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Zoom Afrique du 4 mai 2022

Zoom Afrique du 4 mai 2022

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Le Mali continue de faire preuve d'un souverainisme absolu, d'un avant-gardisme total digne des Etats à la logue civilisation qui marquent l'histoire.

Actualité en Afrique :

  • Paris proteste contre la décision de la junte malienne sur les accords de défense
  • Ouganda : les ressources de terres rares de Makuutu augmentent de 70 %
  • Centrafrique : les partisans de Touadéra réclament une révision de la constitution
  • L'ONU estime qu'il faut « investir à fond » pour aider l'armée du Niger

Analyses de la rédaction :

1. Le Mali abat la France !

Le Mali continue de faire preuve d'un souverainisme absolu, d'un avant-gardisme total digne des États à la longue civilisation qui marquent l'histoire.

Un combat acharné qui a commencé par le peuple malien qui se bat pour sa liberté, sa souveraineté, son intégrité et sa dignité. Le Mali qui, pas à pas, est en train de couper les ponts avec le néocolonialisme pour lui-même, mais surtout pour l'Afrique tout entière.

Lundi 2 mai 2022, les courageuses autorités maliennes ont « dénoncé », les accords de défense avec la France et ses partenaires européens. Une décision « injustifiée » selon Paris, qui a protesté le lendemain en précisant que la France poursuivrait son retrait militaire « en bon ordre » comme prévu d’ici le mois d’août.

Nouvel épisode de la tension entre la France et le Mali. Le Mali a fustigé, lundi 2 mai 2022, les « atteintes flagrantes » des forces françaises à la souveraineté nationale. En conséquence, il a rompu plusieurs accords de défense conclus avec la France, mais aussi avec ses partenaires européens.

« Informée, le 2 mai, de la décision unilatérale des autorités de transition maliennes de dénoncer » ces accords, la France « considère cette décision injustifiée et conteste formellement toute violation du cadre juridique bilatéral qui serait imputable à la force Barkhane », souligne la porte-parole du Quai d’Orsay dans une déclaration écrite.

Bamako fustige en effet les « insuffisances graves » de la coopération militaire, les « atteintes flagrantes » à la souveraineté nationale et de « multiples violations » de l’espace aérien malien. C’est la conséquence de deux semaines de passe d’armes autour de l’affaire de Gossi, un charnier attribué aux militaires français.

Concrètement, ces accords remis en cause sont trois textes. Le premier est le traité de coopération avec la France en matière de défense, signé en 2014. Ce retrait sera effectif dans six mois comme le prévoit le document. La plupart des coopérations, notamment sur la formation et l’échange de renseignements, sont déjà à l’arrêt en raison de la crise diplomatique entre les deux pays.

Le Mali avait déjà dénoncé en février 2022, des manquements répétés des accords de Défense et avait invité les autorités françaises à retirer sans délai, les forces Barkhane du territoire national, sous la supervision des autorités maliennes.

Estimant que « les conditions politiques, opérationnelles et juridiques ne sont plus réunies pour poursuivre efficacement leur engagement militaire actuel dans la lutte contre le terrorisme au Mali », la France et ses alliés européens ont annoncé leur retrait du Mali sous la pression du gouvernement malien. Ce retrait, selon la déclaration officielle des autorités françaises, pourrait prendre jusqu’à 6 mois. Mais le Mali n’est plus disposé à digérer la présence de ses troupes étrangères sur son territoire.

Le pays sahélien a demandé en février, le retrait sans délai des troupes de Barkhane et Takuba. Pour le Mali qui dénonce la violation des accords de défense, les résultats de neuf ans d’engagement français dans le pays « n’ont pas été satisfaisants ». « Au regard de ces manquements répétés (aux) accords de défense, le gouvernement invite les autorités françaises à retirer, sans délai, les forces Barkhane et Takuba du territoire national, sous la supervision des autorités maliennes », dit le colonel Maïga.

Le gouvernement malien réaffirme par ailleurs, sa disponibilité à renforcer davantage le dialogue et la coopération avec les partenaires soucieux de la prise en compte des intérêts vitaux du Mali dans le respect de la souveraineté nationale et la dignité du peuple malien.

Ce combat n'est pas seulement pour le Mali, mais bien pour toute l'Afrique ! Les autres pays ne devraient pas trainer à suivre cette voie.

2. Kwame Nkrumah, le président qui était en avance sur son temps

Par Jean-Claude Djéréké 

Il fut combattu pour avoir dit et répété que seule l’union fait la force. Le temps lui a donné raison. Qu’avons-nous obtenu de solide et de sérieux avec une Afrique divisée en plusieurs petits États ?

Le 27 avril 2022, le Ghana a commémoré le 50e anniversaire de la mort de Kwame Nkrumah. À mon avis, c’est toute l’Afrique qui devrait se souvenir du premier président ghanéen et ce sont plusieurs monuments qu’il conviendrait de construire pour honorer ce grand Africain. Pourquoi ? Parce que Nkrumah fut à la fois penseur et acteur de l’unité africaine. Penseur, il voulait une Afrique unie parce qu’il était persuadé que c’est en étant unis que les Africains seraient forts face à ceux qui non seulement convoitent leurs richesses, mais sont prêts à les exterminer pour s’emparer de ces richesses. L’unité africaine lui tenait à cœur. Il en était tellement obsédé qu’il inscrivit en 1960 dans la Constitution du Ghana la possibilité d’un abandon de souveraineté au profit d’une fédération africaine, une éventualité que le président guinéen avait envisagée avant lui. Comme Hassan II, Sékou Touré, Modibo Keïta, Nyerere et Gamal Nasser, ses pairs du groupe de Casablanca, Nkrumah était pour la fédération. Le groupe de Monrovia (le Nigéria et les pays francophones), lui, ne voulait pas en entendre parler. Il estimait que chaque président devait gérer son pays. C’est cette position qui, hélas, l’emporta à la naissance de l’OUA, le 25 mai 1963 à Addis-Abeba (Éthiopie). On en voit les conséquences aujourd’hui : une Afrique incapable de se défendre et de se faire respecter à cause de la faiblesse des micro-États dirigés par des individus sans vision ni dignité.

Certains historiens africains considèrent que c’est l’appel de Nkrumah « à la création des États-Unis d’Afrique comme le seul rempart possible contre le néocolonialisme et la poursuite de l’exploitation du continent par les grandes puissances » qui est la véritable cause de sa chute. Les puissances coloniales ne pouvaient pas tolérer un basculement de toute l’Afrique dans le camp communiste. D'autres ont bien montré que le rapprochement du leader ghanéen avec l’Union soviétique et la Chine était vu d’un mauvais œil par le camp occidental ou que le coup d’État qui l’évinça avait été mené par deux officiers subalternes liés aux services de renseignements britanniques. Les historiens jugent cette thèse plus crédible que les raisons pour lesquelles les militaires ont renversé Nkrumah, le 24 février 1966.

Lorsqu’il perd le pouvoir, Nkrumah trouve asile en Guinée. Pourquoi ce pays plutôt qu’un autre, car l’Égyptien Nasser, le Tanzanien Nyerere et le Malien Modibo Keïta voulaient, eux aussi, l’accueillir ? La première raison, c’est que le Ghana et la Guinée avaient essayé en 1958 une union fédérale, mais cette union se termina en feu de paille. Deuxièmement, Nkrumah et Sékou Touré entretenaient des liens très étroits. Par exemple, le premier accorda au second un prêt de 25 millions de dollars quand la France quitta la Guinée avec tous ses coopérants et entreprises pour punir Sékou Touré d’avoir osé dire « non » à la communauté franco-africaine du général de Gaulle. Il donna le nom Sékou à son 3e fils né le 1er décembre 1963. La dernière raison, c’est que le président renversé désirait ne pas vivre loin du Ghana. Le 2 mars 1966, lorsqu’il atterrit à l’aéroport de Conakry à bord d’un avion soviétique qui le ramène de Pékin et d’Alger, Nkrumah est triomphalement accueilli. Une grande foule est là pour lui souhaiter la bienvenue. Mieux encore, son arrivée en terre guinéenne est saluée par 21 coups de canon. Si Nkrumah bénéficie de tous ces honneurs, c’est parce qu’il est perçu, en Guinée et partout ailleurs en Afrique, comme le symbole vivant du panafricanisme.

Mais quel est le parcours intellectuel et politique de Nkrumah ? Quelles influences a-t-il subies ? Né en 1909 dans le Sud-Ouest de la Gold Coast, Kwame Nkrumah fait ses études primaires et secondaires dans son pays. En 1935, il étudie l’économie et la sociologie à Lincoln University, une université noire de Pennsylvanie. Pendant son séjour américain, il découvre la pensée de Marx et de Lénine, se familiarise avec les idées panafricanistes de Henry-Sylvester Williams, Edward Blyden, George Padmore et W. E. B. Du Bois. Il fait la connaissance du Jamaïcain Marcus Garvey, un autre panafricaniste qui deviendra son conseiller plus tard. En 1943, il publie « Towards colonial freedom » qui est un pamphlet anti-colonialiste. Parallèlement, il entre dans l’association des étudiants africains des États-Unis et du Canada. Lorsqu’il débarque en Angleterre, il devient rapidement un des hommes-clés du mouvement panafricain. Avec George Padmore, il organise le 5e congrès panafricain qui se déroule à Manchester en 1945. Il profite de son séjour en Angleterre pour nouer des contacts avec les étudiants africains parmi lesquels le Zambien Kenneth Kaunda, le Kényan Jomo Kenyatta, le Zimbabwéen Joshua Nkomo et le Tanzanien Julius Nyerere. Deux ans plus tard, Nkrumah retourne dans son pays. En février 1948, la police britannique fait feu sur des anciens combattants qui manifestaient pour le paiement de leurs pensions. On dénombre 3 morts et plusieurs blessés. Le pays, qui vit désormais sous l’état d’urgence, apprend l’arrestation et l’emprisonnement de Nkrumah. Celui-ci est libéré en 1952 et devient Premier ministre. C’est la négociation qui lui permit de parvenir à un tel aboutissement. Créé en 1952, le CPP gagne les élections locales et intègre le gouvernement colonial. La Gold Coast accède à l’indépendance 5 ans plus tard et change de nom. Nkrumah occupe le fauteuil présidentiel en 1960.

Même si de nombreux chantiers l’attendent, Nkrumah n’oublie pas l’Afrique à l’unité de laquelle il a consacré plusieurs réflexions. Il sait que le vrai panafricanisme est plus dans les actes que dans les paroles. Il apporte alors une aide financière aux pays africains luttant contre le colonialisme, accueille artistes, intellectuels et panafricanistes du monde entier.

Nkrumah était-il en avance sur son temps ? Didier Awadi, rappeur sénégalais, le laisse penser quand il affirme : « Nous vivons aujourd’hui des problèmes de sécurité sur le continent. Selon lui [Nkrumah], ils ne peuvent être réglés que par une position commune, une sécurité commune et une armée commune. Il disait la même chose des problèmes monétaires dans l’espace CFA qui ne peuvent trouver leurs solutions que dans une monnaie et une banque centrale communes. Par ailleurs, la faiblesse de la voix de l’Afrique aux Nations Unies découle de la désunion des pays du continent. Kwame Nkrumah a abordé tous ces sujets au moment où nous prenions nos indépendances. Malheureusement, il a compris trop tôt ce que les autres ne voient toujours pas. C’est un visionnaire qui est arrivé très tôt et qui a eu du mal à faire passer son message à des populations qui n’étaient pas assez alphabétisées. »

C’est Nkrumah qui était dans la vérité. Le temps lui a donné raison, car qu’avons-nous obtenu de solide et de sérieux avec une Afrique divisée en plusieurs petits États ? Il fut combattu pour avoir vu grand, pour avoir dit et répété que seule l’union fait la force. Si les soi-disant présidents modérés l’avaient suivi, notre continent aurait peut-être eu un autre destin, affiché une meilleure mine.

3. Mozambique : la France n'arrive pas à saper l'alliance régionale !

La France s'acharne contre le Mozambique pour pouvoir envoyer ses troupes militaires, mais Maputo n'est pas prêt à ouvrir la porte, et ce, malgré les nombreux bâtons que mettent les Occidentaux dans ses roues.

La multinationale française Total energie se tortille dans tous les sens pour retourner au Mozambique. Même schéma qu'en Syrie ou encore au Mali, une offensive de Daech, les occidentaux étaient sûr que Maputo allait craquer et ouvrir la porte à l'invasion occidentale, amis ce fut un échec.

Le groupe avait déclaré en avril 2021 un soi-disant cas de force majeure après la survenue d’attaques armées dans des localités proches de ses installations. Son top management confirme qu’un retour à la normale n’est pas attendu avant début 2023.

Au cours d'une conférence avec les investisseurs qui s'est tenue le jeudi 28 avril, Patrick Pouyanné, directeur général du groupe TotalEnergies basé en France, a réaffirmé que ses équipes et lui ne reprendront les travaux au Mozambique que s'il a la confirmation que la paix et la sécurité ont été restaurées dans la région où devraient s'exécuter les activités. En d'autres termes, que si le gouvernement mozambicain accepte d'ouvrir la porte aux militaires français et ses alliés occidentaux.

« Nous reprendrons toutes les activités le jour où je pourrai moi-même me rendre à Afungi, Palma et Mocimboa da Praia, car si mes responsables de la sécurité me disent de ne pas y aller, je n'enverrai aucun de mes employés ou entrepreneurs affronter une situation difficile », a-t-il fait savoir, rassurant tout de même que les rapports sur l'évolution de la situation sont prometteurs.

TotalEnergies avait déclaré la force majeure sur ce projet de 20 milliards $, il y a un an, après que des terroristes liés à Daech avaient soudainement fait leur apparition dans la ville de Palma, aux portes des installations de Total dans la province septentrionale de Cabo Delgado. Au-delà du Mozambique, le projet est suivi de près par un groupe d'une trentaine d'investisseurs, dont les États-Unis, le Japon, l'Afrique du Sud, le Royaume-Uni ou encore le Vietnam qui y ont investi via les banques de financement publiques.

En n’étant pas très favorable à une arrivée massive de militaires occidentaux au Mozambique, le président mozambicain a opté pour une alliance régionale

En ayant vu les nombreux exemples à travers le monde, Maputo ne veut en aucun cas que son pays se transforme en un tas de cendre, seulement parce que les États occidentaux veulent prolonger indéfiniment leur présence au Mozambique.

Maputo a donc opté pour un règlement du terrorisme avec les acteurs régionaux.

La Mission de la SADC au Mozambique (SAMIM) a été déployée le 15 juillet 2021, sur approbation du Sommet extraordinaire des Chefs d'État et de gouvernement de la SADC réuni à Maputo (Mozambique), le 23 juin 2021, en guise de riposte régionale visant à soutenir la République du Mozambique dans sa lutte contre le terrorisme et les actes d'extrémisme violent. Le Sommet a noté avec préoccupation la poursuite des actes de terrorisme perpétrés contre des civils innocents, des femmes et des enfants dans certains districts de la province de Cabo Delgado.

Maintenant, d'autres acteurs suivent le pas, au grand dam du patron de Total.

Le Mozambique offre l'accès le plus direct à la mer à son voisin zimbabwéen avec lequel il nourrit une relation étroite depuis l'époque des indépendances, renforcée par une culture commune et une proximité géographique qui pousse aujourd'hui Harare à s'engager dans la lutte contre le terrorisme au Mozambique.

L'Angola a également envoyé plus de troupes pour se battre aux côtés de l'armée mozambicaine. Ce qui fait que le discours du patron de Total nous laisse un tant soit peu perplexes.

Les soldats de la SADC ont repris des villages occupés par les terroristes et neutralisé leurs bases. Le président Cyril Ramaphosa est rentré du Mozambique plein d’éloges pour la Mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe au Mozambique qui, selon lui, a pris le dessus sur une insurrection terroriste de Daech dans la province de Cabo Delgado, au nord du pays.

Après l’évaluation du rapport, le président sud-africain a déclaré qu’il y a eu des « succès notables » dans la lutte contre le terrorisme au Mozambique, où les insurgés sont en fuite après avoir perdu l’initiative militaire pour lancer des raids.

L’Angola, le Botswana, la République démocratique du Congo, le Lesotho, le Malawi, l’Afrique du Sud, la Tanzanie, la Zambie et le Mozambique, pays hôte, sont les États contributeurs de la SAMIM.

Le Rwanda, non membre de la SADC, joue également un rôle majeur dans la lutte contre le terrorisme.

Le bilan est donc positif, et cela n'est-il pas suffisant pour que Total continue de faire son travail ?

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SOURCE: FRENCH PRESS TV