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Zoom Afrique du 18 novembre 2022

Zoom Afrique du 18 novembre 2022

Actualité en Afrique :

  • Gabon-Guinée-Bissau : deux accords pour renforcer les relations de coopération
  • République du Congo : approbation du budget d’entretien des routes pour la prochaine année fiscale
  • Air Sénégal réceptionnera 2 Airbus A220 fin décembre
  • Pourparlers entre Libye et Soudan pour rouvrir les frontières terrestres et construire des infrastructures routières

Analyses de la rédaction :

1- Niger : Bazoum trahi Macron ?

Ce n’est plus du tout un secret, alors que le président nigérien Mohamed Bazoum est très proche de Paris, le Niger vient d’annoncer vouloir poursuivre son partenariat militaire avec la Russie. Réel projet ou manœuvre politique ? 

Le partenariat avec Moscou est si « bénéfique » qu’il mérite d’être poursuivi. Voilà, en résumé, la position du pouvoir nigérien concernant une coopération militaire avec la Russie. Mardi dernier, le ministre nigérien de la Défense nationale, Alkassoum Indatou, a reçu l’ambassadeur de Russie au Niger, Igor Gromyko, et le chef de la mission militaire russe au Niger. 

Le ministère nigérien de la Défense nationale a indiqué, dans la foulée de la rencontre, que « cette coopération bénéfique pour notre pays se poursuivra » dans le futur. Le Niger et la Russie travaillent sur plusieurs volets, parmi lesquels la formation — plus d’une centaine d’officiers nigériens ont bénéficié d’une formation en Russie — et d’armements, puisque « plusieurs aéronefs utilisés par l’armée de l’air nigérienne dans le cadre de la lutte contre le terrorisme sont également de fabrication russe », précise le ministère. 

Une sortie qui pourrait, dans un premier temps, inquiéter Paris et son redéploiement de Barkhane. La France et ses alliés occidentaux regardent d’un mauvais œil les coopérations militaires entre les pays africains et les pays du bloc de l’Est comme la Russie, la Chine ou l’Iran. Outre le Mali, avec qui les relations sont houleuses notamment à cause du rapprochement entre Moscou et Bamako, Emmanuel Macron a mis en garde certains pays africains comme par exemple Madagascar. 

En mars dernier, Niamey avait répondu aux attentes de l’Occident en condamnant l’opération militaire russe en Ukraine. « Le Niger, indiquait l’ambassadeur du Niger à l’ONU Abdou Abarry, réaffirme sa ferme condamnation de l’utilisation de la force pour régler les différends entre États ». Le diplomate précisait alors que « l’intervention militaire de la Russie en Ukraine constitue donc un acte que mon pays condamne ». 

Mohamed Bazoum, ces derniers mois, s’était érigé en porte-parole d’Emmanuel Macron. Il avait notamment condamné les coups d’État par des militaires et avait proposé d’accueillir les militaires français de l’opération Barkhane, boutés hors du Mali. 

Reste désormais à savoir si Niamey va aller jusqu’à un "point de non-retour", celui de faire appel à la Russie dans sa lutte contre le terrorisme. La présence russe au Mali et en République de Centrafrique irrite particulièrement la France. 

Les partenariats avec d’autres puissances étrangères pourraient également être remis en cause : ces derniers jours, le Royaume-Uni a annoncé le retrait de ses troupes du Mali, alors que la Grande-Bretagne était toujours engagée sur place. Côté africain, la Côte d’Ivoire va également arrêter sa coopération militaire avec le Mali, en 2023. 

Les populations nigériennes semblent en tout cas prêtes à en découdre avec la France. En septembre, plusieurs milliers de personnes ont manifesté dans les rues de Niamey pour protester contre la présence des forces françaises. 

Le mouvement M62, qui regroupe plusieurs organisations de la société civile, est né en août dernier. Il milite pour la « sauvegarde de souveraineté et la dignité du peuple ». Balloté, le président Bazoum tentera-t-il de se libérer du joug français et se mettre du côté du peuple nigérien ? Depuis leur retrait du Mali, 3.000 militaires français sont déployés dans le Sahel, surtout au Niger. Mais la lutte contre le terrorisme n’avance pas. Et l’aide russe semble être désormais plus qu’une simple option.

2- RDC : le peuple mène la danse  

Une marche de soutien aux forces armées de la RDC a eu lieu ce jeudi 17 novembre à Lubumbashi (Haut-Katanga), signe de solidarité face à l'offensive des rebelles du M23 qui ont conquis de vastes étendues du territoire de Rutshuru (Nord-Kivu) et avance actuellement sur le territoire de Nyiragongo avec les risques d'envahir la ville de Goma. Le gouvernement provincial, les élus provinciaux, les étudiants, les partis politiques, toutes les forces vives du Haut-Katanga ont pris part à ces manifestations parties du bâtiment du 30 juin, siège de l'assemblée provinciale jusqu'à la place de la poste.  

"Notre façon de soutenir nos forces armées, c'est de sensibiliser les jeunes à s'enrôler dans l'armée. Le recrutement se fait au camp major Vangu et à la 22ème région militaire pour renforcer l'effectif de notre armée", a dit, dans une adresse, à la place de la poste, Jacques Kyabula, gouverneur du Haut-Katanga. Et de poursuivre : 

"Nous ne pouvons pas accepter de négocier, de dialoguer sur notre propre territoire. Nous devons rester dans l'unité derrière notre chef de l'État pour défendre notre intégrité. Lorsqu'on parle du Congo, tous, opposition, majorité, on a l'obligation de se liguer pour faire un front commun face à l'ennemi". 

Pour les organisateurs, la guerre soutenue par le Rwanda, vise à déstabiliser le pays et piller ses richesses. 

Le M23 s'est rapproché de Goma ces derniers jours. La rébellion a revendiqué plusieurs localités ces dernières heures et notamment Kibumba dans le territoire de Nyiragongo à seulement une vingtaine de kilomètres de Goma. Ce jeudi 17 novembre 2022, les affrontements ont repris à la mi-journée. 

Le théâtre des combats se trouve ce jeudi dans le territoire de Nyiragongo au nord de Goma et les détonations ont été entendues jusqu’au camp de déplacés de Kanyaruchinya, à environ dix kilomètres de la capitale du Nord-Kivu. Des affrontements confirmés par un haut gradé de l’armée congolaise. Selon plusieurs sources, au moins un avion de chasse de type Sukhoï a effectué deux bombardements vers Kibumba contre des positions du M23. 

L’enjeu est de stopper la progression de ces rebelles et de maintenir le dernier verrou sécuritaire qui permettrait à ce mouvement armé d’atteindre Goma. L’armée multiplient des initiatives pour surveiller et contrôler les voies menant à Goma. Des patrouilles sont organisées particulièrement sur deux axes : celui qui va de Goma en direction de Sake, à l’Ouest, et celui qui relie Goma à Kibumba, au Nord. 

Ce mercredi, les rebelles ont revendiqué la prise des localités de Kibumba, mais aussi de Tongo, de l’autre côté du parc des Virunga, porte d’entrée vers le territoire du Masisi. Un habitant dans cette zone explique que les rebelles sont bien présents à Tongo et qu'ils ont tenu un meeting mercredi soir pour demander aux populations de revenir et de vaquer à leurs activités. 

La guerre du M23 en cours près de Goma est différemment perçue dans le cercle du pouvoir. Ce jeudi, à l'occasion d'une marche de soutien aux Forces armées de la République démocratique du Congo à Lubumbashi (Sud-est), Dany Banza, l'ambassadeur itinérant du Chef de l'État, a accusé le Rwanda qui soutient la rébellion du M23, selon Kinshasa, de combattre Félix Tshisekedi au pouvoir depuis bientôt quatre ans. 

"Ils ont combattu Kabila père et après sa mort, ils ont commencé le même combat avec Kabila fils. Et pendant 18 ans, Joseph Kabila est devenu également mauvais et doit partir. Cette fois-ci c'est le président Félix Tshisekedi qui est mauvais et ils veulent qu'il parte", a lancé Dany Banza tout en appelant à la prudence. 

Il soutient même que "si Kyungu wa Kumwanza se réveille de sa tombe et on fait de lui président de la RDC, l'est du pays ne sera pas en paix, même si nous plaçons Moïse Katumbi Chapwe à la tête de la RDC, nos divergences avec le Rwanda ne vont pas finir". 

Pour lui, "le problème avec le Rwanda, c'est au niveau de nos richesses". 

"Nous devons être prudents. Cette guerre n'est pas un problème de notre président, ce sont nos richesses qui sont recherchées par le Rwanda. Nous ne pouvons pas accepter d'être esclaves. Si nous laissons Goma tomber, c'est le Grand Katanga qui sera en danger", a indiqué M. Banza. 

Kinshasa accuse toujours Kigali de soutenir le M23, et le Rwanda pour sa part rejette toujours l'accusation des autorités congolaises qui d'après lui ne veulent pas assumer leurs responsabilités. Depuis le début de la crise, Félix Tshisekedi a opté pour la voie diplomatique pour trouver de solution au conflit. Deux fronts ont ainsi été ouverts : le processus de Nairobi pour des pourparlers avec des groupes armés actifs dans l'est du pays (mais pas le M23 actif sur le terrain), et le processus de Luanda avec la médiation du président angolais désigné par la SADC afin d'obtenir la désescalade entre la RDC et le Rwanda dont les rapports se sont détériorés depuis que la guerre du M23 dure. Mais la solution diplomatique n’a pas fonctionné, les rebelles continuent de vouloir prendre du terrain et la population et le gouvernement congolais sont bien décidés à les repousser mais plus avec la voie diplomatique. 

3- Mali : l’ONU touche à sa fin 

Bamako fait face à une vague de retrait des troupes étrangères prétendument engagées dans la lutte contre le terrorisme au Mali. Cette semaine, au moins trois pays ont officiellement annoncé qu’ils vont rapatrier leurs soldats du Mali d’ici 2023. 

Près d’une vingtaine de pays ont décidé de se retirer du Mali. En tête du lot, on retrouve la France. Partenaire stratégique du Mali, la France qui a vécu des heures chaudes avec l’avènement des autorités militaires au pouvoir à Bamako, a mis récemment fin à dix ans de présence militaires au Mali. 

Dans son discours de départ, Paris a notamment évoqué « le recours au groupe paramilitaire russe, Wagner » par les autorités de Bamako. Cette société privée, selon Paris, commet de multiples exactions sur des civils au Mali et en Centrafrique. Mais Assimi Goïta et sa troupe ont toujours démenti, reconnaissant une coopération avec l’armée russe au nom d’une relation ancienne d’État à État. 

Sauf qu’en dehors des liens entre Bamako et Moscou, le peuple malien a décidé que les troupes étrangères devaient partir du Mali, alors que les occidentaux continuent de “justifier” leur départ en prétendant que c’est à cause de la présence russe. Ils doivent plier bagage car ils n’ont pas le choix. L’Allemagne et le Royaume Uni ont donc opté pour la voie de la raison en décidant de retirer leurs militaires du pays. Sur la liste des étrangers désireux de quitter le Mali, on retrouve également le Danemark, la Suède, la République Tchèque, la Hongrie, l’Estonie, les Pays-Bas, l’Italie, l’Irlande, l’Ukraine et la Norvège. 

Si la solidarité est la chose la mieux partagée en Afrique, nul doute qu’elle est parfois conditionnée dans certaines circonstances. C’est ce qui pourrait justifier le cas du Bénin qui a aussi décidé du retrait de ses troupes engagées pour la mission des Nations Unies au Mali. Le pays de l’Afrique de l’Ouest, attaqué par des terroristes qui ont fait de nombreuses victimes dans sa partie nord, a souhaité rapatrier ses soldats afin qu’ils viennent mettre leurs expertises du terrain au service de leur propre nation ce qui est totalement légitime. Le rapatriement se fera d’ici 2023 comme pour la plupart des pays ayant annoncé le retrait de leurs contingents. 

Dans le lot des pays africains, figure aussi l’Égypte qui, elle, a suspendu sa participation. Au bas de l’échelle, la Côte d’Ivoire a décidé aussi du retrait de ses soldats du Mali. 

La mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), est une opération de maintien de la paix des Nations unies au Mali. Le déploiement maximal de la MINUSMA autorisé par l’ONU est de 12.640 personnels, dont 11.200 soldats. Au total, 26 pays sont contributeurs de la police de la MINUSMA et 55 sont contributeurs de la Force militaire. 

Place aux partenariats militaires qui sont noués dans le respect réciproque de la souveraineté et de l’intégrité des États. L’Iran, la Russie et bien d’autres partenariats régionaux comme le Burkina Faso ou encore la Mauritanie, sont des pays qui ont décidé de se lier à Bamako pour lutter réellement contre le terrorisme. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV