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Le rapprochement opportuniste d'Erdogan avec l'Arabie Saoudite

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président turc reçu par le roi d'Arabie saoudite. (Archives)

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays se trouve dans une situation économique difficile, a récemment entamé des efforts pour se faire en harmonie avec les pays arabes du golfe Persique. Erdogan a également exprimé le souhait de renforcer les relations turques avec l’Arabie saoudite.

Réagissant à la décision du président turc, Saad Abdullah al-Hamed, écrivain et analyste politique saoudien, a souligné : « Le rétablissement des relations saoudo-turques est une question complexe qui dépend principalement de la volonté d’Ankara de revenir à la normalisation que ce soit avec l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis ou l’Égypte », a-t-il insisté.

S’exprimant à l’occasion d’une interview avec Sputnik, al-Hamed a indiqué : « Ce qui a détérioré encore plus les relations entre les deux pays, c’est la politique menée par la Turquie d’Erdogan envers diverses questions et crises auxquels étaient confrontés les pays arabes : des révolutions des pays arabes jusqu’au soutien aux courants de l’islam politique et aux groupes terroristes. En un mot, la politique hostile que les Turcs ont menée envers les pays arabes. »

Pour l’analyste saoudien, la mauvaise situation économique a contraint Erdogan à se tourner vers le monde arabe et à lui tendre la main.

Il pense également que la campagne anti-Riyad des médias turcs a également affecté les relations saoudo-turques, notamment dans le cas du meurtre de l’écrivain saoudien Jamal Khashoggi par des agents du Prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane.

“Il y a eu pourtant un grand changement dans la politique étrangère turque. D’une certaine manière, Erdogan tente de changer la donne à cause de la mauvaise situation économique qui a affecté la Turquie”, a renchéri l’interlocuteur de Spoutnik.

Al-Hamed a indiqué que le président turc cherche à assurer sa réélection face à une économie en grande difficulté et la perte de popularité de son parti au pouvoir AKP.

L’opposition nationale et les citoyens turcs dont le pays a connu un plongeon de sa devise et une interruption de sa cote en bourse réclament beaucoup de changements à la suite des politiques économiques menées par M.Erdogan. Des politiques qui ont affecté les citoyens turcs. Pour cette raison, “la reprise des relations dépend de l’honnêteté et de la garantie d’un changement des politiques de la part d’Erdogan.”

 “Parmi les problèmes qui poussent encore Erdogan à changer sa politique figurent des dossiers régionaux, tension avec le gouvernement américain, l’ampleur de la pression sur Erdogan, des événements internationaux importants tels que la guerre en Afghanistan, le poids de l’Iran, la crise entre la Russie et l’Ukraine et les problèmes dans les Balkans”, a énuméré l’analyste saoudien avant de préciser que “tous ces défis représentent des dangers qui resserrent de plus en plus l’étau autour de la Turquie.”

La politique étrangère turque souffre d’une sorte de confusion qui a isolé Erdogan

Se référant à la confusion qui touche la politique étrangère turque, l’analyste saoudien a noté : “Cette confusion a mis Erdogan dans une sorte d’isolement. Cela l’oblige à tenter de renouer des relations avec les pays golfiens et régionaux. Nous voyons qu’il a déjà normalisé ses relations avec les Émirats arabes unis, Israël et l’Égypte. Erdogan cherche à réévaluer et à réformer la politique étrangère turque. Il a besoin tout simplement de quelqu’un pour la soutenir économiquement.”

S’agissant toujours du changement de cap turc, un autre analyste politique saoudien, un certain Yahya al-Talidi a également souligné : “De nombreux signes indiquent la possibilité pour Riyad et Ankara d’arrondir leurs différends et d’embellir leurs relations, mais la Turquie doit faire preuve de bonne foi quant au respect des intérêts de Riyad.”

“Il revient à la partie turque de faire preuve de bonne volonté et d’entrer en une interaction positive dont notamment dans les dossiers complexes tels l’Irak, la Syrie, la Libye et la Somalie”, a-t-il encore souligné.

“Oui, il y a une opportunité [de résoudre les problèmes], mais si et seulement si l’élite politique turque réussissent neutraliser Erdogan et de prendre en main les affaires.

Les commentaires des analystes interviennent alors qu’Erdogan s’est récemment rendu aux Émirats arabes unis. Il s’agissait de la première visite d’Erdogan à Abu Dhabi en dix ans. Il a également déclaré que les relations de la Turquie avec les États arabes du golfe Persique étaient entrées dans une nouvelle phase.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV