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Zoom Afrique du 9 décembre 2022

Image : Photo à titre d’illustration de l’AFP montrant des soldats de la mission militaire « Barkhane » plient un drapeau tricolore dans le cadre du retrait de l’armée française, au sein d’une installation militaire, au Mali, le 11 août 2022.

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Les titres de la rédaction :

  • Burkina Faso : Le premier ministre invite les USA à « faire mieux » dans la lutte contre le terrorisme 
  • Mali : financée par la Chine, la centrale hydroélectrique de Gouina entre en service
  • Le Nigeria et l’Egypte deviendront respectivement les 5e et 7e économies mondiales en 2075 selon Goldman Sachs
  • Bolloré Transport & Logistique renforce sa collaboration avec les Forces Armées Béninoises

Les analyses de la rédaction :

1. Sénégal: France dégage ! 

Au Sénégal, devant le ministre des Forces Armées, le parlementaire de la coalition Yewwi Askan Wi et activiste par ailleurs a encore décrié la présence de l’armée française sur le territoire sénégalais. Comme à ses habitudes, Guy Marius Sagna sans porter de gangs plaide.  

«Je vous avais demandé l’utilité de la présence de l’Armée Française au Sénégal, en commission. On continue de faire des exercices, depuis 1960, avec cette Armée. C’est comme si l’élève sénégalais est nul. Et pourquoi on le fait au Sénégal ? Et pourquoi pas en France ?… Les accords signés, bien avant les indépendances, avec les Français demeurent toujours. L’Armée Française devrait quitter le territoire, pour la souveraineté du Sénégal. Armée française, allez-vous en ! Vous n’avez pas confiance en notre Armée, sans quoi vous demanderez à l’Armée Française de quitter nos terres. La France n’a rien à faire au Sénégal, sauf pour protéger les présidents qui sont à sa solde. C’est l’Armée Française qui soutient les Jihadistes. On n’a rien à faire avec une Armée qui bombarde d’autres pays de la sous-région et des autres continents», assène l’activiste Guy Marius Sagna, député de Yewwi Askan Wi, par ailleurs secrétaire exécutif de Frapp/France Dégage, au ministre des Forces Armées. 

La rupture tant attendue viendrait-elle de l’examen du projet de budget du ministère des Forces Armées ? Depuis l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale, soit 62 ans d’indépendance, c’est la première fois que le vote budget du ministre des Forces Armées fait l’objet d’un débat, à l’Assemblée nationale. Ayant annoncé la couleur depuis le passage du ministre Sidiki Kaba en Commission, les parlementaires de l’opposition ont forcé au débat en plénière hier, jeudi 8 décembre 2022, lors du vote du budget alloué au ministère des Forces Armées, pour l’exercice 2023, arrêté à 513.377.040.441 FCFA. 

Lors des échanges, Me Sidiki Kaba a été interpellé sur plusieurs sujets intéressant la défense et la sécurité nationale, la sous-région et le Sahel, entre autres. Abordant la crise en Casamance, Thierno Alassane Sall a interpellé le ministre des Forces Armées sur la question des «messieurs Casamance» qui, à son avis, «ont beaucoup retardé l’installation de la paix» dans la région méridionale du pays en proie à un conflit armée depuis plus de quatre décennie (depuis 1982). «Les messieurs Casamance ont beaucoup retardé l’installation de la paix, car ils faisaient du n’importe quoi et ce qu’ils voulaient. Alors que si l’Etat laissait l’Armée régler ce problème, on n’en arriverait pas là», déclare le député non inscrit. 

Mieux, Thierno Alassane Sall a tressé des lauriers aux «Jambars» de l’Armée sénégalaise dont les compétences sont reconnues hors de nos frontières. « Dans une mission au Comores, les éléments en faction attendaient l’arrivée des officiers sénégalais pour pouvoir aller au front. C’est pour montrer que la réputation de nos officiers est tant chantée en Afrique », évoque-t-il avec fierté. Voilà le genre d’intervention qu’attendent les populations sur le continent africain. Que les Occidentaux dégage du continent africain car tout le monde le sait, la présence des occidentaux n’apporte rien de bon aux africains. Quant aux armées nationales, elles peuvent sans aucun doute sécuriser leur territoire sans assistance des armées occidentaux. 

2. RDC-Rwanda: Macron cherche à s’incruster en RDC ? 

Paul Kagame est un des rares chefs d’État africain pour lequel Emmanuel Macron a une véritable admiration. Pour le président français, son homologue rwandais est un interlocuteur rêvé en Afrique.  

Et pour ce dernier, l’actuel locataire de l’Élysée est un nouvel allié intéressant dans les enceintes internationales désireux de promouvoir la voix rwandaise, comme au G20. Une entente intéressée, de nature conspirationniste, au détriment de la RDC qui, dans l’Est, abrite de nombreux groupes armés qui sèment l’instabilité et l’insécurité depuis vingt-cinq ans.  

L’un des plus actifs est le M23. Et nul dans la communauté internationale ne semble s’en offusquer. Surtout pas Emmanuel Macron qui, fasciné par Paul Kagame, ne cesse de multiplier les arrangements en sa faveur pour les intérêts de la France en Afrique. 

La France se décide enfin à regarder son histoire en Face. L’ancien président français (2007-2012), Nicolas Sarkozy, avait donné la première impulsion, il y’a quelques années. Emmanuel Macron accélère malgré les nombreux massacres dans l’Est de la RDC. 

À cette fin, il s’était rendu au Rwanda, en mai 2021, pour tourner la page du contentieux franco-rwandais. Et il n’est pas de symbole plus édifiant de la volonté affichée par Paris d’ouvrir un nouveau chapitre avec Kigali. Le président français veut être celui qui a reconnu la responsabilité de la France dans le génocide rwandais de 1994. L’anti-Mitterrand. 

Le fait que le modèle rwandais n’ait rien de démocratique ne le dérange absolument pas. 

Fait désolant est qu’en France, on ne parle pas des Congolais, victimes des atrocités les plus odieuses et du pillage des ressources naturelles dans l’Est de la RDC. Ni les médias, ni les politiques – Macron en premier -, ne semblent pas s’intéresser à la tragédie que vit la population dans cette partie du territoire congolais. 

À ce propos, l’indifférence de la France – supposé être la Patrie des droits de l’homme – agace au plus haut point les Congolais. Pourtant, et c’est bien connu de tous, le maître d’œuvre du drame congolais dans l’Est est Paul Kagame, le « chouchou » d’Emmanuel Macron. Force est de souligner qu’il porte une lourde responsabilité dans l’instabilité et l’insécurité qui prévalent actuellement dans cette région. 

Pourquoi la France refuse-t-elle de condamner le Rwanda accusé de soutenir le M23 ? Ne se complait-elle pas dans cette situation ? Pourquoi l’embargo sur les armes en RDC a-t-il été reconduit jusqu’au 1er juillet 2023, alors que le M23 qui opère dans la région dispose d’une armée moderne, avec des équipements lourds ? 

Ces questions se posent avec d’autant plus d’acuité que l’on peut conclure, sans une once de doute, qu’il y a là un complot contre la RDC qui ne dit pas son nom. 

Aucun gouvernement d’État civilisé ne peut accepter les crimes et la barbarie qui sévissent dans l’Est de la RDC depuis vingt-cinq ans. Ce n’est un secret pour personne : l’objectif inavoué du président rwandais, Paul Kagame, est la balkanisation de la RDC. Pour ce faire, il faut éliminer la population congolaise, raser les villages congolais et installer un peuple dominant, les nilotiques. 

Un rêve séculaire du Rwanda. Il est soutenu dans son macabre agenda par les USA, l’Angleterre, la Belgique, l’Allemagne, la France, l’ONU, l’UA et les organisations de défense des droits de l’Homme. Ces pays et ces organisations internationales sont au cœur du complot. 

Il faut voir dans l’adoubement de Paul Kagame par Emmanuel Macron une action politique française visant à promouvoir les intérêts de la France en Afrique. Car, le très cynique président du pays des mille collines est le bras armé que la France est en train d’utiliser pour l’exploitation des ressources naturelles dans l’Est de la RDC. 

Au nom de la « realpolitik », il faut oublier que le régime de Paul Kagame est très autoritaire : atteintes au pluralisme, surveillance des opposants, arrestation de journalistes… L’heure est à la réconciliation, à un nouveau souffle. Exit donc les accusations portées à l’encontre de Paul Kagame pour son soutien au M23. 

L’ on se souviendra qu’ à l’initiative d’Emmanuel Macron, la rencontre entre le président rwandais, Paul Kagame, le président de la RDC, Félix Tshisekedi, organisée, en septembre dernier, à New York, en marge de la 77ème Assemblée générale de l’ONU, avait abouti à un accord rwando-congolais qui prévoyait la cessation immédiate des hostilités, le retrait du M23 et le cantonnement de ses combattants hors de la zone de Bunagana , avec l’appui de l’ONU et de leurs partenaires de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGIL), selon l’Élysée. 

De retour chez lui, à Kigali, le président rwandais s’est assis sur les engagements pris devant Emmanuel Macron à New York. En effet, il n’a fait aucun effort pour retirer le M23 de la RDC, bien au contraire, il a profité de l’occasion pour avancer encore plus sur le territoire congolais. Dans un rapport publié en juillet dernier, un groupe d’experts de l’ONU a assuré qu’il existait des preuves irréfutables de l’implication du Rwanda derrière le M23. 

Les autorités congolaises, elles, vont plus loin en affirmant que le Rwanda continue de fournir du soutien logistique et de l’équipement à sa milice armée. 

Si Paul Kagame l’avait voulu, le M23 se serait immédiatement retiré de la RDC dès son retour de New York. Mais ce n’est pas tant l’attitude du président rwandais qui surprend que le silence total d’Emmanuel Macron et de la diplomatie française qui ont pourtant célébré la rencontre tripartite de New York. 

En initiant la rencontre et en célébrant comme une victoire diplomatique, Emmanuel Macron se posait en garant du suivi des engagements pris en sa présence par Paul Kagame et Félix Tshisekedi. 

Le président français a finalement préféré ménager son homologue rwandais que d’assurer son rôle de garant de « l’accord de New York ». Ce qui ne surprend personne à Paris et ailleurs.  

Paul Kagame aura tout obtenu d ‘Emmanuel Macron : le rapport Duclert qui souligne la responsabilité de la France dans le génocide de 1994 au Rwanda ; le retour à Kigali de l’ambassadeur de France en juin 2021 ; un voyage au Rwanda, en mai 2021 et, avant tout cela, le Secrétariat général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), en 2018. Intérêt, quand tu nous tiens… 

Le Rwanda est donc un cheval de Troie de taille pour l’Occident. Etonnant, non ? Le contrôle et le pillage systématique des ressources naturelles de la RDC ont fait leur effet et ont rendu le Rwanda et ses alliés occidentaux assez puissant. La RDC s’éveillera. Les Congolais gardent espoir et ne sont pas des âmes sans volonté. Leur implication dans la sécurité du pays est sans égale. Beaucoup de pays dans le monde devrait prendre le peuple congolais pour modèle. Le vrai pouvoir est entre les mains du peuple congolais et c’est lui qui décide de son destin et non Macron ou les autres pays occidentaux. 

3. Franc CFA-ECO: à quand la fin de la servitude monétaire ?

La France et certains de ses alliés africains sont visiblement en train de passer à la vitesse supérieure concernant la mise en place de la nouvelle monnaie censé remplacé le Franc CFA, l’Eco. 

La loi portant changement de nom de la monnaie des pays de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), suppression du mécanisme de compte d’opération et la transformation du rôle de la France en garant financier a été adoptée, ce jeudi 08 décembre 2022, à l’assemblée nationale du Niger. Le projet de loi a été voté par les parlementaires à 99 voix pour, 17 contre et 0 abstention. 

Le texte soumis à l’examen du parlement, précise-t-on, a pour objet de satisfaire l’exigence de la loi du 11 juillet 2022, habilitant le gouvernement à prendre des ordonnances pendant l’intersession parlementaire. 

Cet accord de coopération entre dans la catégorie des instruments juridiques dont la ratification est soumise à l’adoption préalable d’une loi d’autorisation, conformément à la constitution du 25 novembre 2010. 

L’objectif principal de cet accord est d’adapter la coopération monétaire entre les Etats membres de l’Union Monétaire Ouest Africaine et la République Française notamment en prenant note de leur décision de changer le nom de la monnaie des Etats membres de l’Union et en convenant de supprimer le mécanisme de compte d’opération et de transformer le rôle de la République française en celui d’un garant financier. 

Est-ce un pas vers le fameux changement de nom l’Eco ? 

Prévu initialement en 2020, le lancement de la monnaie unique Eco a été finalement reporté en 2021 par les 15 pays de la CEDEAO pour 2027. L’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) qui regroupe au sein de la CEDEAO huit pays, dont la Côte d’Ivoire, tient ce lundi 5 décembre sa 23e Session ordinaire à Abidjan. À cette occasion, Sputnik a donné la parole à l’économiste ivoirien Segui Boka qui a donné sa vision du futur de l’Eco. 

“Les raisons qui bloquent l’avancement de ce projet sont multiples ; tout d’abord il y a le fait que les dirigeants de ces différents États membres ont des points de vue différents sur le sujet, ensuite nous avons le fait que la France a deux représentants au sein de la CEDEAO et, connaissant comment les décisions sont prises, ne soyons pas étonnés que ce projet n’avance pas. Pour ne citer que ces deux raisons parmi tant d’autres”, a-t-il expliqué. 

Parmi ces raisons, l’exigence du Ghana et du Nigeria que la monnaie unique soit gérée souverainement par les pays membres, soit sans aucune influence de la France et de l’euro. 

“Hormis le Ghana et le Nigeria, les 13 autres États membres de la CEDEAO ont leur monnaie imprimée en France à Chamalières et gérée par la banque de France avec parité fixe à l’euro et nous savons que c’est le plus puissant moyen de pression de l’État français sur ces 13 États francophones, et c’est ce qui explique ces exigences du Ghana et du Nigeria qui sont indépendants financièrement. Les chances pour que ces exigences aboutissent sont très minimes, d’autant plus que la plupart des 13 autres États francophones sont au service de la France, les dirigeants de ces États”. 
Actuellement, la CEDEAO inclut deux organisations distinctes. La première, l’UEMOA, regroupe le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Togo et la Guinée-Bissau. Ces huit pays utilisent le franc CFA. La deuxième, la ZMAO, la Zone monétaire d’Afrique de l’Ouest, est composée du Nigeria, du Ghana, du Liberia, de la Sierra Leone, de la Gambie et de la Guinée (Conakry). Ces pays ne font pas partie de la zone CFA et ont leurs propres devises. 

Il était prévu initialement que la ZMAO adopté en janvier 2015 l’Eco en tant que monnaie commune pour fusionner ensuite avec l’UEMOA afin que la CEDEAO ait en 2020 une seule et même monnaie pour l’ensemble de ces pays. 

Or, en 2014, les autorités ouest-africaines ont renoncé à ce projet en raison du niveau insuffisant de convergence économique au sein de la ZMAO. Dès lors, la CEDEAO exigeait que les pays voulant participer à la monnaie unique doivent répondre aux critères de convergence dits de premier rang avant 2020. Les critères impliquaient entre autres le déficit budgétaire limité à 3% du PIB, une inflation à 10% maximum et une dette inférieure à 70% du PIB. Fin 2019, seul le Togo a réussi à respecter ces critères. 

Cependant, fin décembre 2019, les pays de l’UEMOA ont annoncé leur décision de remplacer leur monnaie commune par l’Eco, le franc CFA étant perçu comme une réalité coloniale héritée de la France. Cette annonce a été faite par le Président ivoirien Alassane Ouattara lors d’une visite de son homologue français Emmanuel Macron à Abidjan. 
Mi-janvier, les six pays de la ZMAO ont “noté avec préoccupation la déclaration de l’UEMOA visant à renommer unilatéralement le franc CFA en Eco d’ici à 2020”. 
En raison du soulèvement des populations en Afrique de l’Ouest, et du sentiment non seulement anti-français mais surtout pro-Afrique qui prend de l’ampleur quotidiennement en Afrique, le projet de l’Eco a été suspendu.  

Alors que certains États africains comme par exemple le Mali ou encore la Centrafrique sont en train de trouver le moyen de contourner le Franc CFA qui empêche l’Afrique de se développer comme il se doit, d’autre comme la Côte d’Ivoire ou le Niger tentent d’accélérer le processus pour que l’Eco s’installe au plus vite. Il appartient à la population de vouloir rester économiquement sous le joug de la France ou non. Il serait grand temps que les pays africains sortent une bonne fois pour toute de l’emprise des occidentaux que ce soit dans le domaine militaire, économique ou social. L’arrêt du néocolonialisme doit être imminent. Il en va de la survie de l’Afrique. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV