Le Salon de l'agriculture qui s’est terminé dimanche a été marqué par une fronde sans précédent contre le président François Hollande, qui a dû faire face à la colère et au désespoir des agriculteurs étranglés par la crise de l'élevage.
Plus de 611.000 visiteurs étaient sur place durant 9 jours, un chiffre en baisse de 11% par rapport à 2015 où le Salon avait reçu 691.000 visiteurs.
Le président du Salon, Jean-Luc Poulain, pour expliquer cette baisse, a déclaré devant les journalistes : "On a vécu les attentats du 13 novembre, la crise agricole, la crise économique".
Le Salon de l’agriculture de 2016 a en effet été marqué par la crise que traversent plusieurs filières agricoles dont l'élevage. Dès l'inauguration, des éleveurs surpassés ont montré leur colère en accueillant le président François Hollande par des huées, des insultes et des appels à la démission.
"Il s'en fout complètement de nous", "Bon à rien", "On n'est pas des migrants", "Connard", "Fumier", ces éleveurs n'ont pas mâché leurs mots.
Des dizaines de manifestants de la FNSEA ont démonté le stand du ministère de l'Agriculture. Des CRS sont alors intervenus.
Le chef de l'Etat a quitté le salon après environ six heures de visite soit la plus courte depuis le début de son quinquennat.
Deux jours plus tard, les éleveurs ont réservé aussi un accueil très tendu à Manuel Valls. Le Premier ministre a reçu les représentants des filières d'élevage et a cherché à les rassurer.
C'est également ce qu'a cherché à faire le commissaire européen à l'Agriculture, Phil Hogan dont Marine Le Pen a dit "vouloir la peau". Il a fait mercredi une visite discrète au Salon sans trop s’exposer néanmoins dans les allées du salon mais en allant à une réunion avec le ministre Stéphane Le Foll et les représentants de l'élevage français.
Pour le président de la FNSEA, Xavier Beulin, "le Salon a permis des rencontres plutôt positives, comme avec le commissaire européen Phil Hogan : les professionnels ont pu lui exposer leurs difficultés et les solutions à mettre en place pour y répondre", comme par exemple, les outils de limitation de la production par le retrait des excédents du marché et le soutien aux exportations.
Outre les mesures au niveau européen, les agriculteurs attendent que l'Etat fasse quelque chose pour les relations entre la grande distribution et ses fournisseurs en revoyant la loi de modernisation de l'économie (LME).
Les responsables politiques ont déjà réagi : "S'il faut légiférer pour encadrer davantage, nous le ferons", a dit Manuel Valls, hier, lundi. François Hollande avait déjà annoncé deux jours plus tôt qu'il voulait modifier la LME "avant l'été" pour protéger les producteurs.
Le public français soutient quant à lui massivement les agriculteurs.Tout le monde veut acheter les T-shirts" noirs portant la mention "Je suis éleveur, je meurs", précise un éleveur dans la Somme.
Avec AFP