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Zoom Afrique du 15 août 2022

Zoom Afrique du 15 août 2022

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Au sommaire :

Actualité en Afrique :

  • Gabon : 5,2 millions de tonnes de fret pour la Setrag au 1er semestre 2022, soit une hausse de 20%
  • Affaire de la diplomate sénégalaise au Canada : l’ambassade dénonce des « violences policières inadmissibles »
  • Visite officielle au Mali ce lundi : le président Macky Sall et Assimi Goïta sur les questions brûlantes
  • Niger, Burkina: des manifestations contre la présence militaire française

 

Analyses de la rédaction :

1. Mali/Sénégal: l'alliance militaire côte-Sahel? 
 

Est-ce une simple visite à titre de président en exercice de l’UA que le président sénégalais est sur le point d’effectuer ce matin au Mali ? Plus d’un tendrait à répondre par un grand Non après une semaine folle marquée par trop d’évolutions au niveau malien et sahélien :

On a eu d’abord droit à cette cérémonie où de nouveaux équipements russes ont été livrés à l’armée malienne qui sortie d’un face à face avec les agents de l’armée française et ottonienne dits Jihadistes avait marqué une première contre-offensive réussie puisque le bilan de ses pertes dans le temps, élevé à des dizaines de morts, s’est limité à 24.

Cette cérémonie de remise des équipements militaires russes qualifiée par le ministre de la Défense de « historique » a d’ailleurs occupé la une des médias mainstream moins parce que les officiers ou les pilotes russes y ont été présents que par le fait que l’armée malienne a fait l’acquisition des Su-25 soit des appareils propres aux combats au sol qui combinés à la DCA made in Russie du Mali font un bon paquet pour non seulement liquider les agents terroristes, mais aussi à entrer carrément en conflit avec les puissances occupantes qui ont du mal à respecter l’intégrité aérienne de ce pays.

Mais au chapitre des événements, il y a eu aussi évidemment cette mise à la porte très courageuse des Germans qui, se croyant malins, cherchaient à colmater la brèche des Français et à reprendre les relais pour continuer à réorganiser les réseaux terroristes, l’Allemagne passant pour un roi d’espionnage militaire au sein de l’OTAN.

Le Mali a donc de la sorte aussi mis à la porte l’Allemagne.

Avouons que l’arrivée de Macky Sall qui a remporté les élections en dépit de tous les sabotages franco-occidentaux ne peut être totalement anodine surtout que le Sénégal avec la Guinée, la Mauritanie et l’Algérie ont été des Etats qui ont aidé le grand Mali à casser en mille morceaux les sanctions occidentales de la CEDEAO et à faire reculer cette dernière.

C’est ainsi qu’on lit : « Le président en exercice de l’Union africaine, Macky Sall, se rendra chez le pays voisin, le Mali. Cette visite officielle se tiendra ce lundi 15 août, quelques semaines après la levée des sanctions économiques qui pesaient sur le Mali. Le président Sall, pour la première fois depuis la prise de pouvoir par le Colonel Assimi Goïta en mai 2021, va s’entretenir pendant de bons tours d’horloge avec le président de la transition au Mali sur les questions urgentes liées notamment à l’économie. 
Toutefois, cette visite du président en exercice de l’Union africaine s’effectue au moment où l'Allemagne a décidé de suspendre jusqu'à nouvel ordre la majeure partie de ses opérations militaires au Mali dans le cadre de la mission de l'ONU, la Minusma (Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali).  

Et d’ajouter : «  Les questions sécuritaires peuvent aussi être attendues au courant de ces échanges entre les deux hommes. Ces derniers jours, les attaques perpétrées par des groupes terroristes notées contre les forces armées maliennes ont occasionné plusieurs pertes en vies humaines. »

A ce qui parait il y aurait très bientôt du nouveau du côté de la coalition militaire interafricaine contre l’axe US/OTAN alors même que l’Afrique en général et le Sahel et la Côte en particulier semblent juger historique l’occasion pour couper court à des décennies de colonialisme. 

2. Mali/Côte d’Ivoire: les mercenaires inculpés 

Le Mali a cloué le bec de la Côte d’Ivoire. 

La justice malienne a finalement inculpé les 49 soldats ivoiriens accusés d’être des mercenaires pour “tentative d’atteinte à la sûreté“. Abidjan assure que ces soldats étaient en mission pour l’ONU, dans le cadre d’opérations de soutien logistique à la Mission des Nations unies au Mali alors que l’ONU a démenti cette affirmation en niant totalement que ces soldats auraient un lien quelconque avec l’ONU. Il se peut que “ce retour judiciaire en force dans le dossier” soit le résultat de problèmes dans la négociation entre le Mali et la Côte d’Ivoire pour obtenir la libération de ces soldats. Car en effet, Abidjan n’a pu jusqu’à présent fournir aucune preuve tangible quant à la justification légale de la présence de ses militaires au Mali.  

Les forces maliennes ont arrêté le 10 juillet, 49 soldats ivoiriens. Le gouvernement malien les a qualifiés de mercenaires étant entrés illégalement dans le pays. Les soldats restent en détention au Mali. La Côte d’Ivoire a exigé le 13 juillet leur libération immédiate, affirmant qu’ils étaient arrivés au Mali dans le cadre de l’opération d’appui logistique de la Minusma. 

Le porte-parole de la mission de l’ONU au Mali a déclaré que ces militaires ivoiriens ne faisaient pas partie de la Minusma, mais qu’ils étaient déployés sur le territoire malien depuis plusieurs années dans le cadre du soutien d’un des partenaires de la mission. La Côte d’Ivoire s’est comportée en ennemi du Mali notamment en appuyant la mise en place des sanctions économiques contre le Mali qui a non seulement porté un coup au peuple malien, mais également aux Ivoiriens qui commerçaient ensemble. Mais également en tenant des propos insultants à l’égard du Mali et de la volonté du peuple malien de vouloir préserver l’intégrité et la souveraineté du pays.  

Actuellement, Abidjan n’a aucune explication à donner concernant la présence de ces mercenaires, si ce n’est que la mission première de ces soldats entrait dans le processus de déstabilisation du Mali. Il n’y a pas d’autres explications. La Minusma a eu peur de soutenir les propos d’Abidjan, car évidemment, la mission de l’ONU se trouve sur un siège éjectable. D’où sa désolidarisation avec Abidjan. En attendant, Bamako reste ferme dans la défense de sa souveraineté et son intégrité, et c’est exactement ce que veut le peuple malien. 

3. Blinken en Afrique ou l’histoire d’un autre échec occidental  

Par Mikhail Gamandiy-Egorov 

Malgré les beaux discours, l’agenda de la tournée d’Antony Blinken en Afrique avait pour objectif principal de tenter à limiter l’interaction qui ne cesse de monter du continent africain avec la Chine et la Russie. Et comme prévu également, l’objectif ne semble pas avoir été atteint, après déjà l’échec du président français Macron. 

Il faut bien le souligner : l’élite anglo-saxonne est beaucoup plus perfide que celle de la France. Sachant analyser les échecs de ses sous-traitants, en l’occurrence ici Paris, Washington a choisi de ne pas répéter les erreurs commises lors de la visite du président français Emmanuel Macron sur le continent africain. 

En effet et si ce dernier durant sa tournée ne cessait de parler de la Russie, et selon de nombreux observateurs africains plus même que des relations franco-africaines arrivées au plus bas, Blinken a plutôt opté pour la tactique de dire que l’intérêt des USA pour l’Afrique n’est pas lié à la présence d’un autre pays. Ou plutôt d’autres pays: puisque les plus grands défis pour la présence néocoloniale occidentale en Afrique – ce sont effectivement la Chine et la Russie. 

Comme l’écrit le magazine étasunien Foreign Policy: Washington a insisté sur le fait que son attention renouvelée pour l’Afrique n’est pas due à la rivalité entre les grandes puissances. Reprenant par la même occasion une citation de sieur Blinken prononcée en Afrique du Sud: «Notre engagement envers un partenariat plus fort avec l’Afrique ne consiste pas à essayer de surpasser les autres». 

A cet effet, assez malin de prononcer cela, car effectivement Washington ne pourra ni surpasser la Chine sur le plan de l’interaction économique avec les pays africains, ni faire mieux sur le plan sécuritaire que la Russie. Après tout, lorsqu’on parle de pompiers pyromanes en Afrique, on pense toujours en premier lieu à Paris, Washington et Londres. Et plus généralement l'OTAN. 

En passant, Foreign Policy rappelle également que la ministre sud-africaine des Relations internationales et de la Coopération, Naledi Pandor, a critiqué le projet de loi étasunien (la soi-disant loi visant à lutter «contre les activités malveillantes de la Russie en Afrique»), le qualifiant de législation offensive. Un projet de loi US qui pour rappel a été déjà largement critiqué non seulement par de nombreux gouvernements africains, mais également par une très large partie de la société civile continentale. 

De manière générale, tout reste clair. Dans le nouveau document de la stratégie étasunienne pour l’Afrique subsaharienne, la Russie et la Chine sont citées formellement comme de facto les principales menaces pour l’activité washingtonienne sur le continent africain. 

Dans tous les cas et à l’instar de sieur Macron rentré globalement bredouille de sa tournée africaine, Blinken semble aller dans la même voie avec tout de même, peut-être, un peu moins d’humiliation. Après tout, c’est toujours mieux de laisser cet «honneur» aux régimes sous-traitants, comme celui de la France contemporaine. 

Il n’empêche, l’establishment étasunien a eu également droit à certains «honneurs», comme la condamnation récente par le parlement sud-africain de la visite de Nancy Pelosi à Taïwan, prenant ouvertement fait et cause en faveur de la République populaire de Chine. Ou encore le refus continu des pays africains à se joindre aux condamnations occidentales contre la Russie sur l’Ukraine. Et ce malgré l’insistance de Washington, Londres et Paris. 

En parlant d’ailleurs de ce fameux dossier, on attend à ce titre le sommet de cette pièce théâtrale avec l’éventuelle visite en Afrique de Dmytro Kouleba – chef de la diplomatie ukrainienne. Certainement que Kiev pense pouvoir réussir là où Washington et Paris ont échoué… Ou simplement ne fait qu’appliquer les ordres reçus de la part des parrains atlantistes. 

Pour finir et revenir encore une fois à Blinken, il faut tout de même lui reconnaître la justesse d’une de ses déclarations (en partie). Lorsqu’il dit que «l’avenir du monde sera déterminé dans une très large mesure en Afrique et par l’Afrique». Il a juste et certainement oublié d’ajouter que cet avenir mondial, où l’Afrique jouera très certainement un rôle majeur, sera largement au désavantage de l’Occident. Car ce nouveau monde sera multipolaire (qu’il est déjà) et post-occidental. On lui pardonnera tout de même cet oubli. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV