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Attentat de Nice: Les actes islamophobes vont-ils se multiplier en France?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le 16 juillet 2016, des musulmans viennent rendre hommage aux victimes. ©JDD

Depuis l’attentat de Nice, la communauté musulmane craint les amalgames et une montée de l’islamophobie en France. Si pour l’heure aucune donnée officielle ne permet de mesurer l’ampleur des agressions à caractère islamophobe et/ou raciste, des incidents commencent cependant à être relayés par les médias.

Dans la nuit de mardi à mercredi, une mosquée de Bron, près de Lyon, a été profanée. Une inscription menaçante « dehors ou la mort » a été tracée sur le mur de l’enceinte. Et dans la nuit de mercredi, d’autres inscriptions signées « La milice catholique » ont été découvertes sur des murs de Lyon : « bicot, islam, dehors ou la mort », « anti-bicot, anti-islam », « la milice pour tuer », pouvait-on lire.

 

Des tags islamophobes menacent de mort les musulmans à Lyon

 

Plusieurs cas d’agressions verbales à Nice

Ces derniers jours, plusieurs vidéos sont également apparues sur les réseaux sociaux, montrant de vives altercations à caractère raciste et islamophobe à Nice. Dans l’une d’entre elles, un homme lance : « Retournez d’où vous venez » à une femme qui lui rétorque : « Je suis née en France monsieur ». Avant l’intervention de la police pour disperser la foule.

Toujours à Nice, dans une autre vidéo, un homme déclare : « oui, je suis islamophobe. » « J’ai dit que l’islam est incompatible avec l’Occident. Le Coran est incompatible avec le mode de vie occidental, et je le maintiens », poursuit-il.

D’autres incidents de ce type ont eu lieu sur la Promenade des Anglais depuis la nuit du drame, témoigne aussi Feiza Ben Mohamed, porte-parole de la Fédération des musulmans du Sud : « Je m’y rends tous les jours depuis le 1er juillet, et à chaque fois j’ai été témoin d’éclats de voix. Des femmes se font traiter de "sales voileuses", de "sales arabes", on leur dit "cassez-vous", "vous êtes complices des terroristes" », raconte-t-elle. Des agressions verbales qui touchent principalement des femmes et sont « généralement commises par des hommes d’âge mûr, parfois accompagnées de leurs femmes qui prennent le relais », poursuit-elle.

 

La fille d’une victime prise à partie sur les lieux du drame

Hanane Charrihi, la fille de Fatima Charrihi, une Marocaine, première victime à avoir été identifiée lors des attentats de Nice le 14 juillet dernier, déplore dans un témoignage publié par l'Obs les réactions islamophobes dont elle et sa famille ont été victimes quelques jours après le drame.

« Lundi, sur la Promenade des Anglais, j’ai ressenti avec ma famille le besoin de venir déposer des fleurs en hommage à ma mère. Sur le chemin, nous avons été alpagués par un homme qui nous a dit :

"On ne veut plus de vous chez nous."

Ça m’a fait de la peine, mais j’ai préféré ne pas réagir. Plus tard, un homme assis à la terrasse nous a balancé :

"Maintenant, vous sortez en meute."

Cette fois-ci, je n’ai pas pu m’empêcher de lui dire que nous étions en deuil, que notre mère faisait partie des victimes. Il nous a rétorqué :

"Tant mieux, ça fait un en moins."

Je me suis mise à trembler de tous mes membres, mais j’ai réussi à garder mon sang-froid. Ma sœur a commencé à lui crier dessus. Lui s’est levé et nous a menacé de nous frapper. Nous sommes partis en vitesse. »

 

Moins de manifestations hostiles qu’après les attentats de 2015

Outre ces tensions dans la cité de la baie des anges, quelques autres cas d’actes racistes et/ou islamophobes commencent à remonter. « Pour l’instant, nous avons été saisis par une dizaine de personnes qui ont été prises à partie dans différentes régions de France. On leur demande de » rentrer chez elles «, on leur dit qu’elles sont responsables de ce qui est arrivé », témoigne Marwan Muhammad, directeur du Collectif contre l’Islamophobie en France.

Pour faire face à un éventuel surplus d’appels, la permanence téléphonique du collectif a d’ailleurs été renforcée. « Mais je ne pense pas que les agressions seront aussi nombreuses qu’après les attentats de janviers 2015 où nous avions recensé 200 incidents dans le mois qui suivait, et ceux de novembre 2015, où nous en avions répertorié une centaine le mois d’après », estime-t-il. Même son de cloche chez le délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, Gilles Clavreul : « Après les attentats de janvier 2015, nous avions recensé 178 actes anti musulmans en trois semaines, alors qu’il y en avait eu 133 sur toute l’année 2014. Concernant Nice, il est trop tôt pour nous prononcer. Mais nous restons vigilants à l’égard des propos haineux et faisons tout pour contenir ces phénomènes », affirme-t-il.

Le combat est aussi livré sur Internet : « Depuis le 14 juillet, j’ai signalé au procureur de la République huit contenus appelant à la haine anti musulman publiés sur les réseaux sociaux ou sur des sites institutionnels. Car il n’y aura pas d’immunité », affirme-t-il. Au CCIF, comme à la Fédération des musulmans du Sud, on tente aussi de persuader les personnes agressées de porter plainte : « On insiste sur le fait que cette démarche est utile, car les auteurs de ces actes finissent par être condamnés », souligne Marwan Muhammad.

 

Source: 20minutes.fr et l'Obs

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SOURCE: FRENCH PRESS TV