TV

Comment les USA ont fini par commencer à jeter du leste face à la perspective d'un rapprochement Chine/Liban

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le drapeau du Hezbollah non loin des frontières avec les territoires occupés de la Palestine.(Archives)

Et bien la méga bombe lancée il y a une dizaine de jours par Nasrallah quand il a prôné, en guise de représailles à la loi César, un rapprochement substantiel du Liban avec l'Iran et la Chine, continue à acculer au mur le camp d'en face : après la visite précipitée du chef du CentCom au Liban où il a mis l'accent sur la coopération étroite de l'armée libanaise et les USA, façon de s'assurer de ce que cette promise par Nasrallah pour éviter aux Libanais le blocus et la famine, ne verra pas la participation de l'armée libanaise, l'heure est aux concessions de l'ambassadrice Shea : cette pseudo diplomate à qui la justice libanaise interdit désormais d'insulter le Hezbollah et donc les Libanais, aurait fait trois demandes auprès du président du Parlement pour avoir un entretien avec le PM Diyab qui refuse de l'accepter et puis elle a même fait une liste sur les produits qui pourraient être dérogés de la liste des sanctions US contre l'Iran. C'est beaucoup pour une femme qui se croyait jusqu'à tout récemment la proconsul US en terre conquise.

Puis il y a la rue qui semble se tourner soudain contre l’Amérique alors que celle-ci en avait fait une scène de démonstration de force contre le Hezbollah : vendredi, 10 juillet, les Libanais se sont réunis, devant l’ambassade des États-Unis à Beyrouth, pour la troisième fois en l'espace de 72 heures et pas que des chiites : druzes, sunnites, chrétiens de toute tendance y étaient afin de protester contre le blocus US imposé au Liban, les ingérences américaines, les commentaires interventionnistes de Mike Pompeo sur le droit du Liban à avoir ou pas à demander le pétrole iranien, le mépris total de Shea pour la souveraineté libanaise.

Des pancartes à la main, les manifestants libanais sont allés plus loin, dénonçant le soutien US au terrorisme. Bref les jeux sont inversés à la grande surprise US et presque sans que l'Amérique puisse voir le coup venir. Au Liban, l'option de l'Est a réintégré la scène politique même si les courants pro-US et pro-Occident la refusent obstinément, évidemment et comme toujours en décalage avec la rue.

Des manifestants libanais se sont réunis devant l'ambassade des États-Unis à Beyrouth, le 10 juillet 2020. ©Fars News

Le ministère libanais de l'Energie a affirmé jeudi ne pas encore envisager de faire une demande de livraison de pétrole auprès de l'Iran mais après la visite d'une délégation irakienne à Beyrouth, le transit maritime de pétrole irakien vers le Liban est à l'ordre du jour. Le Hezbollah 1 contre 0 pour les Etats-Unis. Et puis il y a la Chine qui attend patiemment son tour.

Cette semaine le nombre d'entreprises chinoises frappant à la porte du PM Diyab a exponentiellement augmenté : 20 contre 12 il y a peu. La Chine entend financer de vastes projets routiers, ferroviaires et maritimes pour booster les échanges économiques avec le Liban et il revient désormais au gouvernement libanais d’identifier les autres chantiers qui pourraient profiter du fonds souverain consacré aux routes de la soie, lequel s’élève à plus de 40 milliards de dollars.

Cet argent pourrait par exemple servir à financer la construction d’un tunnel entre Beyrouth et Damas ou encore de réactiver la liaison ferroviaire Tripoli-Homs. Au contraire de ce que Pompeo veut faire croire, ce n'est pas le Hezbollah qui a ouvert les portes à la Chine. La première étape de cette coopération Chine-Liban a été scellée en septembre 2017 à l’issue d’un accord de coopération conclu à Yinchuan, dans le nord de la Chine, les deux pays s'étant engagés à identifier des « projets communs » dans les domaines des transports, des infrastructures, des investissements et de l’énergie. Ce qui est nouveau c'est que l'Amérique a expulsé la Chine d’Israël et que désormais tout projet sino-libanais aura une teneurs anti-Israël. Surtout que Pékin obtiendrait des garanties pour l’exploitation de deux puits de gaz offshore en Méditerranée, vaste scène des manœuvriers anti-libanaises d’Israël.

Lors d’une interview exclusive avec la chaîne de télévision al-Manar, le cheikh Naïm Qassem a implicitement évoqué le merveilleux coup de la Résistance contre l'axe US/Israël qui a si bien fonctionné : « Nos alliés et nous, nous ne permettrons pas aux Américains de faire basculer le Liban dans une vacance politique. Toutes les pressions qu’exercent les Américains à l’encontre du Liban visent à reconfigurer les forces politiques et à priver le Hezbollah, un groupe de résistance qui fait peur à Israël, de son pouvoir », a déclaré le Cheikh Naïm Qassem.

Le secrétaire adjoint du Hezbollah a souligné que les autorités de ce groupe de résistance avaient des options difficiles sur la table qu’elles pourraient prendre si nécessaire. Ces options difficiles pourraient comprendre une série de mesures ou d’approches. La guerre déclenchée par les États-Unis et Israël est de nature économique mais si une confrontation militaire avec Israël a lieu, la partie israélienne sera définitivement la partie perdante ; la Résistance est bien plus puissante qu’en juillet 2006 et c’est ce dont le régime israélien a parfaitement conscience », a-t-il précisé.

 

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV