Le jury du 69e Festival de Cannes, présidé par l'Américain George Miller, vient de décerner deux Prix au film d'Asghar Farhadi, Le Client (Foroushande).
Le cinéaste iranien Asghar Farhadi, l'esprit vif, le perspicace, le "penseur" pour reprendre le propos de l'un de ses acteurs fétiches Shahab Hosseini lors de la conférence de presse du 21 mai à Cannes, plus remarquable par la sagacité de ses vues que par l'éclat de son style, a déjà dans son palmarès tous les prix les plus prestigieux du monde.
Depuis quelques années, chaque aventure cinématographique de Farhadi est couronnée de prix et chaque acteur ou actrice qui s'aventure avec lui, peut espérer la consécration.
Hier soir, lors de la cérémonie du Palmarès du 69e Festival de Cannes, Le Client a brillé de mille feux. Comme dit le proverbe iranien, la troisième fois c'est la bonne ! Après deux collaborations très remarquées dans A propos d'Elly (2009) et Une séparation (2011), Shahab Hosseini a remporté le Prix d'interprétation masculine. Et le Prix du scénario a été décerné à Asghar Farhadi chez qui le thriller psychologique a atteint ses sommets.
"Dieu soit loué ! Je remercie Dieu de m'avoir accordé cette merveilleuse soirée. Et je suis certain que mon père, de là où il est, c'est-à-dire du paradis, me regarde. Bénit soit-il ! Toute ma gratitude va au directeur du Festival de Cannes et au directeur du jury. Je remercie aussi Asghar Farhadi de m'avoir accordé une nouvelle fois sa confiance, l'équipe du tournage et surtout Taraneh Alidousti pour toute son énergie positive. A vrai dire, je dois ce prix au peuple de mon pays. Or, c'est à lui que je le décerne, du fond de mon cœur et avec tout mon amour ", a déclaré Shahab Hosseini lors de la remise de son prix.
Une litanie de remerciement pour le jeune acteur iranien de 42 ans pour qui cette troisième collaboration avec Asghar Farhadi marque le début d'une carrière encore plus fructueuse.
Dans Le Client, Il interprète le rôle de Emad, un féru de littérature qui avec sa femme Rana (Taraneh Alidousti) répètent en amateurs une pièce de théâtre d'Arthur Miller, Mort d'un commis-voyageur. Mais la vie du couple va très vite basculer: forcés de déménager sous la menace de l'effondrement de l'immeuble où ils vivaient, Emad et Rana vont emménager dans un nouvel appartement où la vie dissolue de son ancienne locataire va venir porter atteinte à leur propre vie et distiller un venin qui dévorera peu à peu le lien qui les unit. Un drame conjugal dont Asghar Farhadi et les acteurs avec qui il a collaboré, ont l'habitude de traiter.
"Mes films ne sont pas des films joyeux mais avec tous les prix qu'ils ont pu remporter jusqu'à présent, je suis heureux d'avoir suscité le bonheur des Iraniens", a déclaré le cinéaste iranien devant l'auditoire présent à la cérémonie du Palmarès.
C'est le film social du Britannique Ken Loach, Moi, Daniel Blake (I, Daniel Blake), qui est reparti avec la Palme d'or, mais le palmarès de l’édition 2016 du Festival de Cannes s'apparente à un plébiscite pour le septième art iranien, rappelle la presse française.