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Comment l'Iran fera couler un navire US en cas de guerre?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
L'image de l'USS Boxer, tourné par un drone Mohajer 6 iranien, juillet 2019 dans le golfe Persique/Press TV

The National Interest vient de consacrer un article aux récentes évolutions dans la région du golfe Persique : « Les événements récents, notamment celui du MQ-4 Triton de la marine américaine abattu par les forces militaires iraniennes, soulèvent à nouveau la possibilité d’une guerre entre les États-Unis et l’Iran. « La confrontation entre Washington et Téhéran qui en est à sa quatrième décennie, est périodiquement ravivée  et l’Iran ne cesse de sortir renforcé à chaque nouveau round. Si l'Iran décide de lancer une attaque contre une cible plus grosse, telle qu'un destroyer américain ou même un porte-avions, comment pourrait-il le faire ? 

L’Iran a largement développé ses capacités balistiques au cours des quarante dernières années, exactement pour les mêmes raisons que la Chine et la Corée du Nord : l’aviation militaire est une proposition coûteuse et le développement ainsi que le maintien d’une force aérienne rivalisant avec celle des États-Unis coûtent très cher. Les missiles balistiques constituent en revanche un moyen relativement peu coûteux. En contrepartie, l’interception de tels missiles est compliquée et elle représente en soi une entreprise coûteuse. Les trois pays ont développé de vastes arsenaux de missiles balistiques plus ou moins sophistiqués, échangeant parfois des informations entre eux et avec d’autres pays".

Et l'article d'ajouter : 

"L'Iran dispose d'un arsenal de missiles balistiques important et varié. Il est difficile de déterminer avec certitude les capacités balistiques iraniennes qui sont classés secret défense . Pour les besoins de cet article, supposons que l’Iran possède des missiles équipés de chercheur infrarouge qui sont les missiles Fathol Mobin. C'est un missile balistique anti-navire avec une portée de 434 milles.

Or, pour faire couler un navire, la chaîne des moyens de renseignement, de surveillance et de reconnaissance (ISR) est tout aussi importante que de posséder des missiles balistiques. Pourquoi? Et bien pour pouvoir surveiller en permanence un groupe aéronaval cible. C'est cette surveillance qui permet aux lanceurs iraniens de lancer leurs missiles de la manière la plus précise possible. Les porte-avions de la US Navy et leurs escortes peuvent atteindre une vitesse de 35 nœuds, rendant les informations obtenues très vite inutiles, même lorsqu’elles ont été obtenues avec une heure d'écart.

Les experts estiment que la Chine aura des exigences similaires en ce qui concerne les ISR dans le Pacifique mais au contraire de la Chine,  l’Iran aura une tâche beaucoup plus facile. Les frontières méridionales iraniennes donnent sur le golfe Persique et le golfe d’Oman, un littoral plus long que celui de la Californie, de l’Oregon et de Washington réunis et dont la largeur est inférieure à trois cents milles. Et puis l'Iran n’a pas besoin de moyens de reconnaissance sophistiqués pour garder la trace de quelque chose d’aussi grand qu’un groupement tactique de porte-avions. Les ressources militaires, y compris des avions et des hélicoptères militaires, les nombreux petits bateaux du Corps des gardiens de la Révolution islamique, des agents du renseignement iraniens ainsi que les navires civils permettront de suivre relativement facilement une flotte de navires américains.

L’Iran chercherait probablement à attirer un groupement tactique de porte-avions américain aussi près que possible de son littoral. Cela permettrait au pays de placer sa flotte de missiles balistiques dans une zone plus large et à l'intérieur de son territoire, ce qui lui donnerait une meilleure chance d'échapper à la détection radars avant que ces missiles soient lancés. Des appareils de reconnaissance américains tels que JSTARS, le RQ-4 Global Hawk et d’autres peuvent scruter l’Iran sans entrer sur le territoire iranien mais cette perspective a aussi ses risques. Au fur et à mesure que les missiles iraniens gagnent en distance et en sophistication, ils pourraient être déployés plus en profondeur dans l’intérieur du pays, où ils sont plus difficiles à détecter. Il convient de garder à l'esprit que l'Iran est un grand pays de plus de 636 000 kilomètres carrés, ce qui le rend plus grand que la Californie, le Nevada, l'Oregon, le Washington et l'Utah réunis.

En cas d’attaque, l’Iran lancerait des dizaines voire des centaines de missiles sur la flotte américaine. L'Iran utilisera toutes ses capacités balistiques pour brouiller les systèmes de défense des navires américains. Sans oublier que les forces iraniennes ont été les premières à utiliser des petits bateaux armés de missiles, de mitrailleuses lourdes et d'artillerie au cours de la guerre Iran-Irak.  Leur stratégie de défense repose sur l'utilisation d'un grand nombre d'armes légères pour surprendre l'ennemi.

Mais que pourront faire les navires US? 

Guidés par des missiles de croisière équipés d’Aegis Combat System, les systèmes de défense de la flotte américaine pourraient détecter la plupart des roquettes tirées. Le système de défense antimissile SM-6 sera utilisé pour cibler les missiles balistiques à courte portée lancés à partir de la côte. Les navires américains utiliseront probablement le système de défense antimissile balistique SM-3 pour intercepter les missiles à longue portée. Mais là aussi, les chances de succès sont relatives.

Des missiles iraniens pourraient-il couler un porte-avions américain? Les missiles qui ont les meilleures chances de frapper sont ceux à courte portée comme le Fateh Mobin. En effet, des cibles plus petite, telle qu'un destroyer, serait plus vulnérable face aux missiles iraniens. Quoi qu’il en soit, on peut s’attendre à ce que l’Iran continue de développer des missiles à longue portée avec des poids de projection plus importants et une précision améliorée. Le moment est  peut-être pour que le Pentagone refuse, ne serait -ce que par prudence, d’envoyer des porte-avions aux alentours des côtes iraniennes.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV