Des plages inondées de policiers dans quatre villes françaises. La traque au burkini est lancée à Cannes, Sisco, Villeneuve-Loubet et au Touquet. Ses premières victimes paient des amendes pour avoir porté un maillot de bain recouvrant le corps et la tête des femmes.
38 euros pour non-respect des règles imposées tout récemment et interdisant le port du burkini. Et c'est Manuel Valls en personne qui apporte son soutien à ces quatre maires, partisans de la laïcité à la française. "Pas compatible avec les valeurs de la France et de la République", considère le Premier ministre.
La communauté musulmane de France se dit pourtant pour le moins étonnée par l'interdiction du burkini. Une démarche ridicule, selon Saïd Branine, fondateur et directeur du site Oumma.com destiné à la communauté musulmane francophone.
"C'est perçu déjà comme une décision totalement ridicule. Pendant des années il y a eu des polémiques sur le voile. Maintenant c'est sur le port du burkini. On voit bien qu'en France les politiques, qui sont incapables de résoudre les problèmes économiques et sociaux, se rabattent sur des sujets complètement sans intérêt tels que le port du voile hier et aujourd'hui le port du burkini. Cela en dit long sur l'impuissance et le niveau de la classe politique en France. Les musulmans ne comprennent pas en quoi le port du burkini serait une atteinte aux valeurs de la République, ou serait une atteinte à la laïcité", confie Saïd Branine à Sputnik.
Alors que des arrêtés interdisant le burkini se multiplient en France, les musulmans français ne baissent pas les bras. L'entrepreneur Rachid Nekkaz, qui s'était notamment fait connaître en déclarant sa candidature à la présidentielle française en 2006, se propose de payer les amendes anti-burkini. D'autre part, des voix se lèvent au sein de la communauté musulmane pour attaquer en justice des arrêtés pris par des maires anti-burkini. C'est notamment l'objectif du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF). Saïd Branine fait remarquer que la loi ne permet pas l'interdiction du burkini :
"Le dossier va être porté au Conseil d'État et on verra bien ce qu'il en dira. La décision doit être prise dans les 48 heures mais il est évident que le Conseil d'État va annuler ces arrêtés qui n'ont aucun sens. Demain, si on interdit les burkinis, on peut interdire les kippas, la tenue des prêtres, la tenue des religieuses. On voit bien que c'est un débat sans fin, totalement ridicule, un débat totalement franco-français."
Sputnik