Paru sur Twitter comme « vérifié », le compte de Bana Alabed, une fillette syrienne de huit ans qui raconte en anglais les horreurs de la guerre qu’elle vit au quotidien, compte près de 360 000 abonnés. Les médias opposés aux autorités syriennes officielles ont fait de ce personnage une véritable icône de la guerre civile, une « Anne Frank d’Alep ».
En décembre 2016, le journal allemand Stern a publié sur son site web l’histoire de Bana. Considérant l’histoire comme inventée de toutes pièces, le blogueur Jens Bernert avait accusé l’hebdomadaire en question de propagande, mais s’était vu traîné par lui en justice. La cour a pris le parti de l’auteur de l’article Marc Drewello et de la maison d’édition et a interdit à Bernert de formuler de nouvelles allégations similaires sous peine d’une amende dont le montant pourrait atteindre 250 000 euros.
Mais ce n’est pas tout, car dans son discours à l’Assemblée générale de l’ONU, le président français Emmanuel Macron a mentionné le nom de cette fillette et lui a même répondu sur son compte tweeter en lui promettant d’aider le peuple syrien à arrêter cette guerre !
Ce n’est pourtant pas la première fois qu’un enfant est utilisé comme instrument de propagande contre le gouvernement syrien.
L’histoire tragique du petit garçon syrien Omran Daqneesh, dont les photos ont été diffusées l’année dernière comme le témoignage d’« horreurs » commises par l’armée syrienne est également un autre exemple de cette instrumentalisation. Le regard hagard, blessé et couvert de poussière, le petit Omran Daqneesh, dont la photo a fait le tour du monde, a en effet personnalisé l’horreur du conflit syrien aux yeux du public occidental. Pour beaucoup d’analystes, il s’agit d’une démarche systématique reprise à l’occasion de nombreux conflits, dans laquelle les Anglo-Saxons sont passés maîtres.
Bassam Tahhan, analyste franco-syrien des questions internationales, nous a accordé un entretien dans lequel il relève les coulisses de cette instrumentalisation.
