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Alger craint non plus une Syrie bis mais une Somalie bis. Pourquoi?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président algérien, Tebboun entouré des généraux de l'ANP./TSA

Il y a un souci infiniment vrai dans le discours que vient de tenir le président algérien sur la Libye, lequel président a refusé de recevoir le chef du Parlement libyen : alors qu'Alger évoque désormais une "possible" initiative conjointe Algérie-Tunisie pour mettre un terme à la guerre US/OTAN/Israël en Libye, en misant visiblement sur les tribus libyennes, sur les connexions existantes ou à créer entre l'axe Alger-Tunis d'une part et ces tribus de l'autre de façon à tirer le tapis sous les pieds US/OTAN, le président Tebboun se dit inquiet de voir une Somalie bis à naître aux portes de l'Algérie.

Jusqu'ici, la principale crainte des Nord-africains aura été de voir la Libye se transformer en une nouvelle Syrie. Mais le parallélisme s'est très vite brisé au contact de la réalité.

En Syrie, chaque acteur joue franco, il est pour ou contre l'intégrité territoriale syrienne. Il en est ainsi de la Russie et de l'Iran qui se rangent depuis 10 ans aux côtés de l'État et du peuple syrien tandis que les USA et leur horde se trouvent dans le camp d'en face. Or le jeu libyen est un jeu de dupe : l'Égypte, les Émirats, l'Arabie, la France, alliés de l'axe US/Israël disent combattre la Turquie et L'Italie, elles aussi, alliées de ce même axe. Et puis combattre quoi? Cela fait dix ans que la Libye est scindée en deux et que ses recettes pétrogazières vont aux grosses institutions financières que dirige encore ce même axe USA/OTAN. Alors cette guerre ne peut par principe se dérouler autour du pétrole. Les Algériens et les Tunisiens le savent, la pseudo guerre libo-libyenne, c'est à eux qu'elle se destine. 

Et c'est là que l'image de la Somalie a tout droit de s'imposer. Début mai, un avion humanitaire kényan a été pris pour cible d'un missile tiré depuis la Somalie qui a causé sa destruction ainsi que la mort de six de ses passagers. Au train où vont les événements, l'Algérie tout comme la Tunisie pourraient connaitre des incidents similaires. 

Le site d’information russe Avia.pro nous apprend le 20 juillet le déploiement des radars russes Terek pour protéger les positions des forces de l’ANL pro-Haftar face aux bombardements éventuels des F-16 turc, et ce, sur fond de vives déclarations de la Turquie sur sa volonté à bombarder Syrte. Bien que datant de l'époque soviétique, ces systèmes sont capables, même dans les conditions actuelles, de suivre des cibles aériennes à des distances allant jusqu'à 100-180 kilomètres, et à des distances allant jusqu'à 80 kilomètres, en présence de brouillage, voire de suivre des chasseurs furtifs et des bombardiers.Voilà un point qui ne devrait guère réjouir l'Algérie ou la Tunisie dont l'aviation civile se trouve potentiellement exposée. 

Dans le camp d'en face, les zones contrôlées par le gouvernement d’Union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj, la Turquie se targue d'avoir déployé  la DCA P-18M  modernisés par l'Ukraine. Là encore, il y a de quoi se soucier du spectre d'une Somalie à naître aux portes de l'Algérie avec le risque des tirs "garés" de missiles antiaériens même si les chasseurs MiG-29 et les bombardiers Su-24 de Haftar ou ceux de la Russie ont réussi à bombarder des batteries antiaériennes précitées.

Le chef d’État algérien croit que le conflit en cours dans le pays voisin ne sera résolu que par le dialogue et que « l’usage des armes n’a et ne sera jamais la solution ». On aimera croire M. Tebboun mais au point où vont les événements, une solution négociée de la guerre appartient bel et bien au passé. Lundi, le président algérien a aussi réaffirmé que « nous refusons d’être mis devant le fait accompli ». Mais le fait accompli est bien là. Il y a plusieurs semaines, les États-Unis d'Amérique ont fermé la porte à toute médiation algérienne dans cette affaire et ils n'y reviendraient pas. Il est grand temps que l'Algérie et son armée voient la réalité bien en face : M.  Tebboune, plaide pour que le peuple libyen « puisse décider de son propre destin sur la base de la légitimité populaire, et sous l’égide des Nations unies ». Mais par les temps qui courent, ce discours parait suranné.

De même, il a regretté que certaines tribus armées par les grandes puissances en lice en Algérie aient mis la poudre dans le feu ces 24 dernières heures que la poursuite d’une telle situation dangereuse pourrait faire de la Libye une deuxième Somalie.

Une telle situation névralgique a amené le président Tebboune à évoquer une nouvelle solution algéro-tunisienne pour la crise de son voisin, après avoir établi des contacts avec les Présidents russe Vladimir Poutine, tunisien Kaïs Saïed et français Emmanuel Macron.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV