Le journal d’opposition turc Zaman a été placé sous tutelle vendredi et ses locaux ont été envahis par la police le lendemain.
Ce quotidien était soupçonné par le gouvernement turc comme étant proche de l'imam Fethullah Gülen, ennemi juré du Président Recep Tayyip Erdogan et considéré comme terroriste par ce dernier.
Les manifestations de vendredi se sont poursuivies samedi et dimanche, le journal affichait une ligne nettement pro-gouvernementale pour sa première édition depuis sa prise en main par les autorités.
Selon un journaliste du quotidien qui s’est adressé à France 24, la police avait fait une descente dans les locaux du quotidien vers minuit vendredi soir et avait évacué le journal vers 2 heures du matin. Elle était à la recherche de preuves permettant d’accuser les journalistes d’avoir des liens avec le mouvement Gülen.
Samedi matin, les policiers effectuaient aussi des contrôles de papiers d’identité et dressaient la liste de personnes qui tentaient de s’introduire dans le bâtiment.
L’agence de presse Reuters rapportait quant à elle qu’environ 2 000 manifestants s’étaient massés samedi aux abords du journal Zaman. Les personnes qui étaient venues manifester pacifiquement pour soutenir les journalistes et défendre la liberté de presse, ont été aspergées d’eau et de gaz lacrymogènes.
Des femmes avaient également pris part aux manifestations, parfois accompagnées de leurs enfants en bas âge.
« La Turquie a entamé des démarches pour adhérer à l’adhésion à l’Union européenne. De tels agissements à l’égard de la presse devraient être considérés comme complètement inappropriés de la part d’un pays candidat, s’émeut le journaliste se confiant à France 24.
« Lundi, la Turquie et l’Union européenne ont rendez-vous pour un sommet sur les migrants. Vous allez voir : malgré les événements du week-end, il y aura des poignées de main et des sourires, comme si la Turquie était toujours un pays démocratique. L’Union européenne est bien plus puissante que la Turquie, économiquement et politiquement, mais étrangement, la Turquie semble imposer ses conditions.»
« Aujourd’hui en Turquie, tout le monde a peur. Lorsque les manifestants ont été aspergés de gaz lacrymogène vendredi, une seule chaîne de télé locale était sur place pour en témoigner. La seule autre source d’information à ce sujet était notre site Internet. Autrement dit, il y a de fortes chances pour que les gens qui se sont contenté de lire ou regarder les autres grands médias turcs ce weekend soient passés à côté de l’information. »
Avec France 24