L'éditorialiste de Rai al-Youm affirme : "Le roi Salmane a offensé le président Obama lors de sa visite à Riyad où il a participé au sommet arabe."
Alors qu'il s'était rendu à l'aéroport pour accueillir ses alliés à leur descente d'avion, le roi Salmane a refusé de réserver le même accueil chaleureux à Obama. Ce fut un geste de colère contre les critiques de plus en plus acerbes d'Obama qui ne cesse de mettre en cause le rôle saoudien dans l'apparition et l'extension de l'extrémisme, et qui, de surcroît, demande désormais à l'Arabie saoudite d'entrer en dialogue avec l'Iran pour parvenir à une paix froide", a écrit Abdel Bari Atwan.
L'auteur de l'article continue : "John Bernanon, chef de la CIA, a évoqué lundi sur CNN le fameux rapport sur le 11 septembre, assurant qu'en cas de sa publication complète, les rapports entre Riyad et Washington en pâtiront. Mais l'intéressé a sournoisement évité d'accuser les Saoudiens, en affirmant qu'aucune preuve directe ne plaidait en faveur des relations entre la famille royale et al-Qaïda. Mais à quoi rime ce discours contrasté ? Car si ces documents sont compromettants pour le trône saoudien, ils le sont, un point c'est tout. Il est bien évident que les Etats-Unis sont en train d'envoyer des signaux latents aux Saoudiens, manière de tourner le vis autour d'eux et de les faire chanter: les Etats-Unis cherchent à mettre le grappin sur les 620 millions de dollars de réserves en devise de Riyad avant que le tout ne parte en fumée pour des folies au Yémen ou en Syrie."
l'éditorialiste de Rai al-Youm ajoute : "On en est presque à se souvenir de l'ex-dirigeant libyen, Kadhafi, qui soudoyait, vers la fin de son règne, Washington pour prolonger sa survie politique, mais qui a fini par être tragiquement écarté du pouvoir, par ces mêmes puissances qui s'acharnent aujourd'hui sur le Moyen-Orient. A vrai dire, les risques d'une libysation de l'Arabie saoudite ne sont pas à écarter. J'ai rencontré le ministre des AE de Kadhafi, Chalgham. Il a été témoin des pourparlers menés à l'époque entre le pouvoir libyen et les Etats-Unis autour de l'affaire Lockerbie, et surtout du verdict contre l'Etat libyen qui lui a coûté des centaines de milliards de dollars . Chalgham disait être sûr et certain que les accusations formulées contre Tripoli étaient infondées, et que la Libye n'était en rien trempée dans cette affaire. J'ai demandé alors à Chalgham : "Pourquoi donc avez-vous accepté d’indemniser les proches des victimes?" et Chalgham de répondre : "Pour sauver la Libye et ouvrir une nouvelle page dans nos relations avec les Etats-Unis" !! "Nous avons offert à la Libye sa survie moyennant 3 milliards de dollars. Nous avons bouclé l'affaire une bonne fois pour toutes !"
Abdel Bari Atwan a ajouté : "Mais Chalgham se trompe puisque la Libye n'est plus désormais un Etats dans le sens où l'on entend. Pour les Etats-Unis qui ont fait éclater l'Irak en accusant Saddam Hussein de posséder des ADM, il n'est donc pas trop difficile d'en faire autant avec l'Arabie saoudite, un pays avec qui ils sont liés par une alliance stratégique qui dure depuis 80 ans. Les Etats-Unis continuent à haïr les Arabes et les musulmans ; et c'est ce point qui fait d'eux l'ennemi numéro un en qui il ne faudrait à aucun prix faire confiance. Les Etats-Unis changent d'alliés comme on changerait de chaussettes. Le seul langage que les Américains comprennent est celui de la force. Il faudrait s'adresser à eux d'égale à égal comme l'a fait l'Iran dans son dossier nucléaire. C'est d'ailleurs pour cette même raison que les Etats-Unis ont tourné le dos aux Arabes et ont signé cet accord avec l'Iran."
l'auteur poursuit : "Les 3 milliards que la Libye de Kadhafi a dépensés pour garantir sa survie n'ont servi à rien et Kadhafi a fini par tomber sous les bombes de l'Otan, à peine quelques mois après la fin de l'affaire Lockerbie. Ce scénario risque de se reproduire en Arabie saoudite, à moins que les esprits à Riyad soient assez alertes pour voir le danger venir".