L'éditorialiste de "Ray al Youm", Abdel Bari Atwan, a évoqué les frappes aériennes de samedi des avions saoudiens à Sanaa pour prévoir un tournant dans la guerre que mène Riyad contre le Yémen :
"L'Arabie saoudite a regretté les frappes contre une veillée funèbre à Sanaa sans les avoir revendiquées, signe que Riyad se trouve confronté à une réelle crise aux dimensions régionales et internationales."
"La lettre que l'ambassadeur saoudien à l'Onu a envoyée au Conseil de sécurité constitue un aveu à mots couverts quant à la responsabilité qu'est celle de Riyad dans le carnage à Sanaa. Mais les crimes de guerre s'effacent-ils derrière les regrets? Les commandants saoudiens disent n'avoir ordonné aucun vol le jour de l'attaque au-dessus de Sanaa mais ils mentent lamentablement car qui d'autre qu'eux pourrait avoir bien lancé ses avions à l'assaut de Sanaa ?", s'interroge Atwan.
Il poursuit :
"Mais Riyad réalise-t-il un instant l'erreur monumentale qu'il vient de commettre en bombardant de la sorte la capitale yéménite? Cette attaque fait perdre la place dont jouit l'Arabie au sein de la coalition arabe. Pire, elle a fourni une occasion en or à l'alliance Houthis-Saleh pour qu'elle mobilise le peuple yéménite. Des appels à la mobilisation générale ont été largement entendus et les Yéménites se rendent en ce moment même sur les frontières du sud pour en découdre avec l'agresseur."
"Une première riposte n'a d'ailleurs pas tardé à tomber : la base militaire saoudienne Malik Fahd a été prise pour cible d'un missile balistique yéménite. C'est une base située à 500 kilomètres de Sanaa, ce qui prouve que les Yéménites possèdent des engins capables d'atteindre d'autres villes saoudiennes, Jeddah, Riyad, entre autres".
"La réalité est que la guerre au Yémen évolue et change de forme et ce changement ne profite nullement à l'Arabie saoudite. L'attaque contre la base militaire 'Malek Fahd", combinée au tir de missile contre un navire de guerre émirati au large de Taëz est à conjuguer au désormais refus flagrant de Washington à apporter son soutien militaire et en renseignement à la coalition. Au bout de 18 mois de folle équipée militaire, il est temps que Riyad se ressaisisse puisqu'il y a péril en la demeure"!