Lundi soir à Argenteuil (Val-d'Oise), s'est déroulé, à l'initiative du député PS et ancien maire, Philippe Doucet, un débat animé sur l'islam. Devant une centaine de personnes curieuses et intéressées.
Lundi soir marquait la troisième édition des Rencontres d’Argenteuil (Val-d’Oise). Les habitants s’installent, une bonne centaine. Des vieux, d’autres moins. Les couleurs se mélangent. Le député du coin et ancien maire de la ville, Philippe Doucet (PS), anime les débats. Il présente ses deux invités : Rachid Benzine, chercheur associé à l’Observatoire du religieux et enseignant à la Faculté protestante de Paris et Amine El Khatmi, maire adjoint socialiste d’Avignon. Le thème de la soirée : «L’islam dans la République : aujourd’hui et demain.»
Rachid Benzine prend la parole. La salle écoute. Debout, micro à la main, le chercheur plonge dans le passé : il remonte le temps, les périodes. Puis, il revient à l’actualité. «La société française ne comprend rien au religieux.» Selon lui, «la gauche voit dans le religieux un voile» à l’opposé de ses valeurs. «Et pour la droite, le religieux est un problème lié à l’immigration», explique-t-il. Puis : «Pour certains, la laïcité est devenue une arme contre le musulman.» Benzine évoque ensuite les attentats : les terroristes sont «des Français à part entière, des enfants de la République mais aussi des enfants de l’islam. Aujourd’hui, le déni est très fort des deux côtés.» Avant de poser le micro, Rachid Benzine s’adresse aux responsables religieux dans la salle, au sujet des mots et de leur importance face à la jeunesse qui «cherche des réponses». Applaudissements, la salle approuve son intervention.
«Enfant de la République»
Philippe Doucet passe le micro à Amine El Khatmi. Pas facile de passer après Benzine. L’élu du Vaucluse est devenu un «spécialiste» de la laïcité sans le vouloir. Du coup, il emprunte un autre chemin. Il parle de son histoire. Le mois passé, il s’est retrouvé au cœur d’une polémique sur les réseaux sociaux après avoir dénoncé l'intervention de Wiam Berhouma, une professeure d'anglais, face à Alain Finkielkraut dans l’émission Des paroles et des actes, sur France 2. Il s’est une nouvelle fois opposé aux mots de Berhouma. Il marque sa différence : «Dans la sphère publique, je suis un enfant de la République et dans le privé, je suis un musulman binational.» Amine El Khatmi accuse son parti politique, le PS, de ne pas s’imposer sur les questions de laïcité, une question qui «risque d’être au cœur» de la prochaine élection présidentielle.
En conclusion, il parle du parcours de ses parents : son père chauffeur, sa mère femme de ménage, qui porte le voile. Des heures au boulot «pour que les enfants soient bien habillés» à l’école, pour ne pas avoir«honte». Applaudissements...
Rachid Laïreche
Source: Libération