Alors que les GI's continuent à s'enfermer dans leurs bases militaires, préférant la circulation héliportée au déplacement au sol par crainte d'avoir à subir le même sort que leurs confrères à Aïn al-Asad, l'ambassade US a été bien prompte à réagir ce dimanche matin à la nomination du nouveau Premier ministre irakien, un « laïc et libéral » qui devrait tout raison garder, satisfaire pleinement aux exigences d'une Amérique qui a tout fait depuis octobre pour étouffer l'élan souverainiste de l'Irak.
Or le texte reflète plus l'inquiétude que la satisfaction : « La situation actuelle en Irak et dans la région demande à ce qu'un gouvernement indépendant et propre voie le jour, un gouvernement qui s'estime lié par ses engagements envers le peuple irakien... La sécurité irakienne est vitale. Les USA sont prêts aussitôt après la formation du gouvernement, à coopérer à l'émergence d'un Irak stable, prospère, souverain. »
Pour ceux et celles qui suivent depuis le mois d'octobre les évolutions en Irak, la rhétorique est à la limite du ridicule, la dernière manifestation de la violation de la souveraineté irakienne ayant remonté au 3 janvier.
Mais d'où le malaise bien visible de l'ambassadeur qui, rappelons-le, a gagné en catimini voici peu l'ambassade US à Bagdad? Allouai est l’ancien ministre des Télécommunications qui a été chargé dans la nuit de samedi à dimanche par le Président Saleh de former le nouveau cabinet. Or il y a là une méga défaite pour les Américains qui ont tout fait depuis octobre pour provoquer l'effondrement de l'État irakien, et qui après l'échec de tous les plans, se sont livrés à un terrorisme d'état dans sa forme la plus pernicieuse qui soit . Présenté par la liste des Hachd al-Chaabi, al- Fath, Allaoui bénéficie d'un consensus entre Chiites, Kurdes et Sunnites, ce qui s'avère en soit bien décevant pour l'Amérique, la nomination intervenant presque deux mois après la démission de son prédécesseur Adel Abdel Mahdi début décembre, alors que le délai pour nommer le Premier ministre était sur le point d’expirer.
Vient ensuite le premier communiqué de Mohammed Allaoui qui là aussi est loin d'apaiser les inquiétudes US :
Le président irakien, Barham Saleh, a nommé l’ancien ministre des Télécommunications, Mohammed Allaoui, au poste de Premier ministre. Ce dernier a déclaré dans un discours :
« Je formerai le gouvernement irakien sans tenir compte des tentatives des blocs politiques de m’imposer leurs candidats et j'appellerai les manifestants à poursuivre leurs manifestations pacifiques jusqu'à ce que leurs demandes soient satisfaites », souligne Allaoui en s'engageant à servir l'Irak et à poursuivre les assassins des manifestants irakiens. Plus loin Allaoui rend hommage à la Marjaiya et son rôle de protecteur envers les Irakiens, toute tendance confondue et dit : « Nous ne laisserons jamais l'Irak devenir une arène de règlement de comptes, et je m'engage à protéger l'Irak contre toute ingérence étrangère. »
Avouons que ces phrases sont bien loin de refléter ce à quoi inspirent les USA, au bout de 12 ans de présence dévastatrice en Irak, à savoir un Irak découpé d'une grande partie de sa population acquise à la cause d'un retour à la souveraineté étatique avec tout ce que cela comporte à savoir les institutions souveraines, mais aussi et surtout une armée souveraine, un sol et un ciel souverain. Personne n'oublit que le complot US contre le projet de l'émergence d'un Irak souverain a commencé en étét 2019 quand les frappes aériennes « mystérieuse » ont été lancées contre les positions et les bases des forces armées du pays, les Hachd al-Chaabi. S'obstinant a refuser toute responsabilité dans l'affaire, les USA ont laissé entendre qu'Israël en est l'auteur. Or Allaoui est un anti-Israël de première heure.
Le nouveau chef du gouvernement irakien est celui qui a démissionné de son post de ministre de la Télécommunication en aôut 2012 pour protester contre une décision pro-israélienne au sein de son ministère. Celle-ci avait remis en effet l'orbite du satellite irakien à Israël. Cette décision a permis ensuite ua régime usurpateur de lancer AMOS-4 au prix d'environ 220 millions de dollars, ce qui en fait un bénéfice annuel net compris entre 100 et 150 millions de dollars par an. Pire cette mesure a permis à ce que le ciel irakien soit placé sous la surveillance israélienne qui s'est ajoutée à celle des États-Unis. Pour un Irak qui veut se doter d'une DCA souveraine russe et chinoise, Allaoui n'est pas un mauvais choix surtout qu'on connaît aussi ses prises de positions anti-Deal du siècle. Du coup la réticence de l'ambassade US à l'idée d'avoir à « travailleur » avec Allaoui devient compréhensible.
