À l’image de tous les médias mainstream, l’Américain Axios ment quand il affirme dans son numéro du mercredi 16 juin qu’Israël de Naftali Bennett aurait décidé d’adopter le « profil bas » face à l’axe de la Résistance, « le Hezbollah, le nucléaire iranien et la Palestine », rien que pour « s’adapter à la ligne de l’Américain Joe Biden ».
Le plus juste aurait été de reconnaître que l’entité sioniste y a été forcée, non par le couple Biden-Austin, lui-même aux prises avec la Résistance à travers tout le Moyen-Orient, en Irak, au Yémen et en Syrie, en terre et en air tout comme en mer et ce, de la pire des manières, mais par cette spectaculaire opération militaire « Épée de Qods », d’une complexité totalement inouïe, et dont les ondes de choc ont même atteint le « Maghreb » où le chef du bureau politique du Hamas s’est rendu, en première visite officielle, et plus précisément à Rabat, sous le barbe et le nez d’un ambassadeur d’Israël « sans ambassade fixe » à qui aucun Marocain ne daigne louer un immeuble !
Yoram Schweitzer, expert sioniste en guerre asymétrique en basse intensité et chercheur à l’université Tel-Aviv y voit même la manifestation par excellence de cette « doctrine de guerre asymétrique », issue, d’un « pacte de Défense commune » de la Résistance auquel a travaillé pendant plus de 20 ans, le feu Soleimani.
« Aucune des composantes de l’axe de la Résistance n’a adopté une posture identique au cours des 11 jours qu’a duré le conflit, mais le discours de ses principaux dirigeants, commandants du CGRI, Nasrallah, Sinwar et les autres l’ont tous prouvé, l’opération répondait à une planification parfaitement synchrone, basée sur des expériences militaires acquises au gré des guerres successives par le Hezbollah, Ansarallah, Gaza et évidemment l’Iran. Ce plan fut pour le reste mis à exécution étape par étape et pendant seulement 11 jours, pour un résultat terriblement alarmant pour Israël, à savoir la recentralisation de la question de Qods de façon à briser la dynamique de normalisation ».
Et l’article de conclure : « Israël est-il désormais à même de disposer de ce formidable arsenal régulier qu’il possède ? Bien sûr que non. Tous nos mouvements à Jérusalem devraient être mesurés et c’est là un autre pan des accords d’Abraham qui part en fumée. À la Marche des drapeaux de mardi, l’armée israélienne et les manifestants ont été contraints à éviter les quartiers palestiniens et à les éviter soigneusement ! N’est-ce pas là encore un retrait militaire et l’aveu de l’échec de nos coopérations avec l’AP et son appareil de sécurité et de nos craintes de voir déjà la Cisjordanie basculer dans le camp du Hamas ?
Arnaud Develay, juriste international et Luc Michel, géopoliticien s’expriment sur le sujet.