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Zoom Afrique du 20 décembre 2022

Zoom Afrique du 20 décembre 2022

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Les titres de la rédaction 

  • Nouvel ambassadeur malien à Téhéran présente ses lettres de créance
  • Facebook est accusé au Kenya et en Éthiopie de propagation de la haine

  • Signature d’un protocole d’accord pour ouvrir une route maritime commune entre la Tunisie et la Libye

  • Le Cameroun accueillera la 14e grande conférence de l’OMC

Les analyses de la rédaction

1. BRICS : l’Afrique se moque des Yankees ! 

Des milliards de dollars d’aide promis, des engagements en faveur de la paix miroitée par-ci, par-là le sommet Afrique-États-Unis où l’Amérique a tenté de faire une percée sur le continent, et ce en mettant à profit l’influence européenne est tout sauf un succès. Car alors même que le duo Biden/Blinken tentait d’arracher un maximum de contrats miniers lors des rencontres avec les dirigeants africains, la nouvelle dynamique qui s’est engagée entre Afrique et BRICS marquait des points ! Rappelons que la présidente russe des BRICS, Larissa Zelentsova, est allée à la rencontre de divers acteurs continentaux ces dernières semaines alors même qu’est officialisé la création d’un poste de représentant des BRICS pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale avec à sa tête, un diplomate ivoirien chargé de mettre en avant des priorités établies qui relèvent tous des projets d’infrastructures et d’interconnexion entre les États africains et qui portent sur la construction des routes, des autoroutes des chemins de fer de la télécommunication de l’énergie et des services connexes. Ce genre de projet n’attire pas que la Côte d’Ivoire.

Il y a aussi le Sénégal et la RCA qui dans le sillage de l’Algérie, grand candidat aux BRICS se montrent de plus en plus déterminés à franchir le pas et à adhérer cette dynamique qui se pose en une alternative viable et prometteuse surtout que les BRICS sont un moyen de contourner les obstacles que pourraient leur dresser les pays occidentaux, eux pour qui le partenariat gagnant-gagnant n’a pas de sens, eux, qui voit l’Afrique à travers le prisme de leurs propres intérêts. Ce déplacement du centre d’intérêt est d’autant plus attrayant pour l’Afrique que les BRICS comptent déjà un influent membre africain et qu’ils disposent de son propre système de financement, et de développement qui peut être un guichet alternatif. Les pays des BRICS ne cessent de renforcer davantage la coopération avec d’autres marchés émergents et pays en développement afin d’accroître la représentativité du mécanisme des BRICS et de faire entendre la voix des BRICS sur les questions internationales et régionales majeures en relevant les défis ensemble et en défendant les intérêts communs et l’espace de développement des marchés émergents et des pays en développement.

Car que soit en passant, ces États-Unis qui font semblant de desserrer les cordons de la bourse sanctionnent au moins 317 personnes réparties sur 26 pays africains et encore cette liste est à rallonger si on tient compte des États africains et de leurs institutions que l’Amérique menace via l’accord de l’AGOA : la Libye, le Zimbabwe, le Nigeria, l’Afrique du Sud, le Mali, l’Éthiopie, le Burkina, la Guinée et beaucoup d’autres figurent sur le blackliste et les restrictions US sont encore pires quand les États africains se trouvent dans des situations économiquement et sécuritairement critiques. Alors peut-on réellement croire les promesses d’aide US faites au Continent ? Il n’y a que le président Tchisekedi à croire encore à la pertinence de ces quelques mots de Blinken qui appelait le Rwanda, au jour du sommet Afrique-USA à « user de son influence sur le M23 pour mettre fin au conflit dans l’est du pays ! Et dire que ces quelques mots complètement vides de sens ont coûté aux Congolais les mines de cuivre de cobalt et de lithium qui viennent de tomber entre les griffes des Américains quelque part sur les frontières avec la richissime Zambie !  

2. La CEDEAO projette une guerre contre les Ouest-Africains ? 

Dans la continuité du 62e sommet des chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, qui a décidé, le 4 décembre dernier, à Abuja au Nigeria, entre autres, de la création d’“une force d’intervention contre le terrorisme et les changements anticonstitutionnels dans la sous-région”, les chefs d’état-major de l’institution sous-régionale étaient en conclave les 18 et 19 décembre derniers, à Bissau, pour discuter de l’opérationnalisation de la force en attente. Une rencontre qui s’est tenue dans la capitale bissau-guinéenne, bien évidemment sans la présence du Mali, du Burkina Faso et de la République de Guinée qui restent sous le coup de sanctions suite aux différents coups d’État qui ont ouvert des transitions que la CEDEAO surveille comme du lait sur le feu, à l’effet d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel. En tout état de cause, c’est une rencontre qui vient à point nommé ; tant la situation sécuritaire qui impacte négativement la situation économique est fort préoccupante avec la menace terroriste qui s’étend aujourd’hui jusqu’aux pays du littoral surtout après les années de présence militaire française qui a favorisé la prolifération du terrorisme en Afrique de l’Ouest.  

Il était grand temps qu’une instance comme la CEDEAO crée une force antiterroriste, surtout que ces dernières années, la situation sécuritaire s’est nettement dégradée. 

Si les autorités politiques, au plus haut sommet, ont pris conscience de la nécessité de fédérer les énergies pour donner une meilleure réponse à un mal pernicieux qui ne cesse de se métastaser au point de menacer certains États jusque dans leur existence. Cela dit, on peut comprendre que l’institution d’Abuja reste fidèle à ses principes en n’acceptant pas de putschistes à ses rencontres régulières sans être à l’écoute des populations concernées. Mais concernant la question cruciale de la lutte contre le terrorisme qui est au menu de cette rencontre de Bissau, on peut trouver à redire sur la mise à l’écart de pays comme le Mali et le Burkina Faso qui constituent l’épicentre du péril terroriste depuis près d’une décennie et dont les changements anticonstitutionnels intervenus au sommet de l’État, se justifient entre autres par la question sécuritaire. Mais beaucoup se demandent si c’est vraiment la lutte contre le terrorisme qui est visée dans ce projet ou bien ce sont les nouveaux dirigeants de ces pays qui ont décidé de suivre la voie du souverainisme qui se propage dans toute l’Afrique. 

C’est pourquoi il ne faudrait pas que la lutte contre les coups d’État prenne le pas sur la lutte contre le terrorisme. Attention donc à ne pas laisser la proie pour l’ombre ! Car, si les coups d’État sont nocifs pour la démocratie, le terrorisme l’est encore plus parce que c’est la survie même des États qui est parfois en jeu. 

 Autant dire que si la solution à la lutte contre le terrorisme dans la sous-région ouest-africaine doit passer par Bissau, il faut impérativement clarifier le rôle de la force en attente de la CEDEAO pour qu’elle ne paraisse pas plus une force destinée à protéger le trône des princes régnants qu’à repousser l’hydre terroriste pour assurer la sécurité des populations. C’est dire si sous le parapluie de la lutte contre le terrorisme, cette force en attente ne doit pas être destinée à servir les intérêts des chefs d’État qui ne se sentent plus rassurés dans une sous-région dont le sentiment pro-Afrique prend le dessus, où aucun chef d’État qui suit les diktats des chefs occidentaux ne se sent véritablement à l’abri d’un coup d’État. Comment peut-il en être autrement quand des dirigeants africains veulent ignorer la poutre des remaniements constitutionnels devenus leur sport favori pour s’éterniser au pouvoir et offrir par-dessus tout leur pays à des puissances occidentales sans scrupules qui n’ont qu’un seul but, à savoir leur propre profit ? C’est dire si la CEDEAO doit être conséquente avec elle-même, en montrant autant d’engagements contre les remaniements constitutionnels que d’énergie contre des nouveaux dirigeants souverainistes et panafricanistes derrière qui le peuple se range. Autrement, il y a à craindre qu’elle ne se trompe de combat et continue de cristalliser l’incompréhension et la rancœur de populations bien décidées à tourner la page des dictateurs et de la démocratie en trompe-l’œil à l’occidentale. La lutte contre le terrorisme et pour la restauration de l’ordre constitutionnel passe aussi par là. L’instance régionale compte entrer en guerre avec des pays comme le Mali, la Guinée ou encore le Burkina Faso ou compte-t-elle enfin prendre son vrai rôle en main qui est de défendre les intérêts de l’Afrique ?

3. Les États-Unis d’Afrique ; la seule solution d’une Afrique libre ! 

Jamais les ressources africaines n’ont fait l’objet d’une telle convoitise, d’un tel intérêt, par les puissances du monde que maintenant. Les sommets se succèdent à un rythme ininterrompu et des promesses d’investissements sont prises, mais très peu de résultats sont visibles. Bien au contraire, les Africains s’appauvrissent davantage quand leur continent regorge des immenses réserves en or, en pétrole, en gaz, en uranium, en diamant, en manganèse, en cuivre, en bauxite, en fer, en cobalt, en eau douce, bref un continent immensément riche. Après les sommets, France/Afrique, Chine/Afrique, Russie/Afrique et Japon/Afrique, Inde/Afrique, Turquie/Afrique pour ne citer que ceux-ci, c’est autour des États-Unis d’entrer dans la danse pour la deuxième fois en déroulant le tapis rouge aux dirigeants africains au pays de l’Oncle Sam. 

En effet, du 13 au 15 décembre 2022 une cinquantaine de dirigeants africains ont pris part au sommet organisé par le Président américain Joe Biden. Pour rappel tous les sommets se succèdent et se ressemblent, en termes de promesses d’investissements pour développer l’Afrique, mais la finalité semble être l’exploitation des ressources africaines. À quand le réveil de l’Afrique pour être une force de proposition ou une puissance mondiale parce que disposant de tous les atouts ? 

Comme un roi et ses sujets, le Président américain s’est entretenu avec ses hôtes africains sur des questions d’envergure continentale, comme entre autres la crise alimentaire, l’insécurité, la fracture numérique et l’énergie. Joe Biden a pris beaucoup d’engagements, mais quelle garantie a les dirigeants africains pour la réalisation de ces vœux étant entendus qu’il y a eu des sommets similaires y compris aux États-Unis sans résultats tangibles ? Les afro-sceptiques pensent même que Biden et ses hôtes ont passé trois jours comme de nouveaux mariés en nuits de noces, avec de beaux discours empreints de courtoisie, d’amour et de belles promesses, mais qui ne seront pas suivis d’effets escomptés. En le prenant au mot, le Président américain a promis 55 milliards de dollars d’investissements pour les 3 années à venir. Il a même déjà ciblé de domaines dans lesquels il compte investir, comme entre autres l’énergie solaire, la sécurité alimentaire, les nouvelles technologies, la lutte contre l’insécurité et surtout beaucoup d’accords commerciaux avec l’Afrique. Mais en bon observateur, il faut surtout mettre tout cela dans le même sac, celui de promesses et de déclarations de bonnes intentions, jusqu’à ce qu’on voie un début de concrétisation. 

Avec tous ces sommets sans résultats tangibles, il y a lieu de se poser la question de savoir si celui des États-Unis n’est pas un vaste programme américain d’occuper le terrain africain qui a été jusque-là une zone de prédilection de la France, de la Chine, de la Turquie, de l’Inde et tout récemment de la Russie. Les Américains n’entendent plus jouer le second rôle dans un continent tout aussi riche sinon plus riche que les autres continents. 

Que doit faire l’Afrique spectateur dont le sort se joue ailleurs ? 

Tous les analystes géopolitiques s’accordent à dire que l’avenir du monde se jouera en Afrique, tant le continent est immensément riche et sa population est très jeune. Mais cette qualité, loin d’être un atout devient plutôt un handicap son sort se dispute ailleurs, sans son avis et à son détriment. Ce qui est aberrant ce que même les ressources dont elle dispose sont exploitées par d’autres et elle ne se contente que d’une portion incongrue. À quand son réveil afin qu’elle prenne toute la place qui est la sienne dans le concert des puissances économiques ? En attendant la réponse à cette question, une véritable prise de conscience s’impose aux Africains afin de sortir de la fatalité. Les Africains doivent prendre leur destin en mains pour renverser la tendance et sortir du statut d’éternel assisté. Il ne faut pas se faire d’illusion, ni la France ni les États-Unis, ni la Russie et encore moins la Chine ne permettront jamais à l’Afrique de se développer, ils veulent juste se créer de nouveaux marchés et exploiter les immenses richesses africaines. 

Et si l’Afrique réalisait l’Union des États-Unis d’Afrique ce vœu de Kwamé Krumah, de Sékou Touré, de Jomo Kenyatta, de Modibo Keita et de Nelson Mandela ou Mouammar Kadhafi. 

Ni les ensembles régionaux comme la CEDEAO, la CEMAC, la SADC, encore moins un émiettement des pays ne pourrait permettre à l’Afrique en général et aux ensembles régionaux en particulier d’amorcer un développement harmonieux. Il faut alors une large union regroupant tous les pays du continent afin de peser non seulement sur le marché mondial, mais aussi de former un front contre les autres puissances comme la chine, les États-Unis, la Russie, l’Inde. Il n’y a vraiment pas une autre alternative aux États-Unis d’Afrique si l’Afrique veut avoir son mot à dire dans le concert des Nations. En réalisant le vœu des États-Unis d’Afrique des pères des indépendances, les dirigeants africains actuels auront non seulement posé les jalons de l’émancipation totale de l’Afrique, mais surtout, ils auront écrit l’une des pages les plus glorieuses de l’histoire récente de l’Afrique. 

En somme, l’Afrique a tout ce qu’il faut pour être un continent prospère. Elle est riche et sa population est très jeune. Il reste maintenant la volonté et le leadership politique pour s’émanciper totalement et devenir maître et possesseur de ses richesses. Donc que les dirigeants ne se trompent pas aucun sommet n’a pour but de développer l’Afrique. Ils sont plutôt initiés et organisés pour élaborer des stratégies d’exploitation, de partage et de pillages des immenses ressources naturelles. Donc, viva Africa pour un continent libéré du joug des prédateurs. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV