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Zoom Afrique du 27 septembre 2021

Mali: les autorités jouent le jeu de la France !

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Au Mali, une nouvelle école de guerre pour la France, un report des élections qui arrangent la France, mais que se passe-t-il au Mali ?

Actualité en Afrique :

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Analyses de la rédaction :

1. Mali: nouvelle école de guerre française !

Au Mali, Bamako projette de mettre en place une école de guerre.

Le Mali veut maintenant mettre sur pied sa propre école de guerre. La loi a été adoptée jeudi par le Conseil national de Transition.

Les contradictions se multiplient au sein de la junte militaire.

Selon les médias qui relayent les dires de Bamako, l’idée principale serait d’assurer à long terme, son autonomie en matière de riposte au niveau sécuritaire. Par contre, ce qui est assez gênant, c’est que c’est une structure française qui assurera les formations dans cette école.

À ce moment-là, comment peut-on parler d’«autonomie » dans le domaine sécuritaire si c’est une firme française qui assure les formations ?

Cette initiative ressemble à celle qu’on a pu voir récemment en Côte d’Ivoire.

Récemment, une académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT) a été inaugurée en Côte d’Ivoire, le 10 juin, afin d’aider au combat contre le terrorisme. Le Premier ministre ivoirien, Patrick Achi, et son ministre de la défense, Téné Birahima Ouattara, au côté du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, ont inauguré l’AILCT à Jacqueville, près d’Abidjan.

Par contre, le Sénégal avait fait pareil, mais ce fut une école entièrement nationale.

En octobre 2020, le président de la République Macky Sall, chef suprême des armées, a signé le décret portant création d’une grande école militaire ayant pour vocation de préparer les officiers supérieurs à assumer des responsabilités d’état-major et de commandement en temps de guerre comme en temps de paix. Ceci, dans le but de montrer une certaine indépendance militaire vis-à-vis de l’Occident.

Ce qui fait que cette initiative au Mali montre encore une fois, que quelque chose ne va pas dans cette junte militaire.

Ce que les Maliens veulent par-dessus tout, c’est un pays indépendant, souverain et intègre. Ce qui ne se reflète pas au niveau des autorités de Transition.

Dernièrement, nous avons pu voir de nombreuses manifestations contre les ingérences étrangères, mais auparavant, il y a eu également de nombreuses manifestations pacifiques devant l’ambassade de la Russie au Mali.

Par contre, ce que nous ne voyons toujours pas, ce sont des manifestations devant l’ambassade de France, alors que les Maliens se rassemblent par millier à Bamako sur la place de l’indépendance.

Ce sont ces incohérences répétées qui nous font savoir que quelque chose de très complexe est en train d’être mis en place.

L’arrivée massive des militaires européens, qui s’ajoutent aux nombreux contingents militaires déjà présents au Mali au côté de Barkhane, cette fameuse école de guerre dont la France va s’occuper de la formation des militaires, le genre d’école qui mercenarise les armées nationales. Tout ceci ne présage évidemment rien de bon, et cela sape les efforts du peuple malien qui se bat pour mettre les occupants occidentaux. Les Maliens sont actuellement conscients que la France et les États-Unis ne comptent pas laisser tomber le Mali et trouveront ensemble une manière pour pousser la présence néfaste d’occupation de leur pays et du continent.

 

2. Mali: recul des élections ; en faveur de Paris ?

Sur la toile, on parle de plus en plus de report d’élection et de prolongation de la Transition, bonne ou mauvaise nouvelle ?

Les élections présidentielles et législatives, initialement annoncées pour le 27 février 2022, seraient maintenant planifiées pour être reportées de quelques semaines ou des mois a indiqué, dimanche, le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga.

Le Chef du gouvernement s'exprimait dans une interview accordée à des médias français en marge de la 76ème session de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York.

"Est-ce que cela se tiendra le 27 février (comme prévu initialement), ou (cela pourrait être repoussé) de deux semaines, de deux mois, de quelques mois, nous le dirons" à l’issue des "Assises nationales de la Refondation qui se tiendront d’ici fin octobre", a expliqué Choguel Kokalla Maïga.

"Il vaut mieux organiser des élections apaisées, reconnues par tous, plutôt que d’organiser des élections avec des contestations", a insisté le Premier ministre.

"Nous avons décidé d’être pragmatiques, d’être réalistes, c’est très important d’être réalistes en politique, d’être chevillés à l’opinion publique nationale qui est aujourd’hui en faveur d’élections crédibles et apaisées", a souligné la même source.

Pour rappel, le Mali s'est engagé dans une phase transitoire de 18 mois à compter de septembre 2020, à la suite du coup d'État du 18 août 2020.

Les choses continuent de tourner en faveur de la France, pourtant tant contester par le peuple malien.

À l’heure où certains au Mali parlent même d’une prolongation de trois ans, ce qui est plutôt une faveur qui ira dans le sens de la France.

Dans le cas où les Autorités de transition auraient, dès leur arrivée, directement coupé le cordon avec la France, une prolongation de la Transition aurait peut-être eu un sens. Car, saper les accords coloniaux, remettre en place l’autorité de Bamako dans l’entièreté du pays surtout dans la partie Nord, que la France continue toujours de contrôler, l’annulation totale des Accords d’Alger, bref tout ce que les Maliens demandent depuis plusieurs mois, prennent du temps et demande beaucoup d’organisation.

On a l’impression que justement, le remue-ménage avec des pseudo accords avec la Russie est un moyen que Paris et Washington ont trouvé pour tenter de rallier la population, pourtant anti-impérialiste, à sa cause et de justement s’attendre à ce que les Maliens demandent une prolongation de la Transition.

Par exemple, avec cette fameuse école de guerre, on pouvait trouver le terme d’« autonomie », alors que c’est quand même la France qui va s’occuper de la formation des militaires dans cette école. Ou entendre le Premier ministre Maïga, parler d’« abandon » de la France. De plus, au niveau sécuritaire, la situation est on ne peut plus alarmante. Dans l’interview accordée au média français RFI et France 24, le Premier ministre a lui-même annoncé que les deux tiers, soit près de 70 % du territoire malien, sont sous le contrôle des groupes terroristes.

Si la Transition demande plus de délais pour faire ce genre de chose, cela ne peut qu'être bénéfique pour Paris et Washington et vraiment pas pour le Mali.

Depuis le coup d’État du 18 août, et contrairement à ce que font croire beaucoup de médias à travers le monde, rien n’a concrètement été fait contre la France, mis à part quelques manifestations contre les ingérences étrangères sur la place de l’Indépendance à Bamako et devant l’ambassade de la Russie pour demander une coopération militaire.

Pourquoi n'a-t-on vu aucune manifestation devant l’ambassade du pays concerné, à savoir la France ?

Dans le cas présent, rien ne nous a montré concrètement que Bamako à couper les liens avec Paris, comme le demande la population malienne. Au contraire, Paris n’a jamais annoncé son départ du Mali, la ministre française des Armées l’a d’ailleurs répété dernièrement.

Ces incohérences se multiplient au fur et à mesure que le temps passe, et ce qui nous laisse à penser qu’en réalité, le peuple malien est livré à lui-même, et il est le seul à pouvoir décider de son destin. 

 

3. Mali: récapitulatif

Deux vidéos successives qui évoquent à quel point la puissance d’occupation qu’est la France a été amenée à faire appel à tous les moyens possibles et inimaginables, fut-ce, l’auto-déni, pour contrer cette vague montante de la résistance malienne au néocolonialisme. Un récapitulatif : les premières manifs anti-occupation au Mali ont éclaté en 2019 quand des millions de Maliens ayant senti et compris l’imposture du fameux «  djihadisme », ce projet sorti droit des services secrets occidentaux, français, américains et dont le pendant s’appelle Daech au Moyen-Orient, ont exigé le retrait des troupes d’occupation. Terrorisé à l’idée d’avoir à perdre d’énormes intérêts qu’elle cumule depuis huit ans au Mali où elle pille détourne sans compter et à l’aide de ses amis de l’OTAN or, pétrole, minerais, la France, qui faisait face à cette vague montante anti-occupation, a alors tenté une première diversion : un premier coup d’État contre IBK qu’elle avait réussi entre temps à faire passer pour la source absolue du mal, tout en se retranchant derrière lui pour se préserver de la colère de la rue. Une fois la junte dirigée par un officier de la CIA Goita arrivé au pouvoir avec la très claire mission de bloquer le recouvrement des territoires perdus pour cause de Barkhane en 7 ans de guerre et de façon à ce que le Mali retrouve son intégrité, que le perfide accord d’Alger soit neutralisé, le facteur religieux incarné par l’imam Dicko qui avait si largement mobilisé la foule, a très rapidement compris le manège et s’est retiré hélas de la scène. Or ce premier coup d’État n’a pas apporté l’effet escompté, car le patriotisme est dans le sang des Maliens et Barkhane qui voulait repérer les régions du nord, puis contaminer par terroristes djihadistes interposés le centre, se heurtait de plein fouet à des résistances au sein même de l’appareil putschiste. Un second coup d’État a eu lieu en août 2020, moins de huit mois après le premier. La France « américanisée » de Macron qui avait, au contraire de celle de Chirac ou de Sarkozy, de faire passer avant les intérêts français, ceux des États-Unis exerçait là un modus operandi, « liquider le système électoral et donc le recours à la voix populaire » dans les pays de l’Afrique de l’Ouest, car ce système que les colonialistes ont introduit en Afrique rien que pour la déstabiliser, le futé africain l’a converti en une arme contre les ingérences occidentales. Le chapitre des coups d’État allait ainsi s’ouvrir : tantôt sous forme de liquidation physique comme le cas de Deby, tantôt sous forme d’emprisonnement comme le cas de Condé. Dans tout ceci il y a un constat à faire : le Mali, par sa grande civilisation, son histoire et sa riche diversité a toujours imposé aux forces d’occupations des scénarios largement plus subtils et plus complexes, puisque les Maliens savent comment couper l’herbe sous le pied de leurs ennemis et comment les ramener, comme ce qu’ils ont fait à Barkhane, à regretter leur agression : ce processus de réconciliation avec les ex-djihadistes que la Syrie et l’Irak n’ont toujours pas réussi à faire, les Maliens l’ont fait et des villages entiers vivent désormais en paix : au bout de dix ans de guerre la Syrie peine encore à rapatrier ses réfugiés de Turquie, du Liban, ou de la Jordanie, mais les Maliens l’ont fait tout comme les Nigériens ou les burkinabé : les réfugiés reviennent en masse  sans que les États sahéliens aient à demander de l’aide de la Chine de la Russie ou de l’Iran, car le Mali, le Niger et le Burkina sont des États indépendants, souverains, et n’ont guère besoin d’assistance de quelle partie que ce soit. Des alliances certes mais pas des assistances.

Et on revient à nos deux vidéos : ce jeune patriote malien qui plaide pour l’entrée en scène de la Force Wagner joue le jeu de la France, car une implication russe au Mali, justifiera une ingérence US/OTAN, ce qui saperait les efforts des années de résistance des Famas et des Maliens à l’occupation, et au projet de l’implosion de l’État. Quant au PM de la junte au pouvoir, c’est énorme et douloureux, cette mascarade qu’il a jouée devant l’AG de l’ONU… on aurait dit même que son texte avait été rédigé par Le Drian : « Abandons du Mali par la France », monsieur le Premier ministre ?! des milliers de Maliens ont été tués par cette guerre contre le terrorisme que la France colonialiste a déclenché en 2013 dans le nord du Mali à l’aide de ses propres agents secrets qu’ils appelaient alors les « djihadistes ». C’était juste après le printemps arabe, scénario visant à faire imploser les États nations du Nord de l’Afrique. Ayez un peu de patriotisme et ne falsifiez pas la réalité... Les Maliens sont majeurs et vaccinés et n’ont besoin ni de la Russie ni des États-Unis, de la France ni de personne d’autre pour ramener le pays sur le chemin de la stabilité et de la prospérité… s’il y a le besoin d’une aide, c’est uniquement vers les voisins du Mali : le Niger, le Burkina, l’Algérie, la Cote d’ivoire, le Benin qu’il faut se tourner.  C’est d’ailleurs cette idée d’une coalition interafricaine que l’héritier de Sarkozy Hollande craint le plus. En 2011 Sarkozy a tué Kadhafi pour y mettre un terme définitivement…En 2021, Macron en a fait autant avec l’ami de Kadhafi, Idriss Deby… Et dans tout ceci, il y a une voix toujours inaudible qui devrait se faire entendre de toute urgence…c’est celle de l’imam Dicko.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV