L’ancien secrétaire général de l’ONU, l'égyptien Boutros Boutros-Ghali, est mort.
Le diplomate égyptien Boutros Boutros-Ghali, ancien ministre des Affaires étrangères des raïs Sadate et Moubarak (1977-1991) et secrétaire général des Nations unies (1992-1996) puis de la Francophonie (1997-2002), s’est éteint à l’âge de 93 ans.
Dans une interview à Jeune Afrique en octobre, le diplomate portait également un regard sans concession sur l’ONU, qu’il jugeait en pleine décadence, et sur son pays, l’Égypte, qui était selon lui « en guerre »: "Il nous faudra une période de 2-3 ans pour stabiliser le pays. J’ai découvert que la presse française avait une grande hostilité à l’égard de l’Égypte et de son régime. Le fondamentaliste Morsi est considéré comme élu, et Sissi c’est le coup d’État. Sissi a sauvé l’Egypte. Si elle était devenue fondamentaliste, ce que sont à 100% les Frères musulmans (FM), il y aurait eu des fondamentalistes à Paris demain."
"C’est moi qui ai créé la conférence des Droits de l’homme à Vienne en 1992 et la Commission nationale égyptienne des Droits de l’homme et je les soutiens à 100%. Mais nous sommes dans un état de guerre. Essayez de vous rappeler ce qu’il s’est passé en France en 1940, on ne discutait pas démocratie !"
"En Afrique la démocratie n’est pas le vote mais la participation de toutes les tribus au pouvoir. Il faut nous donner du temps, nous sommes en guerre en ce moment et vous parlez de démocratie dans un pays où personne ne sait lire et écrire, où il n’y a plus de partis politiques depuis 50 ans."
Figure essentielle des accords de paix de 1979 entre l’Égypte et Israël, Boutros Boutros-Ghali avait assisté impuissant aux drames du Rwanda, de l’ex-Yougoslavie et de la Somalie depuis son bureau des Nations unies. Créateur du Conseil égyptien des Droits de l’homme en 2003, dont il était encore président d’honneur, ses recommandations n’ont pas permis d’enrayer la vague de contestation politique et sociale qui a emporté le président Moubarak en janvier 2011.