le cadre dans lequel ces forces vont se déployer en République démocratique du Congo ». Et d’ajouter: 

« Quelle est la conséquence opérationnelle de la signature de ce SOFA ? Le gong a sonné. Le coup d'envoi a été donné au déploiement effectif des armées des pays membres de la Communauté qui ont accepté de se déployer dans la zone de la partie orientale de la RDC pour être plus précis dans la zone de l’Ituri, de la province du Sud-Kivu et de la province du Nord-Kivu qui sont les zones dans lesquelles il y a une insécurité et les zones dans lesquelles les M23 soutenus par le de Rwanda opèrent et ont conquis des territoires illégalement en violation de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de notre pays », affirme-t-il. 

Il ne reste plus qu’à rendre opérationnelles les décisions prises : « Maintenant, sur le plan des règles, sous le plan de la volonté politique, il n'y a plus d'obstacles et nous espérons que très prochainement cela va devenir une réalité sur le terrain ». 

Maintenant, nous savons également que les occidentaux ne s’arrêtent pas là. L’instabilité dans l’Est est totalement bénéfique pour eux. Ce qui les intéresse, en l’occurrence, c’est bien la zone du Tanganyika. 

Une délégation américaine conduite par le conseiller senior en charge de la sécurité énergétique de la Maison Blanche, Amos Hochstein, a rencontré ce lundi 12 septembre, les représentants de la société américaine basée en RDC, Peidmont Lithium, pour conclure des accords miniers. 

L’objectif de cette rencontre, comme le signale l’ambassade américaine, est entre autres de promouvoir les investissements américains pour cette matière première stratégique qu’est le lithium. 

Par ailleurs, souligne le chef de la délégation américaine, ces investissements sont le fruit de l’amélioration du climat des affaires en RDC. Ce qui est la clé de voûte pour attirer davantage les investissements américains qui débouchent sur un développement économique bénéfique, durable et inclusif. 

Notons que la RDC est aujourd’hui l’une des meilleures destinations pour les investissements en lithium dans le monde à cause de ses réserves stratégiques estimées à plus 44 millions de tonnes. Situé dans la ville de Manono, dans le Tanganyika, les réserves minières en lithium qui s’y trouvent font de ce site le plus grand gisement de lithium en roche dure dans le monde. 

Étant l’une des matières premières indispensables dans la fabrication des batteries de véhicules électriques, le cours mondial de lithium a connu une croissance exponentielle ces dernières années. Actuellement, elle se négocie officiellement à près de 2400$ la tonne. Maintenant, il nous reste à savoir si la RDC ou même les pays limitrophes bénéficieront de ces ressources minières ou non ? Car évidemment, il est important de rappeler que les ressources naturelles extraites dans une zone en guerre ne sont pas du tout reprises au prix du marché. Donc la RDC ne touche absolument rien sur l’extraction des ressources, surtout, si les mines se trouvent dans une zone de conflit. 

Donc les États-Unis visent principalement le lithium de la RDC quasi gratuitement. Une volonté évidente de vouloir prendre le monopole de ces ressources pour que d’autres puissances, comme par exemple la Russie, ne puissent également en extraire, et surtout, avec un partenariat gagnant-gagnant qui impliquerai de surcroit, la fin de la guerre dans l’Est de la RDC. 

Ces ressources appartiennent à la RDC et au peuple congolais. Il serait grand temps que le peuple congolais les récupère ne chassant la Monusco mais aussi les multinationales qui pillent la RDC et l’Afrique en général depuis trop longtemps !

2. Mali: Abidjan pris au piège !

Les pays voisins du Mali qui tentent de déstabiliser Bamako pour se faire bien voir par l’Élysée, se trouvent maintenant être dans une mauvaise passe. Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire se trouve être l’un de ceux qui se retrouve dans l’embarras suite à l’envoi de ses mercenaires pour préparer un coup contre le Mali.  

La Côte d’Ivoire considère que ses 46 soldats détenus au Mali depuis deux mois sont des otages, après des déclarations des autorités maliennes conditionnant leur libération à l’extradition de personnalités politiques maliennes vivant à Abidjan. 

« C’est une prise d’otage qui ne restera pas sans conséquence. Notre position est claire: ce marché est inacceptable « , a affirmé dimanche une source proche de la présidence ivoirienne. 

« Nous privilégions toujours la solution diplomatique. Il faut éviter la politique du pire«. 

Un sommet extraordinaire de la Communauté des Etats d’Afrique de l’ouest (Cédéao) doit se tenir la semaine prochaine à New York en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, selon cette même source, et devrait évoquer le sujet. 

« Si d’ici là rien ne se règle par la voie diplomatique, la Cédéao sera bien obligée de prendre des sanctions« , a-t-elle prédit. 

Le 10 juillet, 49 soldats ivoiriens avaient été arrêtés au Mali, qualifiés de « mercenaires« , puis inculpés mi-août de « tentative d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat » et formellement écroués. 

Abidjan assure que ces soldats étaient en mission pour l’ONU, dans le cadre d’opérations de soutien logistique à la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) et exige leur libération. 

Le week-end dernier, trois femmes soldats sur les 49 avaient été libérées, un geste humanitaire » du Mali qualifié alors de « bon signe » par Abidjan. Mais vendredi, le président malien, Assimi Goïta, a parlé de nécessaire « contrepartie », confirmant des informations selon lesquelles l’extradition de personnalités maliennes, dont un mandat d’arrêt a été dressé contre eux faisait partie de la discussion sur le sort des soldats ivoiriens. 

Au « moment où la Côte d’Ivoire demande la libération de ses soldats, elle continue de servir d’asile politique pour certaines personnalités maliennes faisant l’objet de mandats d’arrêt internationaux émis par la justice », a dit le colonel Goïta. 

« Ces mêmes personnalités bénéficient de la protection de la Côte d’Ivoire pour déstabiliser le Mali », a-t-il insisté. 

Il fait notamment allusion à Karim Keïta, le fils de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta et de Tiéman Hubert Coulibaly, ministre de la Défense et des Affaires étrangères sous M. Keïta. 

Mais également, un nommé Ainea Ibrahim Camara, qui s’était autoproclamé président du Mali depuis Abidjan, en février 2022 dont les autorités ivoiriennes avaient déclaré vouloir l’arrêter. Mais cela n’a évidemment pas été fait.  

Bamako accuse notamment Abidjan d’avoir incité ses partenaires ouest-africains à durcir les sanctions contre le Mali. Les sanctions ont finalement été levées début juillet. 

Le problème initial, c’est que personne en fait plus confiance à Alassane Ouattara. En effet, la Côte d’Ivoire est devenue une base arrière pour tous les rechercher d’Afrique. On y retrouve notamment l'ancien putschiste burkinabé Blaise Compaoré, qui a également un mandat d’arrêt au Burkina Faso car il est impliqué dans l’affaire du meurtre de l’ancien président Thomas Sankara. Mais il vit tranquillement en Côte d’Ivoire sans être inquiété. Même chose pour les déstabilisateurs du Mali. Beaucoup de convois militaires français démarraient de la Côte d’Ivoire pour venir jusqu’au Nord du Mali dans le but d’approvisionner les groupes terroristes.  

D’autant plus que le président Alassane Ouattara faisait partie de ceux qui croyait que le Mali n’allait pas tenir plus d’une semaine sous la pression des sanctions. En bref, Ouattara a montré qu’il s’opposait farouchement à Bamako, ce qui fait que le gouvernement malien se montre ferme, froid et distant face à Abidjan.

3. France/Afrique : Les limites de la diplomatie publique 

Le terme de « diplomatie publique » associé à l’USIA, l’agence de l’information des États-Unis est apparu en Amérique pendant la guerre froide. Cette expression est restée inusitée en France, jusqu’à la nomination en octobre 2020 d’un envoyé spécial pour la diplomatie publique en Afrique. Il faut dire que pendant longtemps, le pays a vécu sur ses « beaux restes », et n’avait pas besoin d’un monsieur propagande 2.0 pour soutenir sa politique étrangère et promouvoir ses intérêts nationaux. Son réseau de diplomates envié partout de par le vaste monde faisait le travail, sa culture, son histoire, faisait le reste. Las, le Quai d’Orsay n’est plus ce qu’il était, faute de moyens mais aussi de vision et de volonté politique. En outre, sous Emmanuel Macron, la politique étrangère a été presque entièrement phagocytée par l’Élysée avec ses conseillers et envoyés spéciaux. Le dernier coup de grâce donné au « rayonnement de la diplomatie française » a été porté par un décret du président de la République en avril 2022 qui a supprimé le corps diplomatique. 

Plus besoin donc d’« Excellences » mais de grands communicants, ainsi en a décidé le chef de l’État. Lors de son discours devant les ambassadeurs, le 1er septembre dernier, il leur a demandé d’être beaucoup plus « mobilisés sur les réseaux sociaux », pour contrecarrer « attaques » et « manipulations » de la propagande russe, chinoise ou turque en Afrique. De plus, sous l’impulsion du chef d’État-major le général Burkhard, pour qui « il est indispensable de développer nos capacités d’influence pour gagner la guerre avant la guerre » le Quai d’Orsay s’apprête à créer une sous-direction veille et stratégie. Ce nouveau département doit permettre de renforcer les moyens de la diplomatie française dans la « guerre informationnelle », puisque sur ce front-là, comme dans d’autres, virus, énergie, la nation est soi-disant en guerre. 

Mais qui est l’ennemi ? Et à moins de créer, comme dans 1984 d’Orwell, un ministère de la vérité, partir au combat sans arme politique, comme l’a montré le conflit au Sahel, c’est prendre les risques de le perdre. Car le nœud du problème est bien là : la communication à ses limites, surtout quand on n’a rien à dire. 

Le nouveau plan de bataille concocté à l’Élysée en coopération avec la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a bu la tasse dès sa mise en application. Les ambassadeurs et leurs conseillers ont tous reçu la consigne de répondre à toutes les attaques sur les réseaux sociaux et dans les médias. La nouvelle ambassadrice pour la diplomatie publique, Anne Sophie Avé, ex-ambassadrice de France au Ghana, était déjà à son poste sur twitter, lorsque Ndjamena a vécu un moment historique. 

L’opposant Succès Masra refuse de participer au Dialogue national inclusif et souverain (DNIS). Une sorte de « conseil national de la refondation » chargé de légitimer la junte militaire, et de gagner du temps afin de prolonger Mahamat Déby, fils du maréchal Déby, au pouvoir. Ce samedi 9 septembre, le chef du parti des Transformateurs était, pour d’obscures raisons, convoqué au tribunal. Il décide de s’y rendre à pied accompagné de quelques-uns de ses partisans. Très vite des milliers de personnes rejoignent spontanément le cortège, ce qui de mémoire de Tchadien ne s’était jamais produit dans la capitale. Dépassé, le pouvoir tire sur la foule à balles réelles, selon Succès Masra, et envoie les gaz lacrymogènes. L’opposant se retranche alors dans le QG de son parti très vite assiégé par les forces de sécurité et appelle le secrétaire général des Nations unies à l’aide. La même scène s’était produite dix jours plus tôt lors d’une manifestation interdite. 

Comme aucun Tchadien, ni aucun Africain, qui suit la politique de la région, n’ignore le soutien de Paris à Mahamat Déby, que Emmanuel Macron a adoubé dès sa prise de pouvoir anticonstitutionnelle, la France est accusée sur les réseaux sociaux de soutenir un régime liberticide et brutal. 

Que fait nouvelle l’ambassadrice de la diplomatie publique en Afrique ? Elle reste silencieuse sur le sujet. Le Quai d’Orsay ? Il se tait. Le dernier tweet de l’ambassade de France date du 26 août dans lequel il salue l’ouverture du dialogue national en ces termes : « Il s’agit d’une étape majeure pour la transition tchadienne, en vue de définir un nouveau contrat social au bénéfice de tous les Tchadiens ». Le nouveau contrat social attendra… 

Qu’aurait dû faire la diplomatie publique dans ce cas de figure ? La France en guerre informationnelle était attaquée, elle devait réagir. Oui mais, elle soutient le dialogue national. Et les valeurs, la démocratie, les droits de l’homme, la justice, toussa, toussa ? Oui mais, elle ne s’ingère pas dans les affaires intérieures des Etats et Succès Masra n’est ni pro-russe, ni antifrançais… 

Cette posture n’est pas tenable. Elle est le fondement même du rejet de la politique française en Afrique avec ses doubles standards, sa duplicité, ses incohérences. Tous les ambassadeurs convertis en combattants du clavier ne changeront rien. En face, ce ne sont pas des fermes de trolls russes ou chinoises, mais le désespoir d’une population : « En gros, on n’a pas le droit de rêver d’un Tchad nouveau… Soit on meurt, soit on reste un pays en sous-développement », résume une jeune tchadienne. 

La même situation pourrait se produire au Niger. Celui qui a essuyé les plâtres de la diplomatie publique en France, Sylvain Itté, remplacé par Anne-Sophie Avé, vient d’être nommé ambassadeur dans ce pays. Au cours des deux dernières années, il a ferraillé virtuellement avec les panafricanistes de la toile, notamment sur le réseau LinkedIn. Ses messages et commentaires recevaient systématiquement des tomberaux de tomates et il y répondait en des termes assez peu diplomatiques. Il n’est pas certain que son séjour à Niamey soit plus serein. 

En août, un mouvement composé d’associations de la société civile nommé M62 est créé pour demander le départ de la force Barkhane du Niger. Une manifestation était prévue le 17 août mais elle a été interdite par le pouvoir, la coalition a donc décidé de lancer une pétition en ligne. 

Interrogé par l’IVERIS pour savoir qui était derrière le M62, et pourquoi ce dernier ne demandait que le départ des militaires français alors que beaucoup d’autres forces étrangères sont sur le territoire, (USA, Allemagne, Italie) un homme politique nigérien, soutien de cette initiative, répond : « parce que les autres ne se sont pas ingérés dans notre politique intérieure ». Il poursuit « tout ce qui peut fédérer les forces contre le régime est bon à prendre. Le président Mohamed Bazoum représente le rejet de la France ». Puis, il rappelle le soutien sans faille qu’Emmanuel Macron et Jean-Yves le Drian ont apporté au président nigérien lors de la campagne électorale de 2021 en parlant de scrutin « de référence pour l’Afrique » et « de démocratie exemplaire ». 

Une opposition remuante n’est-elle pas le signe d’une démocratie vivante ? Les opposants qui demandent le départ de Barkhane sont-ils tous stipendiés par Moscou ? Sont-ils des ennemis à traiter dans le cadre de la guerre informationnelle ? 

Depuis quelques années, le portrait que la France rend d’elle-même a encore alourdi le contentieux. Le wokisme, les débats de politiques intérieures, comme ceux portant sur les hommes enceints, font halluciner les Africains. Ils se demandent parfois si les Européens ne vivent pas dans un asile psychiatrique à ciel ouvert. À ce titre, la nomination d’ici la fin de l’année d’un ambassadeur LGBTQ n’est pas de nature à les rassurer. Sans oublier certains épisodes comme celui de la crise sanitaire où la 7ème puissance du monde se montrait en tenue d’Adam et Eve, sans masque ni respirateur. 

Ce n’est pas en sortant la carabine à tirer dans les coins pour taper ici et là sur une icône de la toile que la France fera à nouveau rêver. En prime, il y a pire que les fermes de troll et les activistes du clavier : l’indifférence. Si vu de Paris, les derniers voyages d’Emmanuel Macron au Cameroun et en Algérie ont donné l’impression d’être des événements pour les pays concernés, la majorité des citoyens de ces États n’y a pas prêté attention. Lutter contre l’indifférence, sacré défi, un ministère peut-être ? 

Source : réseauinternational

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SOURCE: FRENCH PRESS TV