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Crise Riyad/Ottawa : jusqu’où ira-il l’Arabie saoudite ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane. ©SPA

De nombreux experts voient l’empreinte US dans l’escalade des tensions entre l’Arabie saoudite et le Canada, dont les relations vont de mal en pis. 

Ben Salmane est-il chargé par son « ami » Trump de déstabiliser le Canada de Justin Trudeau qui a osé le défier ? Entre les menaces d’un nouveau 11 Septembre et celle du soutien aux « séparatistes québécois », quel genre de tentative de déstabilisation pourrait être mené par le royaume wahhabite ? 

La revue britannique The Economist se penche sur la crise diplomatique entre Riyad et Ottawa et laisse entendre que les Saoudiens iraient au besoin « armer les séparatistes québécois ». En effet, la « longue expérience saoudienne » en termes d’ingérence dans les affaires intérieures d’autres pays est de notoriété publique : « Depuis 2011, les Saoudiens ont aidé à réprimer le soulèvement populaire à Bahreïn, à soutenir un coup d’État en Égypte et à séquestrer le Premier ministre libanais, Saad Hariri. »

The Economist se réfère ensuite aux propos du ministre saoudien des Affaires étrangères et écrit : « Si le Canada continue de critiquer, nous sommes autorisés à nous ingérer dans les affaires intérieures du Canada. » 

En réaction, les diplomates canadiens ont plaisanté en disant que le royaume armerait les « séparatistes québécois ». Mais Riyad est-il réellement capable d’agir en ce sens et s’agit-il d’un coup de propagande ?

La tension entre l’Arabie saoudite et le Canada a atteint son apogée après que Riyad a brusquement rompu ses liens avec Ottawa pour avoir critiqué la répression saoudienne contre la dissidence. Vendredi dernier, l’ambassade du Canada à Riyad a tweeté qu’il était « gravement préoccupé » par la montée des arrestations de militants des droits de l’homme dans le royaume, y compris la militante des droits des femmes Samar Badawi, et a appelé « les autorités saoudiennes à les libérer immédiatement. »

Irrité par le tweet, le gouvernement saoudien a ordonné lundi à l’ambassadeur du Canada de quitter le pays dans les 24 heures et de mettre un terme aux accords commerciaux et d’investissement conclus avec Ottawa.

Cela dit, comme le souligne The Economist, les sautes d’humeur de Riyad ne sauraient pas nuire au Canada. Ses exportations en Arabie saoudite se chiffraient à 1,1 milliard de dollars en 2017, soit 0,2 % de la valeur totale des exportations canadiennes. Il importait 2 milliards de dollars de produits saoudiens, principalement du pétrole. Les premiers à souffrir seront les près de 10 000 étudiants saoudiens au Canada. Le royaume leur a dit d’aller étudier ailleurs. Il prévoit également de retirer les patients saoudiens des hôpitaux canadiens.

Alors pourquoi cette mise en scène ? 

The Economist précise que les mesures saoudiennes sont un avertissement aux autres alliés de l’Arabie saoudite : taisez-vous à propos de nos politiques sinon vous allez perdre l’accès à notre marché.

Dans ce droit fil, la compagnie aérienne nationale d’Arabie saoudite a également annoncé qu’elle suspendrait ses vols vers le Canada à compter du 13 août.

Dans une autre escalade, les médias saoudiens ont déclaré que le royaume suspendrait les bourses financées par le gouvernement au Canada et déplacerait dans d’autres pays les ressortissants saoudiens qui étudiaient déjà au pays de l’érable.

Selon Jassem al-Harbash, responsable du programme des bourses du ministère de l’Éducation d’Arabie saoudite, plus de 7 000 étudiants saoudiens sont inscrits à des programmes universitaires à travers le Canada.

Réaction timorée US/colère européenne

La tension diplomatique a-t-elle suscité des réactions d’autres États ?

Les États-Unis ont refusé de prendre explicitement parti dans le conflit impliquant deux de ses proches alliés, mais ont demandé à l’Arabie saoudite de fournir plus de détails sur la détention de militants. Pour beaucoup, leur soutien à Ottawa manque de vigueur.

« Nous continuons à encourager le gouvernement de l’Arabie saoudite à respecter la procédure officielle et à diffuser des informations sur le statut des affaires judiciaires », ont déclaré les responsables américains.

L’Europe, elle, a été plus vigoureuse dans son soutien à Ottawa. 

Un certain nombre de membres du Parlement européen, dans un tweet lundi, ont appuyé la position du gouvernement canadien et dénoncé les violations des droits de l’homme en cours en Arabie saoudite.

Sur fond de conflit diplomatique entre les deux pays, une organisation de jeunes Saoudiens a partagé puis supprimé un photomontage sur Twitter montrant un avion d’Air Canada semblant se diriger vers la Tour CN à Toronto.

Le photomontage publié sur le compte Twitter d’Infographic KSA a rapidement fait parler de lui dans les médias. Pour beaucoup, le tweet rappelle les attentats terroristes du 11 septembre 2001, au cours desquels des avions ont délibérément percuté les tours du World Trade Center à New York et le bâtiment du Pentagone, tuant près de 3 000 personnes.

Ce message est d’autant plus imagé quand on se rappelle que sur les 19 terroristes qui ont perpétré ces attaques, 15 étaient d’origine saoudienne.

Infographic KSA a supprimé le tweet et publié des excuses : « L’avion était destiné à symboliser le retour de l’ambassadeur. Nous réalisons que ce n’était pas clair et toute autre signification était involontaire. » L’image a ensuite été republiée sans l’avion.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV