Lorsque Kasthuri Munirathinam a rampé hors de la fenêtre d'un appartement au deuxième étage d'un immeuble à Riyad, elle a eu vraiment peur pour sa vie.
L'indienne de 55 ans, originaire de l'État méridional du Tamil Nadu, avait toutes les bonnes raisons pour vouloir échapper à son employeur chez qui elle travaillait comme aide domestique, situation qui lui pesait sur l'estomac. Son séjour en Arabie Saoudite n'a duré que deux mois.
«Je pensais qu'ils allaient me tuer. Je devais m'échapper. Ils ne m'ont pas donné assez à manger. Ils avaient mon salaire, mon passeport, mon téléphone ", a déclaré Munirathinam à la Fondation Thomson Reuters dans une interview à son domicile à Vellore, à 150 km de Chennai.
La tentative désespérée de Munirathinam en septembre dernier, après avoir été amputé d'une main par son employeur, a eu un large echo dans les medias internationaux.
Les Vidéos et photos de Munirathinam couché dans un lit d'hôpital, son bras lourdement bandé, ont incité les ministère des Affaires étrangères de l'Inde à se plaindre auprès des autorités saoudiennes. Bien que les détails exacts restent floues, la police saoudienne a déclaré que le bras de Munirathinam avait été amputée en raison des blessures qu'elle avait subi en tombant du haut de l'immeuble.
En 2015, plus de 700.000 Indiens se sont déplacés vers les pays du golfe Persique où l'aide domestique est en forte demande.
Depuis les années 1980, l'Inde a signé divers accords avec les Etats du golfe Persique pour garantir la protection et le bien-être des travailleurs indiens. Mais cette nouvelle série d'accords n'a pas été perçue par les militants comme susceptible d'arrêter le trafic humain.
"Les accords bilatéraux permettent à plus de personnes d'obtenir des emplois et d'effectuer des envois de fonds, mais n'incluent pas la protection du travailleur et de ses droits fondamentaux », explique Bernard D'Sami, coordinateur de Initiative Migrant Arunodhaya; une organisation non gouvernementale située à Chennai, travaillant sur l'immigration clandestine.
«Les gens arrivent dans le pays de leur choix sans arriver à trouver un contrat de travail ou un permis de travail. Au terme de 90 jours, lorsque leur visa touristique arrive à expiration, ce sont des personnes sans papiers dans un pays étranger. C'est alors que l'enfer commence."
Munirathinam est toujours en attente d'une procédure contre son employeur. Les appels téléphoniques et les courriels à l'ambassade d'Arabie saoudite à New Delhi de la mission indienne à Riyad sont restés sans réponse.