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Amman/ Le Caire convoqués à barricader Israël contre Gaza et la Cisjordanie ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Une centrale électrique solaire en Jordanie. (Archives)

Rai al-Youm juge l’accord eau contre électricité qui implique à la fois les EAU, Le Caire, Amman et Tel-Aviv comme étant la réalisation la plus parfaite des accords d’Abraham. Et si ce deal ridicule qui consiste à vendre aux Jordaniens leur propre eau volée, et ce en échange d’une centrale électrique en Jordanie qu’Abou Dhabi devra financer, n’était à vrai dire qu’un prélude à la dissolution d'Israël ? Gaza pour Le Caire et la Cisjordanie à la Jordanie ?

L’éditorialiste du journal Rai al-Youm, Abdel Bari Atwan, fait allusion à un accord signé il y a presque une semaine par la Jordanie et le régime israélien en présence des ministres de l’Eau et de l’Énergie des deux parties à l’« Expo » de Dubaï, organisé sous le titre de « Energy for Water ».

Atwan se base sur des annonces officielles de part et d’autre pour dire que cet accord pourrait s’inscrire dans le cadre d’un soi-disant projet de « normalisation politique » prévoyant « un retour de la Cisjordanie au protectorat jordanien, avec une bande de Gaza revenue à l’Égypte et une affaire palestinienne close à jamais ».

« En d’autres termes, ce projet, qui est soutenu financièrement par les Émirats arabes unis et politiquement par les États-Unis, est une mise en œuvre littérale des plans avancés par Jared Kushner, conseiller et gendre de l’ancien président américain Donald Trump, à la conférence de Manama en juin 2019 à laquelle avaient participé la Jordanie, Israël et la plupart des pays arabes du golfe Persique, et ce n’est pas par hasard que le coût financier de ce projet a été estimé à 7,5 milliards de dollars, un chiffre fixé par le gendre du président américain à Manama dans le cadre de ce qu’on appelait à l’époque le “Deal du siècle” », rappelle Atwan qui ajoute :

« Il est vrai que l’accord tripartite jordano-israélo-émirati a été paraphé et décrit comme une “déclaration d'intention”, et pas comme un traité ou un accord de coopération, et qui stipule pourtant que la Jordanie produise de l’électricité à partir de l’énergie solaire pour “Israël”, ce dernier devant en contrepartie dessaler de l’eau pour la Jordanie ; cependant, de par notre expérience, tous les accords conçus sous l’appellation de “déclarations d’intention” ont été pratiquement appliqués sur le terrain, y compris l’accord [de 2016] qui permettait à la Jordanie d’acheter aux Israéliens du gaz naturel piqué aux Palestiniens… Et en quoi l’accord [tripartite israélo-jordano-émirati] est-il une simple déclaration d’intention, alors que les Émirats arabes unis ont d'ores et déjà acheté 4800 dounams de terrains en Jordanie pour y établir des panneaux solaires ? »

Par ailleurs, cet accord ne relève guère du bon sens, d’après le journaliste arabe. « Depuis quand Israël éprouve ce besoin en électricité à partir de l’énergie solaire en provenance de Jordanie ? Ou, est-il connu pour avoir inventé et exporté la technologie de production d’électricité ? Ou encore, Israël, est-il le seul régime au monde à posséder une technologie de dessalement de l’eau ? La plus grande quantité d’énergie solaire au monde est produite dans le désert occupé du Néguev, adjacent au sud de la Jordanie, et les plus grandes usines de dessalement d’eau au monde sont situées en Arabie saoudite et dans d’autres pays du golfe Persique, que ce soit du dessalement de l’eau de la mer Rouge ou du golfe Persique dont il s’agit…, et toutes les stations de dessalement ont été établies il y a au moins quarante ans et sous la supervision d’entreprises européennes, Israël n’y ayant aucune part. (…) Et si la Jordanie connaît une crise de l’eau, pourquoi ne va-t-elle pas [chercher de l’eau] en Syrie, en Irak, voire en Arabie saoudite, au lieu d’appeler au secours les Israéliens ? »

Abdel Bari Atwan en convient ainsi à ce qu’il s’agit d’un accord « truqué et miné », « une tentative naïve de dissimuler un objectif politique prédéterminé, à savoir, lier la Jordanie au régime occupant israélien et à sa sécurité, attribuer à la Jordanie un statut de partenaire stratégique du régime israélien et renforcer la mainmise israélienne sur le plan politique et économique en Jordanie ».

« Le parrain américain est le défenseur principal de cet accord et soutient sa mise en œuvre, et son représentant, John Kerry, a été un “faux témoin” du processus de signature entre la ministre israélienne de l’Énergie Karen al-Harr et le ministre jordanien de l’Eau et de l’Irrigation, Mohammad al-Najjar.

L’accord a été conçu sous prétexte de surmonter la crise climatique, et nous ne savons pas ce que la Jordanie a à voir avec cette crise ; comme si nous aurions affaire à un pays pollueur disposant des plus grandes centrales et réacteurs nucléaires, ayant joué un rôle majeur dans l’augmentation du trou de la couche d’ozone ! »

Et le journal Rai al-Youm d’ajouter :« L’Amérique et Israël, ainsi que les Émirats arabes unis, entraînent la Jordanie dans un abîme de troubles internes, en y exacerbant les tensions liées à la pauvreté, à la faim, au chômage et à la hausse scandaleuse des prix.

La rue jordanienne connaît actuellement un état de bouleversement sans précédent, le volcan de la colère approche du pic de son éruption ; et il est difficile de l’arrêter cette fois-ci.

Les décideurs jordaniens sont censés comprendre que le peuple jordanien, avec toutes ses sectes tribales, ses origines et ses ethnies, est devenu aujourd’hui solidaire et unanime pour défende un seul objectif, à savoir, le rejet de la normalisation avec le régime occupant israélien et du Deal du siècle. Le peuple jordanien est contre toute tentative d’enterrer la cause palestinienne, aux dépens de la Jordanie, de son unité et de sa stabilité, étant donné que le plus grand bénéficiaire de tous ces projets de normalisation est Israël, et le plus grand perdant est la Jordanie, les deux peuples jordanien et palestinien en étant les premières victimes.

(…) plus de 75 députés ont protesté contre l’accord tripartite susmentionné, et les médias sociaux étaient remplis de tweets en signe de colère, s’opposant à toutes les formes de normalisation… »

À noter que 70 des 130 députés du Parlement jordanien avaient auparavant annoncé leur opposition à tout accord avec le régime sioniste au sujet de la production de l’électricité et du dessalement de l’eau, appelant à une réunion urgente pour réexaminer l’affaire.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV