La Chancelière allemande Angela Merkel a appelé samedi la Grèce à mettre en place les hébergements nécessaires aux quelque 50.000 réfugiés qui se trouvent sur son territoire et a plaidé pour que l'Union européenne aide Athènes dans cette entreprise, rapporte Reuters.
"La Grèce aurait dû créer 50.000 places d'hébergement pour les réfugiés à la fin de 2015", explique la chancelière allemande au journal Bild am Sonntag.
"Les retards doivent maintenant être résorbés très rapidement parce que le gouvernement grec doit garantir des conditions décentes de logement", ajoute-t-elle.
Critiquée dans son pays et au sein de sa coalition pour avoir autorisé l'arrivée de plus d'un million de migrants en Allemagne l'an passé, Angela Merkel a précisé que la Grèce devait pouvoir compter sur l'aide de ses partenaires européens.
"Je sais, d'après les nombreuses discussions que j'ai eues avec le Premier ministre grec Alexis Tsipras, qu'il veut faire cela mais il a besoin de notre aide et c'est pourquoi l'UE doit et va soutenir la Grèce en signe de solidarité", précise-t-elle.
La chef du gouvernement allemand estime que l'Autriche et les autres Etats des Balkans portent une large responsabilité dans la situation actuelle de la Grèce provoquée par la quasi-fermeture de leurs frontières.
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a estimé que l'Autriche et ses voisins "ruinaient l'Europe" en imposant des restrictions unilatérales pour ralentir l'afflux de réfugiés transitant par leurs territoires.
Quelque 13.000 migrants s'entassaient samedi à la frontière entre la Grèce et la Macédoine dans des conditions d'hygiène déplorables, a indiqué un responsable grec à l'avant-veille d'un sommet entre l'UE et la Turquie jugé crucial pour un règlement de la crise migratoire.
« Il y a 13.000 personnes ici et près de 20.000 dans cette préfecture, soit plus de 60% de la population entière de migrants dans ce pays », a déploré Apostolos Tzitzikostas, gouverneur régional de la préfecture grecque de Macédoine, à la télévision Skai, alors qu'il supervisait des opérations de distribution de nourriture à Idoméni.
« Nous ne pouvons plus supporter ce poids seuls », a dit M. Tzitzikostas, qui souhaite que le gouvernement grec déclare une situation d'urgence dans la zone.
Le nombre de candidats à l'asile, surtout des Syriens, Irakiens, Afghans, bloqués dans toute la Grèce n'a fait que progresser en raison de la fermeture de sa frontière par la Macédoine et des mesures restrictives prises par des pays des Balkans, jusqu'à l'Autriche.
Selon l'AFP, plus de 30.000 migrants sont bloqués dans le pays, des îles grecques de la Mer Egée, en passant par le port athénien du Pyrée, au poste-frontière gréco-macédonien d'Idomeni, où des ONG s'activent pour soulager les pénuries de tentes et de nourriture.
Médecins sans Frontières (MSF) a commencé samedi à mettre en place des tentes pour plus de 1.000 personnes supplémentaires alors que de nombreux migrants dorment sans abri dans des champs humides ou des fossés, a rapporté un journaliste de l'AFP.
Ces derniers jours, des migrants syriens ou irakiens notamment ont manifesté devant la barrière de barbelés empêchant le passage en Macédoine, surveillée par la police antiémeute.
Au cours des deux dernières semaines, la Macédoine a entrouvert à plusieurs reprises sa frontière, ne laissant passer que quelque 2.000 migrants, soit autant que les nouveaux arrivants en Grèce depuis la Turquie en seulement deux jours.
La Grèce a évalué pour l'UE ses besoins à 480 millions d'euros pour gérer l'accueil de 100.000 réfugiés au total.
Sources: Reuters et France 24