La police tunisienne a fait usage de grenades lacrymogènes mardi 19 janvier pour disperser plusieurs centaines de demandeurs d’emploi qui s’étaient rassemblés dans au moins quatre villes du pays pour réclamer du travail.
Ces manifestations se sont déroulées deux jours après la mort d’un chômeur, Ridha Yahyaoui, à Kasserine. Le jeune homme de 28 ans s’est électrocuté après être monté sur un poteau près du siège du gouvernorat pour protester contre son retrait d’une liste d’embauches dans la fonction publique.
Le ministère de l’intérieur a annoncé dans la journée l’instauration d’un couvre-feu « entre 18 heures et 5 heures » dans cette localité du centre-ouest du pays, où ont eu lieu les premières protestations dès le début de la matinée. Celles-ci se sont ensuite étendues aux villes de Tahla, de Fernana (au nord) et de Meknassi (au centre).
Le chômage est passé de 12 à 15,3 % dans le pays entre 2010 et la fin de 2015, alors qu’un tiers des demandeurs d’emploi possèdent des diplômes universitaires. A Kasserine, chef-lieu d’une des régions les plus défavorisées de Tunisie, les chômeurs représentent environ 30 % de la population active.
Mardi, l’Assemblée tunisienne a annoncé l’envoi d’une délégation parlementaire sur place, et elle a convoqué le Premier ministre Habib Essid pour une réunion urgente sur le chômage.
Lundi, à Tunis, entre 150 et 200 personnes ont à leur tour protesté sur l’avenue Bourguiba en brandissant des portraits du jeune homme. Suite à son décès, une enquête a été ouverte et un haut responsable du gouvernorat de Kasserine a été limogé.
Kasserine, l’une des régions les plus pauvres de Tunisie, était au cœur des soulèvements qui ont mené à la chute de Ben Ali il y a 5 ans. Mais depuis, les habitants n’ont vu aucune amélioration de leurs conditions de vie.