Dans l’une de ses récentes éditions, The Guardian revient sur le récent crash d’un F-16 émirati à Aden au Yémen, crash attribué à une avarie technique, et remet en cause cette version des faits.
Selon le journal, « l’avarie technique ou le manque de carburant » évoqués comme étant la principale raison du crash de l’appareil émirati ne tient pas et ne fait que provoquer des ricanements de la « communauté internationale », celle-ci étant bien au fait de fortes dissensions qui déchirent les rangs de la coalition pro Riyad au Yémen.
« Les Emirats se voient désormais dans l’obligation de boire jusqu’à la lie le calice empoisonné que leur a tendu Riyad. La présence de Riyad et d’Abou Dhabi côte à côte sur le terrain yéménite ne parvient toujours pas à dissiper leurs divergences qui datent de plus de cinq ans. Ces divergences qui séparent les Al-e Nahyan des Al-e Saoud ne cessent d’aller crescendo, faisant du Yémen une arène où les « frères ennemis » procèdent à des règlements de compte »
Et le journal d’ajouter : « C’est sous cet angle qu’il faudrait interpréter le crash de l’appareil émirati qui, au contraire de ce que nous en a affirmé la version officielle, n'était pas un Apache mais bel et bien un F-16. Au lendemain du « crash » de l’appareil, un court communiqué de la coalition a confirmé la mort de son pilote et de son copilote en avançant comme principale cause « une avarie d’origine technique ». « Mais les témoins oculaires, eux, affirment avoir vu la DCA saoudienne abattre l’appareil. Pour quelle raison ? L’aviation saoudienne n’aurait pas apprécié que les chasseurs émiratis bombardent un repaire d’armes appartenant à Daech, niché quelque part au cœur des montagnes d’Al Barigha dans le nord d’Aden.
Au Yémen, tout le monde le sait, Daech et les milices takfiristes roulent pour Riyad pour qui s'en prendre à eux est une ligne rouge à ne pas franchir. Les « miliciens modérés » sont, quant à eux, chapeautés par les Emirats. Le Yémen n’a pas vraiment réuni l’Arabie saoudite et les Emirats. Chacun de ces deux pays cherchent, via des milices interposées, à défendre leurs intérêts et agissent en effet pour leur propre compte.
Viennent appuyer ces dires les raids aériens saoudiens lancés auparavant contre les positions des milices pro Emirats, raids que Riyad a attribués à « l’inattention de ses pilotes »
Au Yémen, ce n’est pas une coalition qui fait la guerre, mais un amas d’intérêts souvent divergents qui s’entre-choquent.