L'une des curiosités induites par la guerre en Syrie, reste le phénomène de la mainmise sur l'information en provenance de ce pays par une mystérieuse organisation dite «Observatoire syrien des droits de l'homme» [Osdh] dirigé par un homme - commerçant de son état - Rami Abdul Rahman.
Cet homme, installé depuis 2000 à Coventry, dans le centre de l'Angleterre, a ainsi réussi l'exploit de devenir l'unique source pour les médias et la presse occidentaux [plus curieux, sinon plus grave, l'ONU utilise l'Osdh pour ses bilans du conflit syrien] pour tout ce qui se passait en Syrie. Cette dépendance d'une seule source d'information est assez rare, en temps de guerre, pour être relevée. En effet, les temps où les grandes agences de presse et les médias conséquents entretenaient des envoyés spéciaux [reporters de guerre] pour informer leurs lecteurs et auditeurs semblent bien révolus.
Ainsi, les agences de presse diffusent, ont diffusé, sur la Syrie des informations invérifiables émanant d'une seule source. Ce qui n'est ni professionnel ni crédible. Dès lors, la guerre en Syrie, outre d'avoir mis un terme au journalisme de terrain cher à Albert Londres, Joseph Pulitzer et autre Joseph Kessel, précurseurs du grand reportage, a fait de la désinformation et de la propagande son credo. Ainsi, de grandes agences, telles que la française AFP, la britannique Reuters et l'états-unienne AP, répercutent de graves informations - sans qu'elles se donnent la peine d'en vérifier la véracité et de la recouper par d'autres sources indépendantes - reprises telles quelles par la presse mondiale.
Or, depuis le début de la guerre en Syrie ces faits ont eu une seule source, l'«Osdh» dont le siège est basé à Coventry en Angleterre. C'est donc à quelque 5000 km des lieux de combats en Syrie que l'Osdh - et son directeur, Rami Abdel Rahman - informe(nt) le monde de la «réalité» de la guerre dans l'ancien pays du Cham. Or, c'est à cette unique source que s'«abreuvaient» [s'abreuvent] les médias occidentaux.
L'Osdh, une officine mystérieuse surgie du néant accompagne ainsi le conflit syrien depuis ses prolégomènes, semant désinformation et propagande d'un opposant au régime de Damas. Or, les informations, souvent douteuses, et à sens unique, sont prises comme argent comptant par les agences et les journaux occidentaux qui répercutent complaisamment des nouvelles généralement invérifiables, sinon infondées. Un comble pour une profession censée donner des événements des informations crédibles.
Ainsi, des médias nourris à la sacro-sainte déontologie de presse se surprennent à reprendre et donner en confiance une information orientée et malveillante. Un exemple entre mille: selon l'Osdh, l'armée syrienne (que l'AFP qualifie de «troupes de Bachar al-Assad») tue civils, femmes et enfants, quand les rebelles et les groupes terroristes ne s'en prennent qu'aux militaires. Les raids de la coalition menée par les Etats-Unis ne tuent que les terroristes, alors que les frappes de la Russie tuent eux des civils. Il est évident que dans une guerre, les dommages collatéraux existent et ce sont les civils qui paient, mais en attribuer les effets au seul régime syrien, tout en exonérant les rebelles de toute atteinte contre les civils, c'est à tout le moins discutable.
Or, depuis cinq ans l'Osdh martèle que [seul] le régime syrien tue les «civils» fantasmes repris en chœur par la presse occidentale. De nombreux journaux pourtant sérieux - comme Le Monde - y ont perdu leurs âmes et leur fiabilité. Qui est donc, ce Rami Abdul Rahman, qui s'est imposé à la presse occidentale comme source unique d'information sur le conflit syrien?
De son vrai nom Oussama Suleiman, Rami Abdul Rahman, opposant au régime d'al-Assad a quitté la Syrie en 2000, c'est-à-dire coupé de la réalité syrienne depuis au moins onze ans à l'époque du début des événements en mars 2011. Il a créé en 2006, l'Osdh dont il est le directeur et l'unique «informateur» recevant de Syrie des nouvelles d'inconnus - il a admis qu'il ne connaissait pas tous ceux qui lui envoient des informations sur la guerre - ce qui n'est pas du tout professionnel. Les ONG crédibles travaillent autrement, disposent de fichiers de leurs correspondants, leurs antécédents, leurs probités. L'Osdh est au final un seul homme, loin du terrain des affrontements.
Pourtant, c'est avec lui que la presse occidentale travaille. Sérieusement, peut-on dire aux gens voilà la réalité de la guerre en Syrie à partir d'un magasin de prêt-à-porter, aux fins fonds de l'Angleterre? C'est cependant avec ces fausses informations qui confinent à l'arnaque que sont alimentées les agences de presse citées plus haut qui à leur tour servent des «grosses» boîtes comme la BBC, le New York Times ou CNN, qui le répercutent à travers le monde. Le hic est que des médias, par ailleurs respectables, distillent des infos inexactes sur la réalité de la guerre en Syrie. Toutefois peut-on croire qu'un organisme, aussi puissant soit-il, puisse avoir l'omnipotence dont bénéficie l'Osdh, si quelqu'un n'en a pas décidé ainsi? C'est l'un des mystères qui se pose quant au pourquoi de la guerre en Syrie !