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Qatar : pourquoi Ben Salmane a hissé le drapeau blanc?

L'émir qatari à Riyad, 5 janvier 2021. ©Al-Jazeera

À regarder de près les gesticulations de MBS qui, trop nerveux, se trouve dans tous ses états à attendre le qatari Tamim descendre l'escalier de son avion puis mettre le pied, hautain, sur le tapis rouge pour participer à ce que la presse saoudienne a qualifié à tort de grandes retrouvailles, l'observateur averti ne tarde pas à comprendre une chose chose : Riyad a tout perdu. Ce que cette presse qualifie de deal Arabie/Qatar, n'est enfin du compte qu'une capitulation humiliante infligée aux Salmane puisque, selon des informations, Doha n'aurait accepté aucune des trois conditions exigées par Riyad pour une reprise des relations: la rupture avec l'Iran, la rupture avec la Résistance, le filtrage pro-saoudien d'Al-Jazeera.

Sauf qu'à ce coup, Riyad risque de perdre Ben Zayed, Sissi voire Bahreïn dont le roi a pour la première fois depuis 2011, date de l'occupation militaire de Bahreïn par les Saoudiens, a désobéi aux ordres et boycotté la réunion. Mais qu'est-ce qui a poussé Ben Salmane à s'humilier de la sorte? Il y a évidemment la perspective d'un départ irréversible de Trump et de l'arrivée de Biden connu pour ses liens avec les Frères musulmans version qatarie. Mais vu le contenu encore une fois foncièrement anti-iranien du discours de ce mardi de Ben Salmane où l'intéressé a appelé le "monde entier à faire arrêter le programme nucléaire iranien" qui "déstabilise", on ne peut ne pas y voir l'ombre de l'Iran. L'Iran et la Résistance évidemment. 

En bas de l'escalier de l'avion qatari et alors même qu'il courait à la rencontre de Tamim, Ben Salmane aurait sans doute remémoré tous les coups reçus ces dernières semaines : le tir de missile Qods-2 contre Djeddah, les déboires des pétroliers britanniques en mer Rouge, la spectaculaire attaque contre l'aéroport d'Aden supposément sécurisé par l'armée saoudienne, puis les explosions de mardi pourchassant le gouvernement factice pro-Riyad d'Aden, et puis The last but not the least, la saisie d'une cargaison de l'éthanol saoudien vendu à Séoul. Rappelons que ces coups, MBS les a cherchés follement, en dépensant des milliards de dollars pour que Trump entre en guerre contre l'Iran, liquide les officiels iraniens, et bloque toute levée de sanction anti-iraniennes. Quant à la Résistance yéménite, la dernière campagne de bombardment saoudien contre Hudaydah, le martyr, date d'il y a quelques heures et en dépit d'une défaite militaire totale, MBS s'obstine à tuer, à bombarder, à affamer ... puisque c'est là sa mission.

Mais le pari saoudien basé sur l'éloignement possible de Doha par rapport à Téhéran, son rapprochement envers l'axe Tel-Aviv-Riyad va-t-il réussir ? Rien n'est moins sûr au train où vont les événements/le retour ,i figue mi raisin de Tamim a déjà provoqué des dissensions dans le camp saoudien et à force de vouloir isoler l'Iran, Riyad a toutes les chances de s'isoler lui même 

Au Yémen déjà, les tensions émirato-saoudiennes ont atteint leur apogée, le sud n'est plus qu'un champ de bataille MBZ/MBS. Et puis mine de rien, le jeune Tamim, n'a pas l'air trop empressé pour que les choses reviennent à l'avant d'il y a quatre ans. la position sévère du Qatar ces quatre dernières années lui ont permis de tisser de nouvelles alliances et d'utiliser le blocus pour développer des liens alternatives et renforcer les relations avec l'Iran et même la Russie pour contenir la pression. Et comme dit le dicton, on n'oublie jamais l'ami des temps durs.

Réagissant au sommet de Riyad, Le porte-parole du mouvement d'Ansarallah a eu comme toujours le mot juste: «Ces développements évoluent l'échec de la politique de siège, de guerre et d'agression. »Le porte-parole du mouvement yéménite Ansarallah, Mohammed Abdul Salam, a écrit sur sa page twitter:« Les politiques de siège et de guerre ont échoué suite à la signature d'accord Doha-Riyad visant à ouvrir les frontières et à lever le siège du Qatar .. " 

 

 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV