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Energie/ports: le subtile jeu du Hezbollah

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les navires iraniens bientôt à Beyrouth. (Illustration)

Le ministre du Hezbollah ouvrira-t-il la porte aux navires iraniens dans les ports libanais ? Lors d'une rencontre entre le ministre libanais des Transports et des Travaux publics Ali Hamia , et une délégation de la Compagnie de navigation de la République islamique d’Iran, les domaines de coopération bilatérale ont été abordés. Cette compagnie est la 14ème au monde et la première en Asie de l'Ouest avec 115 navires, d'une capacité de 3,3 millions de tonnes.

Le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir-Abdollahian, a quitté Damas pour Beyrouth jeudi dernier en affirmant qu'un accord pour lever les sanctions et relancer le Plan d'action global conjoint de 2015 sur le nucléaire iranien (PGAC) à Vienne aurait un impact positif sur la région.

Les analystes se concentrant sur les dimensions locales (au Liban) et régionales ont déclaré que la visite était porteuse de trois messages : deux messages politiques et économiques pour le Liban et un pour la région, un message positif et une lueur d'espoir concernant les questions régionales.

La visite a eu lieu environ un mois et demie avant les élections législatives libanaises, à un moment où les relations du Liban avec les États membres du Conseil de coopération du golfe Persique s'améliorent et où des "progrès très significatifs" ont été réalisés dans les négociations sur le nucléaire iranien.

Renforcement de l'influence politique et économique de l'Iran

Selon les observateurs, Téhéran cherche à renforcer son influence au Liban, soit par le biais d'un grand projet énergétique, soit par le biais de ses alliés (Hezbollah) en bonne position pour obtenir une majorité au Parlement libanais.

Réagissant à ces développements, l'analyste politique libanais Mounir Rabih a déclaré que les visites d'Abdollahian au Liban et en Syrie soulignent la présence de l'Iran dans ces deux pays et que Téhéran continue d'entretenir d'excellentes relations avec le président syrien Bachar al-Assad, malgré la visite de ce dernier aux EAU dans une tentative de rapprochement.

L’Iran veut rassurer ses alliés

Toujours à propos de la visite du chef de la diplomatie iranienne au Liban, Mounir Rabih a déclaré que ce voyage était porteur de trois messages, dont le premier est de rassurer les alliés de l'Iran qu'un éventuel accord avec les États-Unis ne changera pas la position pro-Résistance de l'Iran dans la région.

Une autre garantie donnée par l'Iran est qu'il ne négociera pas, selon l'analyste, sur le Hezbollah, d'autant plus que Téhéran a demandé à Washington de retirer le mouvement de résistance libanais, et le Corps des gardiens de la Révolution islamique d'Iran (CGRI) de la liste des groupes terroristes.

Selon l'analyste politique, le second message de cette démarche est de créer un calme politique et ce, afin d'encourager indirectement l'Arabie saoudite à adopter une politique réaliste face à l'influence iranienne au Liban et à la montée du Hezbollah, qui gagnera bientôt, comme le prédisent les commentateurs, les élections.

Certains États membres du CCGP, dont l'Arabie saoudite, ont laissé entendre que l'Iran, par le biais de son allié le Hezbollah, cherche à contrôler les institutions gouvernementales libanaises, des allégations que Téhéran et le mouvement de résistance rejettent.
 

Projets énergétiques

Mais le troisième message de la visite du ministre iranien des Affaires étrangères à Beyrouth était de souligner au gouvernement libanais que l'Iran est prêt à communiquer et à interagir avec Beyrouth dans les projets et investissements liés au pétrole et à l'électricité.

Mounir Rabih a noté que l'Iran tente de consolider son influence politique et d'en faire un élément indéfectible des relations stratégiques grâce à sa présence dans des secteurs clés comme l'énergie.

À son arrivée au Liban, Hossein Amir-Abdollahian a déclaré que lors d'une rencontre avec le Premier ministre Najib Mikati en marge de la Conférence de Munich sur la sécurité, il avait affiché la volonté de l'Iran de participer à la construction de deux centrales électriques au Liban et de coopérer également dans d'autres domaines.

L'Iran n'est pas contre le rapprochement Liban-CCGP

Par ailleurs, l'analyste politique Qassem Qusayr, estime que la visite d'Amir-Abdollahian au Liban n'a rien à voir avec l'amélioration des relations entre le Liban et les États membres du CCGP. Cette visite est plutôt liée aux développements dans la région et aux négociations nucléaires.

Dans une interview accordée à l'agence de presse turque Anadolu, cet expert a déclaré que contrairement à ce que certains pensent, l'Iran n'a aucun problème avec l'amélioration des relations entre les pays arabes et le Liban, car ce rapprochement est en faveur des partis et groupes libanais actifs sur la scène politique du pays, y compris les alliés de Téhéran comme le Hezbollah.

Six mois après l'éclatement d'une crise diplomatique entre le Liban et le Conseil de coopération du golfe Persique suite aux propos controversés de l'ancien ministre libanais de l'Information, Georges Qardahi sur la guerre au Yémen, des signes d'apaisement apparaissent dans les relations Beyrouth-Riyad.

Le Premier ministre libanais a d'ailleurs assuré mercredi dernier que le nuage entre le Liban et le golfe Persique se dissipera bientôt.

Les sanctions empêchent la coopération avec l'Iran

Poursuivant son analyse, M. Qusayr, a déclaré que si l'accord nucléaire était signé et que les sanctions imposées à l'Iran étaient levées, le Liban n'aurait aucune excuse (par crainte des sanctions) pour ne pas accepter l'aide iranienne ou ne pas coopérer avec l'Iran.

Investissement au Liban : des rivalités internationales apparaissent

Réagissant toujours à l'évolution de la situation, un autre analyste politique, Tawfiq Schuman, a décrit ce voyage comme une offre faite au Liban d'investir dans des secteurs clés, notamment l'énergie, dans le contexte de la concurrence internationale pour l'investissement au Pays du Cèdre en pleine crise politique et économique du pays.

Pour lui, puisqu'il existe un ensemble de propositions dans la région et au niveau international pour investir au Liban, l'Iran est également prêt à participer à ces projets.

La réponse du Liban dépend de la levée des sanctions

Le commentateur note que la réponse du Liban aux propositions de l'Iran dépend de la levée des sanctions contre Téhéran. Il convient de mentionner que des proches de Mikati ont récemment déclaré que les propositions de l'Iran pourraient être examinées après la levée des sanctions contre l'Iran.

Selon lui, Téhéran tente d'établir sa présence économique et commerciale au Liban et ce à différents niveaux, à l'instar d'autres pays qui cherchent à y parvenir par le biais d'accords commerciaux et de projets d'investissement.

Un prélude aux relations avec l'Arabie saoudite

M. Schumann a conclu que la visite d'Amir-Abdollahian à Beyrouth ouvre également la voie à l'amélioration des relations entre l'Iran et les pays arabes à la lumière des pourparlers Iran-Arabie saoudite.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV