L’ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, devant des centaines de syndicalistes réunis à Sao Paulo, a dénoncé mercredi une tentative de coup d’Etat visant, selon le Parti des travailleurs (PT) au pouvoir, la présidente Dilma Rousseff, menacée de destitution au Parlement.
« Ce pays ne peut pas accepter le coup d’Etat. Même si c'est la dernière chose que je fais dans ma vie, je vais aider Dilma à gouverner ce pays » a déclamé avec force Lula, défendant ainsi son héritière devant les syndicats réunis pour une rencontre « en défense de la démocratie ».
Ladite procédure de destitution a été lancée en décembre 2015 par la chambre des députés, sous les pressions de l’opposition qui accuse Mme Rousseff d'avoir maquillé les comptes de l'Etat pour minimiser l'ampleur des déficits publics et favoriser sa réélection.
En pleine récession économique, le Brésil est ébranlé par une crise politique envenimée par le scandale de corruption Petrobras.
Dès mercredi, la presse a révélé une liste de plus de 200 politiciens dont l’Organisation Odebrecht aurait financé les campagnes électorales. Odebrecht, géant brésilien du bâtiment, truquait les marchés de sous-traitance du groupe pétrolier Petrobas, moyennant des pots-de-vin dont une partie alimentait les campagnes des partis.
Soupçonné de corruption et blanchiment d'argent dans l'enquête Petrobras, Lula a vu suspendue sa nomination en tant que chef de cabinet de Dilma Roussef pour possible entrave à la justice, suite à la divulgation de conversations téléphones laissant entendre que la raison l'ayant motivée aurait été de le prémunir d’une quelconque incarcération. La décision du Tribunal suprême fédéral (STF), qui entérinera ou annulera sa nomination, est attendue pour la semaine prochaine.
Seul rayon de soleil parmi les nuages qui ne cessent de s’accumuler au dessus du camp présidentiel, Teori Zavascki, juge du STF chargé du volet politique du dossier Petrobras, a dénoncé la divulgation, par le juge du dossier Petrobras Sergio Moro, des conversations téléphoniques entre Lula et Rousseff, au motif qu’elle violait les garanties et droits constitutionnels de la présidence de la République.
Le juge Zavascki a ainsi ordonné au juge Moro de lui remettre toute son enquête sur Lula, pour examen, décision qui a entraîné des protestations d’une centaine de partisans de l’opposition devant le siège du STF à Brasilia.