Selon l'institut Béguin-Sadat, c'est l'Iran qui mène le jeu en Syrie.
Dans un rapport signé Aphraïm Anbar, le journaliste israélien affirme : "La communauté internationale se montre incapable de résoudre la crise en Syrie tant sont grandes et diverses les velléités des parties impliquées. Ce conflit qui semble promis à la durée a renforcé la position de la Russie et de l'Iran et a réduit les options d'Israël.
Faiblesse saoudienne
Aucune des parties impliquées ne semble être en mesure d'appliquer sa "formule". La Turquie et l'Arabie saoudite, qui sont des puissances sunnites, exigent le départ de Bachar al-Assad, l'allié de l'Iran. Mais la faiblesse dont elles ont fait preuve a bien profité à l'Iran et au Hezbollah. Les aides américaines aux "rebelles" ont été, elles aussi, loin d'être efficaces. Et la crainte de Daech a empêché l'effondrement du régime Assad. Quant à la Russie, son intervention a certes servi les intérêts de Damas mais elle n'a pas suffi pour qu'Assad puisse reprendre le dessus.
Axe Bagdad-Damas-Beyrouth
La donne syrienne, telle qu'elle se présente aujourd'hui, est fort complexe pour les gagnants et les perdants mais l'Iran semble s'en tirer mieux que quiconque. Car Assad continue à se maintenir au pouvoir et ceci signifie dans les faits que les Iraniens ont réussi à s'imposer à Damas. Le chemin de Damas mène toujours à Beyrouth et au Hezbollah, qui demeure le bras exécutif de l'Iran. De surcroît, la crise syrienne a exposé l'Occident à un péril qui a pour le nom "Daech", faisant de l'Iran l'allié de facto des Occidentaux. Cet état de chose a aidé l'Iran à avoir son mot à dire en Irak et à l'échelle de toute la région.
La Russie plus forte que les Etats Unis
Mais ce n'est pas seulement l'Iran qui tire son épingle du jeu syrien. La Russie est un autre gagnant de cette guerre à la faveur de son action militaire. Cette action a permis à Moscou de mettre au point un mécanisme diplomatique, dépouillant un à un Obama de ses atouts. "L'argument chimique" largement utilisé contre Assad a ainsi perdu de sa couleur et Obama, quasi-inactif face à l'action militaire russe, a prouvé au monde qu'il était incapable de changer quoi que ce soit de la réalité moyen-orientale.
Ankara a perdu la partie
L'institut israélien, connu pour son conservatisme, revient ensuite sur la position turque : "L'instabilité en Syrie a déstabilisé de longues frontières que partage la Turquie avec son voisin syrien et cette chose n'a pas eu d'autre effet que celui de pousser l'Iran à soutenir les Kurdes. L'abattage d'un avion russe en novembre 2015 a porté hautement préjudice à la Turquie et à sa position stratégique, réveillant les rivalités ancestrales entre la Russie et l'héritier de l'Empire ottoman".
Israël intervient en Syrie
Et le rapport de conclure : "Israël continue à l'heure qu'il est d'assister à la "catastrophe qu'est la guerre en Syrie", choisissant tantôt d’intervenir tantôt de rester indifférent. Certes le démantèlement de l’armée syrienne bénéficie largement à Israël, mais il n’empêche que la poursuite de l’aide russe à la Syrie renforce la position de Téhéran à Damas et, partant, celle de l’axe Téhéran-Damas-Hezbollah. Israël devra ainsi faire face à des répercussions au Golan.