La publication de rapports attestant de la formation de l’armée de l’air saoudienne par les officiers britanniques et de la vente d’armes de Londres à Riyad a soulevé de nombreuses protestations dans tout le Royaume-Uni.
Les « bavures » et les frappes contre des cibles civiles au Yémen se répètent, et des voix du monde entier s’interrogent. Pourtant, l’Arabie saoudite ne semble pas embarrasser certains de ses meilleurs alliés.
Tony Gasling, journaliste et analyste anglais, a été interrogé sur la question par la chaîne Press TV. Le gouvernement de Londres est vivement fustigé, au sein même du Royaume-Uni, par les partis politiques britanniques, notamment les Libéraux-démocrates. Ce sont ces derniers qui avaient révélé le partenariat « tacite » entre l'Arabie saoudite et le Royaume-Uni, en vertu duquel Londres fournit à Riyad une aide logistique et une formation spécialisée à destination des aviateurs saoudiens.
Le gouvernement britannique est accusé de renflouer ses caisses en vendant des armes à Riyad, qui s’en sert pour mener sa guerre au Yémen et massacrer des civils innocents.
« L'alliance de Londres à Riyad ne repose que sur une question pécuniaire. Le revenu annuel des sociétés britanniques qui vendent des armes à l’Arabie saoudite est estimé à 3,3 milliards de livres sterling. Nombreux sont ceux qui croient que le massacre des Yéménites devrait être considéré comme un crime de guerre », précise le Britannique Tony Gasling.
« Presque toutes les cibles militaires au Yémen ont été détruites. Alors, pourquoi la guerre devrait-elle continuer ? Le monde entier souhaite que la lumière soit faite sur cette ignominie de Riyad », a-t-il poursuivi.
Et d'ajouter :
« Le Moyen-Orient est en décomposition et connaît une grande instabilité. C’est le sort de tous les pays qui ne suivent pas les diktats des États-Unis et d’Israël. Les lois de la guerre sont bafouées au Yémen par l’Occident, qui privilégie le confort et l’hégémonisme d’Israël. »
D’autre part, il a évoqué l’alliance du président démissionnaire Mansour Hadi avec Riyad, disant que « Hadi ne mérite pas d’occuper le poste de président ».
Tom Brick, le porte-parole du service international du Parti libéral britannique, a exigé du ministère de la Défense de son pays qu'il mette immédiatement fin à la formation des aviateurs saoudiens et qu'il restreigne l’exportation d’armes à l’Arabie saoudite.
Dès la première année de l’offensive saoudienne contre le Yémen, Londres a vendu pour 3,3 milliards de livres d’armes à Riyad. 2,2 milliards de cette vente concernaient des avions, des hélicoptères et des drones. Le reste avait été déboursé pour des bombes, des grenades et des missiles. Un accord sur la vente de véhicules blindés et de chars pour un montant de 430 000 £ avait été aussi mis en application.
Malgré les multiples révélations et tapages médiatiques des organisations internationales autour de ces aides financières et logistiques apportées à la coalition saoudienne, Londres continue d’être l'un des principaux alliés du régime de Riyad.
Dans les décombres des maisons yéménites, on retrouve toujours des fragments d’armes fabriquées aux États-Unis et au Royaume-Uni. Selon les statistiques officielles du Mouvement de lutte contre le commerce des armes, l’Arabie saoudite est le plus grand importateur d’armes britanniques. Depuis 2010, elle a acheté des équipements militaires pour un montant de 6,7 milliards de livres.
Outre le Comité permanent du développement international de la Chambre des communes du Royaume-Uni, le Parlement européen et l’Observatoire des droits de l’homme ont demandé le boycott des ventes d’armes à l’Arabie saoudite.
Rappelons que l’offensive saoudienne contre le Yémen, le pays le plus pauvre du golfe Persique, a débuté en 2015 dans le dessein de faire revenir au pouvoir le président démissionnaire Mansour Hadi et d'affaiblir le mouvement Ansarallah (les Houthis). Depuis, le chaos entraînant le chaos, cette guerre a fait plus de 10 000 victimes parmi les civils yéménites, selon l’ONU.