Une cérémonie religieuse musulmane venait à peine de commencer à Yangon, dans le sud de la Birmanie, lorsque des bouddhistes radicaux ont fait irruption dans le lieu de célébration en demandant son annulation, ce qui a provoqué une cohue générale.
Le président de l’Association des oulémas musulmans de Birmanie a déclaré avec stupéfaction : « Nous avons toujours célébré cette cérémonie. C’est une atteinte à la liberté de culte. Sans explication, des bouddhistes sont venus l’annuler. »
Selon l’AFP, les forces de police ont été dépêchées sur les lieux, mais n’ont pas procédé à l’arrestation des bouddhistes.
Tin Maung Tun, vice-président du comité exécutif de la cérémonie, a précisé que les bouddhistes nationalistes cherchaient à créer des dissensions politiques. « Cela fait 7 ans que nous organisons cette cérémonie sans violence et le motif de l’irruption d’aujourd’hui est purement d’ordre politique », a-t-il indiqué.
Les musulmans rohingyas de Birmanie, surtout de l’État de Rakhine, sont persécutés depuis 2012. Des bouddhistes radicaux s’opposent à la tenue des cérémonies musulmanes et détruisent les mosquées.
Cette dernière irruption dans la ville de Yangon a eu lieu alors que les forces gouvernementales birmanes s’en prennent depuis début octobre 2016 à une région limitrophe du Bangladesh où la majorité de la population est composée de musulmans rohingyas. Sous prétexte d’une attaque contre les gardes-frontières, des opérations militaires ont commencé dans cette région à majorité musulmane. Elles ont fait des dizaines de morts et environ 50 000 musulmans se sont réfugiés au Bangladesh.
Selon plusieurs ONG, l’État birman nie tous ces actes de violence et les qualifie de « mensonges » propagés par des « terroristes ». Il s’abstient d’accorder aux 1,3 million de musulmans de Birmanie tout droit à la citoyenneté. En effet, depuis 1982, les musulmans rohingyas sont privés de la citoyenneté birmane.