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Choukri, victime des tensions égypto-saoudiennes ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
L’Arabie saoudite réclame la destitution du ministre égyptien des Affaires étrangères. (Photo à titre d'illustration)

L’Arabie saoudite a réclamé la destitution du ministre égyptien des Affaires étrangères et lui impute la responsabilité des dissensions entre Riyad et Le Caire.

Selon le quotidien égyptien al-Mesryoon, l’Arabie saoudite a assujetti le règlement de ses problèmes avec l’Egypte à la destitution de Sameh Choukri, ministre égyptien des Affaires étrangères, accusé d'avoir engagé la détérioration des relations entre Le Caire et Riyad.

Par ailleurs, Riyad reproche au Caire de vouloir normaliser ses relations avec Téhéran et s'offusque de la récente rencontre de Sameh Choukri avec le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, en marge de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies, en septembre dernier.

Mohammad Javad Zarif (D) discute avec son homologue égyptien Sameh Choukri, à Djakarta, en Indonésie, le 6 mars 2016. ©AP

Une source diplomatique égyptienne a confié à al-Mesryoon que l’Arabie saoudite était contrariée par la présence des Égyptiens au quatrième Sommet afro-arabe, boycotté par Riyad et huit autres pays arabes dont le Maroc.

Sameh Choukri contre les pensées wahhabites de Riyad

Mais la participation de l’Egypte au Sommet afro-arabe et la rencontre entre messieurs Choukri et Zarif ne sont pas les seuls facteurs de l'irritation de Riyad.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères a récemment dénoncé les pensées wahhabites des dirigeants saoudiens, les qualifiant de source d’émergence du terrorisme. En plus, il s’est dit favorable aux politiques du nouveau président libanais Michel Aoun, important allié du président syrien Bachar Assad.  

Le président libanais Michel Aoun (D) rencontre Sameh Choukri, au palais présidentiel de Baabda, à l'est de Beyrouth, au Liban, le 16 novembre 2016. ©AP

Sameh Choukri était le premier ministre des Affaires étrangères d’un pays arabe à se rendre à Beyrouth après l’élection de Michel Aoun. Il y avait rencontré le nouveau président, le président du Parlement Nabih Berry et Saad Hariri, le Premier ministre chargé de former le nouveau gouvernement.

Pas de soutien à l’Arabie saoudite chez les Égyptiens

Par ailleurs, la réaction mitigée de la diplomatie égyptienne à l’adoption de la loi « Jasta » décourage les dirigeants des Ale Saoud quant au moindre soutien pro-saoudien de la part du Caire.

En réaction à la demande de l’Arabie saoudite de destituer le chef de la diplomatie égyptienne, Le Caire a déclaré qu’une telle demande constituait une ingérence flagrante dans les affaires intérieures de l’Egypte.

Les tensions égypto-saoudiennes en phase irréversible

Dans la foulée, Abdallah al-Achaal, ancien vice-ministre égyptien des Affaires étrangères, a déclaré que les différends entre Riyad et Le Caire ne seraient pas réglés avec la destitution de Sameh Choukri.

« Si les relations entre Riyad et Le Caire devaient être normalisées avec la destitution de Sameh Choukri, Abdel Fattah Al-Sissi y aurait déjà pensé mais les tensions sont à un niveau irréversible », a-t-il affirmé.

Et d’ajouter: « Il se peut que le roi Salmane et Al-Sissi soient divisés au sujet des Frères musulmans. L’Arabie saoudite a aidé Al-Sissi à mettre de côté les Frères musulmans mais elle ne voulait pas que le nouveau président égyptien les disperse dans d’autres pays. C’est justement sur ce point que l’Arabie saoudite et l’Egypte ont commencé à se quereller, d’autant plus que les Saoudiens et les Frères musulmans partagent des intérêts communs et que Riyad les exploite pour garantir ses intérêts dans les pays arabes du golfe Persique. Je pense que l’Arabie saoudite pourra toujours manipuler le pouvoir en Egypte grâce à ses pétrodollars. Quelle que soit leur volonté, les autorités égyptiennes savent très bien qu’elles ne pourront pas survivre sans les fonds des Ale Saoud. »

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SOURCE: FRENCH PRESS TV