Actualité en Afrique :
- Arrivée de Blinken en Afrique pour contrecarrer l’influence russe
- Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara accorde la grâce présidentielle à Laurent Gbagbo
- Burkina Faso : le gouvernement dément la signature d’une « trêve de deux ans » avec les groupes armés « terroristes »
- La 26e mission médicale chinoise déjà au Bénin
Analyses de la rédaction :
1. Côte d’Ivoire : Gbagbo président en 2025 ?
Le président ivoirien Alassane Ouattara a décidé de gracier Laurent Gbagbo, ce week-end. L’ancien chef de l’État peut désormais se concentrer sur la politique.
La présidentielle ivoirienne de 2025 est-elle définitivement lancée ? Le week-end dernier, lors des cérémonies commémorant les 62 ans de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, le président Alassane Ouattara a annoncé avoir « signé un décret accordant la grâce présidentielle à M. Laurent Gbagbo ». Un acte fait, selon les mots du chef de l’État, « dans le souci de renforcer la cohésion sociale ».
Lors de l’élection présidentielle de 2020 et après la tenue du scrutin, la tension avait été palpable en Côte d’Ivoire. Et alors que Laurent Gbagbo, acquitté par la Cour pénale internationale, avait émis son désir de revenir à Abidjan, Ouattara avait créé un poste de ministre de la Réconciliation nationale, en décembre 2020.
Un an et demi plus tard, donc, la décision d’« ADO » est plus que symbolique. Tout d’abord, elle participe à cette volonté affichée, de la part de Ouattara, de réconciliation. Les discussions entre Gbagbo et Ouattara ont, semble-t-il, abouti à cette volonté de la part du palais présidentiel de remettre les compteurs à zéro.
Malgré l’annonce d’Alassane Ouattara, cependant, il ne faut pas s’attendre à des actes d’amour entre le président et son prédécesseur. Lors de la grande parade de ce dimanche, à Yamoussoukro, Laurent Gbagbo n’était d’ailleurs pas présent, pourtant invité par Ouattara. Tout comme Henri Konan Bédié, d’ailleurs.
Outre son caractère symbolique, la grâce présidentielle écarte aussi toute possible sanction contre l’ancien président Gbagbo : alors qu’il encourait une peine de 20 ans de prison, prononcée alors qu’il était déjà dans les geôles de la CPI, Gbagbo ne risque plus rien en Côte d’Ivoire. Même s’il n’avait, de toute façon, jamais été inquiété par les forces de l’ordre depuis son retour au pays.
Financièrement, c’est un soulagement pour Gbagbo. Il sera, selon Ouattara, « procédé au dégel de ses comptes et au paiement de ses arriérés de rentes viagères ». Pendant de longs mois, la question de l’indemnité due aux anciens présidents, non versée jusqu’à là, avait été l’objet des discussions entre les camps Ouattara et Gbagbo.
Mais ce qui est important, c’est que Laurent Gbagbo pourra vraisemblablement participer à la prochaine présidentielle de 2025. Après le lancement, en octobre 2021, du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), Laurent Gbagbo et ses lieutenants ont d’ores et déjà affiché leurs ambitions : l’ancien président ivoirien veut toujours compter dans la vie politique de son pays. Entre Ouattara, Bédié et Gbagbo, respectivement âgés de 80, 88 et 77 ans, la bataille a débuté par des discussions amicales. Mais l’on devrait rapidement assister à une véritable opposition politique entre les trois hommes.
2. La tournée néocoloniale de Blinken commence en Afrique
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken est arrivé dimanche en Afrique du Sud, selon le ministère sud-africain des Affaires étrangères, avant de se rendre en République Démocratique du Congo et au Rwanda, une tournée africaine pour tenter de contrecarrer l’influence diplomatique russe.
Cette visite intervient peu après la tournée africaine du ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, qui s’est rendu en juillet au Congo-Brazzaville, en Égypte, en Éthiopie et en Ouganda. Au même moment, le président français Emmanuel Macron se rendait, lui, au Bénin, au Cameroun et en Guinée-Bissau. Depuis le début de l’opération russe en Ukraine le 24 février, l’Afrique du Sud, pays leader au sein des pays en développement, a adopté une position neutre dans le conflit, refusant de se joindre aux appels occidentaux à condamner Moscou. De plus, l’Afrique du Sud est également un farouche opposant à la politique d’apartheid d’Israël en Palestine et se bat pour que Tel-Aviv n’entre pas en Afrique. Un point sur lequel Blinken devra manœuvrer. Mais stratégiquement parlant, l’Afrique du Sud fait également parti des BRICS. Et visiblement, le dernier forum des BRICS et l’intégration de nouveaux pays au sein de l’organisation sèment la panique dans le clan occidental. Lundi, M. Blinken doit s’entretenir avec la cheffe de la diplomatie sud-africaine Naledi Pandor et faire des annonces concernant la nouvelle stratégie africaine du gouvernement américain, a indiqué Pretoria dans un communiqué. Les discussions « aborderont les développements récents et en cours concernant la situation géopolitique mondiale », a ajouté Pretoria. Selon Fonteh Akum, responsable du think tank Institute For Security Studies, basé à Pretoria, la visite d’Antony Blinken va aider les États-Unis à comprendre la position de l’Afrique du Sud, mais elle vise aussi à « rapprocher l’Afrique du Sud du camp occidental ». Avec leur nouvelle stratégie africaine, les États-Unis cherchent à « accroître les engagements diplomatiques », estime-t-il. L’Afrique du Sud fait partie du groupe des économies émergentes Brics, aux côtés du Brésil, de la Russie, de l’Inde et de la Chine. En juin, le président russe Vladimir Poutine avait exhorté les Brics à coopérer face aux « actions égoïstes » des pays occidentaux, sur fond de sanctions sans précédent contre Moscou en raison du conflit ukrainien. M. Blinken aura pour but de montrer « aux pays africains qu’ils ont un rôle géostratégique essentiel et sont des alliés cruciaux sur les questions les plus brûlantes de notre époque, de la promotion d’un système international ouvert et stable à la lutte contre les effets du changement climatique, l’insécurité alimentaire et les pandémies mondiales », avait indiqué fin juillet le département d’État. Après Johannesburg, M. Blinken doit se rendre en République démocratique du Congo, puis au Rwanda, en proie à un regain de tensions avec son voisin congolais qui l’accuse de soutenir les rebelles du « Mouvement du 23 mars » (M23), ce que Kigali dément.
Antony Blindent, secrétaire d’État des États-Unis, séjournera en RDC du 9 au 10 août. Son programme prévoit des entretiens avec des membres haut placés du gouvernement congolais et des membres de la société civile pour discuter de l’intérêt mutuel à assurer la tenue d’élections libres, inclusives et justes en 2023, en promouvant le respect des droits de l’homme et en protégeant les libertés fondamentales. Il se focalisera aussi sur la lutte contre la corruption, l’appui au commerce et aux investissements, les actions visant à faire face aux changements climatiques, l’accroissement de la résilience agricole, et il appuiera les efforts africains régionaux pour promouvoir la paix dans l’est de la RDC et l’ensemble de la région des Grands Lacs.
Ce qui dérange principalement les États-Unis dans ces pays, c’est bien l’hostilité de la population congolaise contre la Monusco. Car l’ONU est une porte d’entrée pour les pays occidentaux dans n’importe quel territoire d’Afrique. Si la Monusco quitte la RDC, cela serait donc problématique pour Washington, qui compte maintenir le désordre dans l’Est de la RDC. Évidemment, Blinken est visiblement prêt à condamner Kigali pour son soutien au M23 et demander en contrepartie à Kinshasa de calmer les Congolais par rapport à la présence de la Monusco dans le pays. Reste à voir si vraiment le jeu en vaut la chandelle.
3. Mali : compte à rebours pour le départ de la Minusma
Les militants et sympathisants de « Yèrèwolo debout sur les remparts » ont massivement répondu présents à l’appel du mouvement panafricaniste malien au Palais de la culture Amadou Hampâté Bâ, jeudi 4 août 2022. Seul objectif : réaffirmer la détermination du mouvement à lutter pour le départ de la force onusienne du Mali au plus tard le 22 septembre 2022. Le mouvement a rappelé qu’il reste pacifiste jusqu’à la date anniversaire de l’accession à l’indépendance de la République du Mali.
Après la saisie officielle, le 20 juillet 2022, du chef de la Minusma avec une correspondance demandant le retrait de la troupe au Mali, le mouvement souverainiste Yèrèwolo debout sur les remparts a réaffirmé sa détermination lors d’un meeting au Palais de la culture Amadou Hampâté Bâ, jeudi 4 août 2022. Sur place, des centaines de militants, avec le drapeau du Mali et de celui de la Russie, étaient majoritairement coiffés d’un bonnet bleu, avec l’insigne du mouvement Yèrèwolo debout sur les remparts, pour marquer leur détermination à chasser la mission onusienne hors du territoire du Mali. Au même titre que la force antiterroriste française (Barkhane), la force européenne (Task Takuba), les médias français RFI et France 24, Yerewolo débout sur les remparts est résolument engagé pour mettre hors du territoire national du Mali la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). L’ultimatum donné pour cette opération à la date anniversaire de l’accession à l’indépendance de la République du Mali, c’est-à-dire le 22 septembre 2022. D’ici là, de façon pacifique, Yerewolo débout sur les remparts instruits à la Minusma de prendre toutes les initiatives pour se retirer volontairement du Mali avant cette date. Tout comme Barkhane et Takuba, Yèrèwolo de Adama Diarra reproche à la mission onusienne d’être « une force d’occupation qui ravive et entretient la peur, les divisions ethniques et la méfiance entre les communautés au Mali ».
Malgré une présence de 15 000 hommes déployés sur le terrain, les leaders du mouvement Yerewolo estiment que le désastre des terroristes ne fait que grandir et affecter les parties du terroir non encore infecté. Par conséquent, comme la Minusma n’a pas été en mesure de réajuster sa mission en fonction des attentes des autorités et du peuple malien lors du renouvellement de son mandat, Yerewolo estime que la Minusma doit quitter le Mali afin de ne pas entraver, avec ses nombreux rapports « bidon » l’engagement et la dynamique actuelle des Forces armées maliennes à venir à bout du phénomène du terrorisme.
À force de vouloir sortir des rapports fallacieux visant à discréditer l’armée malienne, à semer le trouble entre la Mauritanie et le Mali, la Minusma s’est mise toute seule dans une mauvaise posture. Bamako a, à plusieurs reprises, tendu la main pour permettre à la Minusma de coopérer avec le Mali et d’éradiquer le terrorisme, mais la Minusma a opté pour la carte de la déstabilisation du Mali et le renforcement des groupes terroristes. Au Mali, plus personne n’est dupe. Tout le monde sait pertinemment à quoi sert réellement la présence de l’ONU dans le pays, mais également sur le continent. En RDC, les Congolais demandent également le départ des troupes de l’ONU de leur territoire, car après plus de 20 ans de présence, la situation sécuritaire n’a fait qu’empirer. Pareil pour la mission de l’ONU au Soudan du Sud, au Soudan, en Somalie et en Centrafrique. Ces troupes militaires, comme la présence des militaires français ou américain, n’ont jamais ramené la sécurité dans un pays, sinon, on l’aurait déjà vu.