Actualité en Afrique :
Analyses de la rédaction :
Au Mali, l’étau se resserre de plus en plus autour de Barkhane:
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées vendredi soir dans la capitale Bamako pour demander le départ des troupes françaises du pays.
C'est à l'appel du collectif pour la refondation du Mali que plusieurs centaines de manifestants ont réclamé hier soir le départ de la force Barkhane du pays.
Jeamille Bittar est l'un des organisateurs. « Vous savez, quand quelque chose ne marche pas, ce n'est pas la peine d'insister. Tout le monde a compris que l'échec de la France aujourd'hui dans le Sahel est visible. Cette politique néocolonialiste ne peut pas continuer », estime-t-il.
Pour Aboubacar Sidiki Fomba, membre du Conseil national de la transition, Barkhane doit immédiatement quitter le Mali. « La force Barkhane n'a plus de statut juridique au Mali. Nous ne lui faisons plus confiance et on veut qu'elle quitte le territoire avec un plan de retrait immédiat. »
Plusieurs manifestants estiment qu’avec plus de 5 000 hommes sur le terrain, les résultats obtenus par l'opération militaire française ne sont pas satisfaisants. « Ca fait déjà huit ans qu'ils sont là, soit disant pour éliminer les jihadistes, mais ils sont toujours là », dit l'un. « Ça empêche le développement et la cohésion en Afrique et ça déstabilise toute la sous-région. »
Sur des pancartes, ont pouvaient lire entre autres : « Adieu la France » et « la refondation de l'Afrique ».
Si aujourd’hui, nombreuses sont les voix en France qui s’indignent de cette décision prise par les autorités d’un État souverain qu’est le Mali, ces mêmes personnages, quelle que soit leur couleur politique devraient peut-être surtout s’intéresser au ton extrêmement arrogant et irrespectueux qui a été adopté à l’encontre du gouvernement malien par les représentants de l’establishment hexagonal, en premier lieu sieur Le Drian ou encore frau Parly – ministre française des Armées.
D’autre part et ce qui est flagrant, c’est que si le chef de la diplomatie française, connu pour un être un personnage de premier poids du système néocolonial françafricain et un ferme nostalgique de l’ère unipolaire, parle d’une « junte illégitime », en faisant référence aux autorités du Mali, ce personnage devrait peut-être surtout s’intéresser à une véritable junte qui a pris le pouvoir par la violence de groupes extrémistes, bien souvent d’obédience néo-nazie, dans un pays appelé l’Ukraine.
L’autre aspect qui accélère inévitablement la chute pas seulement de la Françafrique, mais plus globalement la vision occidentale du monde en Afrique, c’est ce comportement non seulement des politicards, mais également des prétendus journalistes occidentaux qui souhaitent donner une image de populations africaines incapables de faire les bons choix géopolitiques.
En qualité d’observateur de l’Afrique depuis de bien longues années, et ayant un lien direct avec le continent ne serait-ce que du point de vue biographique, je peux dire sans la moindre hésitation que les dits personnages occidentaux devraient surtout se rendre à l’évidence que les peuples africains n’ont absolument rien à envier en termes de capacités analytiques aux petits chouchous issus des principales écoles de formations occidentales. Des écoles qui ont vraisemblablement oublié de leur apprendre à voir le monde d’un point de vue beaucoup plus large que de leur petit salon parisien, londonien ou new-yorkais.
Plus que cela – dans le monde d’aujourd’hui les Africains ont pris une avance considérable dans la compréhension des perspectives planétaires sur les Occidentaux, bien qu’il soit nécessaire d’indiquer que l’éveil des consciences est un processus qui touche également de très nombreux citoyens des pays de l’Occident. Et ces personnes par ailleurs comprennent parfaitement que la réalité multipolaire est un processus qu’il ne sera pas possible d’arrêter.
Pour finir et en ce qui concerne le risque d’une plus grande rupture encore entre l’État malien et l’establishment élyséen, il faudrait surtout faire remarquer que tout cela n’est que le résultat de l’incompétence au niveau international des élus français. Évidemment, ce sera aux citoyens de France d’en faire le jugement, le tout dans un cadre souverain. Tout comme ils devront apprendre à respecter la souveraineté du Mali et de nombreuses autres nations africaines.
Tout dernier point : si certains pensent qu’il sera possible de stopper la chute pour l’establishment occidental après les événements en cours au Mali – c’est qu’une fois de plus ils se trompent très certainement. L’effet domino se poursuivra fort vraisemblablement à d’autres endroits du continent africain, comme à d’autres endroits du monde.
Avec Mikhail Gamandiy-Egorov, analyste-chroniqueur à l’agence Observateur Continental
RDC/Ouganda: pourquoi le Rwanda est en colère ?
Il y a deux semaines les Américains ont monté tout un scénario dans le nord-est de la Syrie à Hassaké où ils ont fait libérer à l'aide de leurs mercenaires locaux dits FDS des centaines de terroristes de Daech avant de les prendre en charge et de les installer dans des déserts du centre de la Syrie contre l'armée syrienne ou tenter de les envoyer en Irak voisin pour y commettre des attentats.
Voilà un scénario similaire concocté à plusieurs milliers de kilomètres de la Syrie au nord Kivu où des accords militaires signés entre Washington et Tshisekedi ont permis de pareilles mises en scène.
RFI parle d'une attaque en provenance de l'Ouganda. Evidemment. En Syrie c'est la coopération entre l'armée syrienne et irakienne qui gène les USA et leurs acolytes, ici c'est la coopération entre l'armée congolaise et ougandaise et il faut de quoi perturber cette coopération. D'ailleurs le président rwandais baromètre des politiques occidentales dans la région s'était il y a une semaine plaint de n’avoir pas été préalablement prévenu de la coopération militaire entre la RDC et l’Ouganda.
Au cours d’une interview accordée à Jeune Afrique, le président rwandais se plaint du fait que les deux pays voisins, la République démocratique du Congo et l’Ouganda, ne l’ont pas préalablement prévenu avant le lancement des opérations militaires conjointes qui consistent à traquer les terroristes de l’ADF.
« Nous n’avons été prévenus ni par la RDC ni par l’Ouganda. Ce n’est qu’au bout d’un mois que l’on a reçu des explications », déplore Paul Kagame.
Le Rwanda et toutes les autres parties prenantes aux conflits armés qui secouent la RDC depuis trois décennies ont toujours évoqué des considérations politiques, ethniques et surtout sécuritaires pour justifier les interventions militaires répétées et le soutien aux milices locales. Pourtant, l’est de la RDC est une des régions minières les plus riches du monde, on y trouve notamment d’immenses réserves de coltan, mais aussi de l’or et d’autres métaux précieux ou des terres rares, utilisées dans les technologies numériques.
Malgré le départ du président Joseph Kabila et le réchauffement diplomatique entre le Rwanda et la RDC sous la houlette du président Félix Tshisekedi, les incursions illégales de l’armée rwandaise sur le sol congolais se poursuivent.
Le régime de Paul Kagamé a su adapter sa politique étrangère et sa stratégie d’exploitation du Congo oriental face à ses homologues successifs, de Laurent-Désiré Kabila à Félix Tshisekedi, en passant par Joseph Kabila. En témoignent les accords signés en juin 2021 sur l’or. Kagamé a su profiter de la volonté du président Tshisekedi de renouer des relations avec lui pour « réguler » ce secteur… et aboutir à ce que l’or congolais soit transformée dans une fonderie rwandaise. Ainsi, la prédation pourra perdurer légalement.
En effet, comme on a déjà vu à travers le monde, là où les États-Unis mettent le pied, il est clair qu’il faut s’attendre à ce que des scénarios tordus apparaissent. Mais d’un autre côté, la décision de la RDC de se rapprocher davantage d’Ouganda pourrait être un bon pas vers la neutralisation des complots US-OTAN et le renforcement des coalitions interafricaines initié depuis le Sahel.
Burkina échappe aux sanctions de la CEDEAO:
Les dirigeants de la Communauté des États ouest-africains (Cédéao), réunis jeudi 3 février à Accra, ont décidé de ne pas imposer de nouvelles sanctions au Burkina Faso où des militaires ont pris le pouvoir le 24 janvier. Cette décision a été annoncée alors que les chefs d'États et des gouvernements des pays de la Communauté économique des États de l'Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avaient adopté quelques semaines plus tôt de lourdes sanctions contre le Mali en réponse au retard pris dans la tenue des élections après une transition de 18 mois.
Pourquoi ce deux poids deux mesures vis-à-vis du Burkina et du Mali ?
Luc Michel, géopoliticien nous en dit plus.