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Conférence Bagdad II en Jordanie : quel est le rôle de la France et pourquoi la Syrie en est-elle exclue ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Une photo d'archives, prise le 28 août 2021, montre les participants à la Conférence internationale de Bagdad pour la Coopération et le Partenariat.

L’Irak, ses voisins, les pays du golfe Persique, l’Égypte et la France se sont réunis ce mardi 20 décembre en Jordanie lors d’une conférence régionale. Cependant, une série de questions sur cette réunion restent sans réponse. 

La première édition de la conférence intitulée « Soutien régional à l'Irak » s'est tenue à Bagdad, capitale d'Irak, le 28 août 2021.

La Jordanie est l'hôte de cette deuxième édition au King Hussein Bin Talal Convention Center sur les rives orientales de la mer Morte, avec comme devise principale « Coopération et Partenariat, comment continuer la coopération pour soutenir l'Irak ».

Les représentants de l'Irak, la Jordanie, l'Iran, l'Égypte, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar, Bahreïn, le Koweït, Oman et la Turquie, ainsi que des délégués de la France, de l'Union européenne, des pays de la Ligue arabe, du Conseil de coopération du golfe Persique (CCGP), du G20 et des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies ont participé à la conférence. 

Une participation aussi large atteste logiquement de la grande portée de l'événement ; pourtant une série de questions sur la conférence restent sans réponse.

Si le titre et la mission principale de la conférence est le « soutien régional » à l'Irak, comme ce fut le cas lors de la réunion de Bagdad I, pourquoi la France s'est-elle révélée comme l'un de ses principaux organisateurs ?

S'il s'agit d'une coopération des « pays voisins » pour aider l'Irak à se reconstruire, quelles sont alors les principales missions des pays étrangers ? S'ils recherchent un soutien régional et la sécurité pour l'Irak et la région du Moyen-Orient dans son ensemble, pourquoi la Syrie en est-elle exclue ?

Si cette coopération est censée être endogène à la région et basée sur une entente entre les parties régionales, pourquoi Paris et Washington devraient-ils y jouer un rôle alors que Damas devrait être absent de la réunion ? La Syrie est pourtant voisin de l'Irak, se situe dans la partie la plus sensible de la région et partage les mêmes préoccupations comme la présence des terroristes de Daech dans son territoire, la présence de gangs de trafiquants de drogue et autres problèmes liés à ses frontières et son intégrité territoriale. Comment la conférence Bagdad II à Amman pourrait-elle être justifiée sur fond des troubles en Jordanie ?

Certains analystes et experts irakiens, comme le directeur du Centre de recherche stratégique irakien al-Ittihad, Mahmoud Al-Hashemi, ont également soulevé les mêmes questions.

« La conférence Bagdad I s'est tenue il y a près de 15 mois et aucun résultat tangible n'a été observé depuis. Qu'est-ce qui explique un tel échec ? », s’est-il interrogé.

Pourquoi l'événement devrait-il simplement être nommé « Conférence de Bagdad », alors que les pays participants, à savoir la Jordanie et l'Égypte, souffrent de problèmes et de crises graves ?

La Jordanie et l'Égypte sont actuellement aux prises avec des difficultés financières et la grogne générale ne faiblit pas. Des manifestations similaires à celles en Jordanie éclateront tôt ou tard en Égypte.

Des régimes comme ceux de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis étouffent les nations jordanienne et égyptienne en supprimant leurs aides financières et en rachetant leurs usines à des prix défiant toute concurrence.

Alors que l'Égypte et la Jordanie peinent à rembourser leurs dettes colossales à la Banque mondiale, pourquoi l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et d'autres pays ne regardent-ils pas Le Caire et Amman du point de vue de Bagdad ? Pourquoi le nombre de participants à la conférence Bagdad II en Jordanie a-t-il considérablement augmenté malgré le fait que les ordres du jour de la première édition étaient vagues ? Des ambiguïtés indiquent-elles des agendas non annoncés pour l'événement à Amman ?

Pourquoi la France a-t-elle été présente à la fois dans la première et la deuxième édition de la Conférence de Bagdad ? Quelle est l'importance du niveau des relations bilatérales entre Bagdad et Paris pour que la France assume une telle position ?

Lors de la première conférence qui a réuni le gouvernement de Mustafa al-Kadhimi et les voisins arabes de l'Irak, des discussions ont émergé sur une coopération potentielle en matière d'électricité au profit de Bagdad et sur des investissements potentiels dans ce domaine.

Une telle coopération ne s'est toutefois pas concrétisée jusqu'à présent et aucune entreprise arabe n'a commencé à opérer en Irak dans ce but. Pourquoi donc ? La conférence a été également le lieu de discussions sur l'amélioration potentielle des relations de l'Arabie saoudite avec l'Iran grâce aux bons offices de Bagdad.

Or, rien de tout cela ne s'est amélioré. Riyad a même mobilisé ses médias pour créer des troubles à l'intérieur de la République islamique d'Iran. De nombreux débats sur « l’arabisme », « l'étreinte arabe » et sur l'importance de ramener l'Irak dans l'environnement arabe ont eu aussi lieu.

La célèbre « Citadelle arabe », à savoir la Syrie, n'a cependant pas été invitée à l'événement.

De quel arabisme parlons-nous ? Comment se fait-il que la conférence de Bagdad se tienne en Jordanie, alors qu'il s'y passe des manifestations de protestation et que des unités militaires blindées ont été déployées près de la mer Morte, l'endroit même qui accueillit la conférence ?

Comment se fait-il que la Syrie soit absente des réunions de Bagdad ?

La Syrie était aussi absente de la conférence Bagdad I en 2021. Certaines personnalités arabes en ont clairement indiqué la raison, à savoir les sanctions des États-Unis et de leurs alliés qui ont visé Damas.

Or la Syrie doit être à raison considérée comme la plus grande arène de conflits politiques et militaires au Moyen-Orient. 

[Cet article sera mis à jour]

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV