Dans une décision spectaculaire qui a eu de grands échos au Liban où les milieux du 14 mars ont été pris d’une véritable panique, le Conseil de Coopération du Golfe (persique) ainsi que la Ligue arabe ont mis le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes.
La nouvelle était censée faire peur au Hezbollah et pousser ses alliés et sa propre assise populaire à se détacher de lui. Le plan était clair, il s’agit de détruire l’image noble du Hezbollah, force de résistance contre l’ennemi israélien et contre l’extension des terroristes de «Daech» vers le Liban.
Ce plan qui a commencé il y a dix ans lorsque l’ambassadeur des Etats-Unis à Beyrouth à l’époque (aujourd’hui secrétaire d’Etat adjoint des Nations unies pour les questions politiques) Jeffrey Feltman avait reconnu devant le Congrès de son pays que des millions de dollars avaient été versés pour ternir l’image du Hezbollah et l’affaiblir ainsi au sein de la population libanaise et de sa propre communauté, est donc toujours le même. Les méthodes et les acteurs peuvent changer, mais l’objectif reste le même. Cette fois, ce ne sont donc plus les Américains qui agissent et cherchent à obtenir une condamnation du Hezbollah, mais bien des gouvernants arabes qui devraient être les premiers à appuyer le Hezbollah qui constitue aujourd’hui non seulement un rempart contre les projets expansionnistes israéliens mais aussi contre ceux des terroristes de «Daech» et «al-Nosra». Malgré cela, la Ligue arabe, sur les directives des représentants de l’Arabie saoudite, a choisi de mettre le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes. Mais cette décision a eu l’effet d’un coup d’épée dans l’eau. Même si elle a été adoptée, elle n’a eu aucun effet sur la situation du Hezbollah et sur ses relations arabes.
D’abord, il y a eu le discours du ministre irakien des Affaires étrangères Ibrahim al Jaafari. Ce dernier a déclaré haut et clair devant ses pairs arabes que le Hezbollah et les forces irakiennes de la mobilisation populaire sont un honneur pour le monde arabe et lui redonnent sa dignité à travers leur résistance contre «Israël» et contre «Daech». L’ambassadeur d’Arabie auprès de la Ligue arabe s’est empressé de se retirer suivi du ministre saoudien des Affaires étrangères. Tous deux n’ont donc pas pu voir les ministres arabes applaudir frénétiquement les propos d’Al Jaafari. Mais ils ont entendu les applaudissements dont les échos sont arrivés jusqu’au salon adjacent où ils s’étaient installés. Selon un des présents, le ministre irakien a eu ainsi droit à une «standing ovation» et ses collègues arabes se sont empressés de venir le féliciter à la fin de son discours. Au point que le ministre saoudien est revenu rapidement dans la salle pour éviter que les choses n’aillent trop loin et que les ministres arabes reviennent sur leur décision de mettre le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes. Une fois dans la grande salle de réunion, le ministre saoudien a parlé avec chaque ministre pour lui rappeler son engagement à ce sujet et le communiqué final a pu être adopté, mais dans un énoncé assez souple puisqu’il évoque essentiellement les activités du Hezbollah à Bahreïn.
Les Saoudiens ont donc dû se contenter de cette formule, alors que plusieurs ministres arabes se sont empressés de rappeler aux médias que les dispositions du communiqué ne sont pas obligatoires pour les Etats membres de la Ligue arabe et n’entraînent pour eux aucune obligation particulière. Plus même, l’Egypte par exemple a ouvertement reconnu qu’elle maintenait ses relations avec le Hezbollah d’autant qu’une délégation de ce parti était récemment au Caire et elle a rencontré certains responsables du pays.
De même, exceptés les Emirats arabes unis, le Koweït et le royaume de Bahreïn, aucun pays n’a pris des mesures concrètes contre les Libanais, alors que l’Arabie saoudite qui avait menacé d’expulsion les Libanais qui travaillent sur son territoire et qui sont plus de 250 mille a dû se rétracter et mettre un bémol à sa colère et à ses décisions punitives contre le Liban. Le vent de panique qui a soufflé sur une partie du Liban après la décision de la Ligue arabe s’est donc calmé et aujourd’hui c’est comme si cette décision n’avait pas été prise.
Le Hezbollah campe sur ses positions et le dialogue est maintenu avec le Courant du Futur, alors que la plus grande partie des pays arabes n’ont rien changé à leur attitude à son égard. La décision a été prise il y a trois semaines mais il est de plus en plus clair qu’elle avait un objectif médiatique bien plus que des effets concrets, sachant que malgré tous les millions dépensés pour ternir son image auprès des populations arabes, l’aura du Hezbollah reste grande et bien plus solide que les discours prononcés ça et là.
Source : French.alahednews